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Satire de la société bourgeoise anglaise avec, en toile de fond, un magnifique portrait de cheval.
Louise, jeune femme indépendante et oisive, offre à son mari un étalon nommé ST Mawr.
La puissance et la sauvagerie de ce dernier amènent Louise à s'interroger sur sa propre existence et à tout remettre en question.
Des personnages superficiels, plus ou moins névrosée peuplent ce roman où l'on trouve l'esquisse des relations que noueront ceux de « L'amant de Lady Chatterley ».
On trouve des discussions intéressantes sur la vie en société entre Louise et sa mère, Louise et son mari, Louise et les palefreniers, posant la question du pathétique de la condition humaine.
le style est fluide et agréable, mais le ton est résolument pessimiste.
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Avec L'Étalon, David H. Lawrence affute sa mine de crayon pour ce qui deviendra, dès son roman suivant, son chef-d'oeuvre absolu, L'Amant de Lady Chatterley.

On sent que l'auteur tourne autour, cherche encore, essaie de trouver l'angle juste ; qu'il possède déjà plus ou moins tous les ingrédients constitutifs de son futur grand roman mais que tout n'est pas encore en place, pas parfaitement calibré : l'héroïne principale est déjà une jeune femme mariée de milieu aisé, blasée de la fadeur, de la mollesse des hommes du monde dits « convenables » ou « à la mode ».

C'est une Américaine fortunée, Lou Witt, qui a épousé un Australien, Henry Carrington, alias Rico, un peu artiste, un peu bohème, un peu poseur, un peu dragueur et surtout bon à rien, si ce n'est à faire le mondain. Lady Carrington s'ennuie donc ferme aux États-Unis, en Europe continentale, un peu partout, et finit par échouer un certain temps en Angleterre.

Là, accompagnée par sa mère, Mrs Witt, une veuve cinquantenaire audacieuse et encore relativement attirante, mais dont la langue corrosive fait des ravages quoi qu'elle touche, Lou n'a d'intérêt dans la vie que pour les promenades à cheval. Pas regardante à la dépense, on lui présente un étalon fougueux, St. Mawr, qui aussitôt la séduit par sa « sauvagerie » intérieure, telle qu'elle devait être aux origines, couplée à une allure impeccable, d'une incroyable distinction.

St. Mawr n'est réellement maîtrisé que par son palefrenier, Lewis, un Galois taciturne, dont la description physique rappelle à s'y méprendre le propre portrait de l'auteur. On y sent déjà poindre à travers lui tous les ferments du futur personnage d'Oliver Mellors, celui qui deviendra l'amant de la Lady... Mais ici, point de tout cela, l'auteur peine à caractériser ce personnage, il lui adjoint une sorte de double, en la personne du palefrenier amérindien Phoenix, qui est au service de Mrs Witt.

Les choses se gâtent un petit peu lorsque Lou fait clairement entendre que la virilité de son mari Rico se mesurerait à son aptitude à monter le bouillant St. Mawr. Lui, Rico, déteste l'équitation mais possède une assez haute estime de sa propre virilité. Sachant qu'au demeurant, il n'est pas totalement insensible aux roucoulades d'une jeune femme de bonne famille, Flora Manby...

Alors, oui ou non, Rico acceptera-t-il de relever le défi de St. Mawr ? À qui Lou est-elle le plus attachée, à son mari ou à son cheval ? Quel rôle joueront les convenances, Mrs Witt, Lewis, Flora ou Phoenix dans les décisions finales impliquant Lou, Rico et St. Mawr ? Ça, je veux bien vous le laisser découvrir par vous-même.

Mon impression générale est assez bonne, concernant ce court roman, mais pas optimale. Pas optimale, notamment, parce que, vu le volume de l'ouvrage, la longue dernière partie, détaillant un lieu, un paysage, un domaine et l'historique de ses anciens propriétaires m'a parue diluée, inutile et inappropriée. Inappropriée, en ce sens qu'elle fait totalement retomber la tension, là où l'on aurait espérer la voir encore monter. Ou encore, inappropriée parce qu'elle introduit des personnages déjà morts et qui ne joueront aucun rôle dans le développement final…

Le thème central est pourtant intéressant, la séduction pour la rudesse originelle plus que pour le maniérisme moderne, mais le traitement n'en est, d'après moi, bien maîtrisé que sur la première moitié de l'ouvrage. J'imagine que cette thématique est toujours d'actualité et peut-être, même, plus que jamais, à présent que beaucoup souhaitent une forme de retour à la nature, aspirent à une vie peut-être moins confortable mais plus authentique, plus en phase avec les origines, loin des centres métropolitains hyperconnectés...
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Heureusement que je connais un peu David Herbert Lawrence...
Si j'avais dû me fier au titre de la traduction française de son roman "St Mawr" -que je trouve d'un goût un peu douteux- et à l'illustration de couverture de l'édition Phébus, sans doute m'en serais-je détournée, imaginant avoir affaire à un quelconque récit pornographique !

Je vous rassure -ou vous déçois, c'est selon...- tout de suite, "L'étalon" n'est pas ce genre de roman. Quoique... en matière d'érotisme et de sensualité, l'auteur du célèbre "Amant de Lady Chatterley" aurait sans conteste pu en remontrer à beaucoup !
Entendons-nous bien : il s'agit d'un érotisme sous-jacent, allusif, mais pourtant tangible.
Il n'y a en effet pas de scènes véritablement "osées", ni d'évocation de fantasmes torrides... juste la lassitude d'une épouse qui n'entretient plus avec son conjoint qu'une relation platonique... L'irruption dans son existence d'un cheval rétif va éveiller des aspirations jusqu'alors refoulées, des désirs vagues mais prégnants.

Cette femme, c'est Lou, fille d'une veuve américaine au caractère fort et indépendant, Mrs Witts. Malgré la désapprobation de cette dernière, elle a épousé Rico, un jeune artiste qui a hérité de son père australien et désargenté le titre de baronnet.
Après avoir mené, dans les premiers mois de leur passion, une vie de bohème, entre la France et l'Italie, les deux tourtereaux se sont installés à Londres. La fougue des débuts a fini par retomber, et Lou éprouve un morne désenchantement vis-à-vis non seulement de son artiste de mari, mais aussi envers l'ensemble d'une société à laquelle elle reproche d'être gouvernée par les apparences et la futilité.
Elle ne supporte plus le monde qui l'entoure, monde de mensonges, de plaisirs toujours plus nombreux, de désirs toujours plus grands... Elle regrette la perte, par les individus, de leur authenticité et de leur profondeur, leurs failles et leurs émotions véritables étant étouffées, camouflées par la contenance qu'ils affichent en toutes occasions.

L'apparition, dans ce contexte, de St Mawr, étalon sauvage, rebelle, est comme une révélation, l'événement qui lui fait prendre conscience de cette lassitude, qui se mue bientôt en véritable dégoût.
Le cheval devient le symbole d'un possible retour à une sensualité primitive, puissante et virile. Il est un être intrinsèquement vivant et fier, aux réactions brutes, qui ignore l'hypocrisie et le mensonge.

Je suis loin d'être une spécialiste de David Herbert Lawrence, n'ayant lu que quatre de ses textes, y compris celui-là, mais j'ai retrouvé dans la plupart certains points communs flagrants.
Je pense notamment à cette quête, par ses personnages, d'une sorte de pureté, d'authenticité que les individus, entraînés par la dynamique du progrès technique et social, pervertis de sophistication, auraient perdues.
Cette quête est aussi celle d'une richesse, d'une profondeur que l'homme moderne, en muselant ses sentiments et sa spontanéité, a annihilées.
C'est, enfin, la quête d'une harmonie entre le corps et l'esprit, de la sérénité que procure l'acceptation de ses désirs sincères et de ses pulsions.

Une autre des particularités des romans que j'ai lus de David Herbert Lawrence, c'est qu'ils mettent en scène, bien souvent, une héroïne... comme si l'auteur trouvait que les femmes -ou du moins certaines d'entre elles- possédaient une sensibilité moins pervertie par les artifices et les diktats des conventions sociales que les hommes. de plus, leur indépendance d'esprit et leur intelligence en font des héroïnes résolument modernes.

Toujours est-il qu'une fois de plus, j'ai été séduite par la richesse de son texte, par la précision et la justesse avec lesquelles il analyse les rapports entre ses personnages, ainsi que les états d'âme et les questionnements de sa principale protagoniste.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Une fois n'est pas coutume, voici une lecture commune et j'en suis ravie. En effet, c'est une mécanique que j'aime bien quand elle permet de parler à plusieurs d'un roman peu connu et de le mettre en avant. Je l'apprécie moins quand il s'agit de parler en même temps que tout le monde d'un roman dont le monde entier parle, mais après tout chacun trouve les motivations qu'il peut pour vider sa PàL et, devant l'énormité de la mienne, je peux comprendre qu'il faille de nombreuses béquilles. [...]
Lien : http://www.readingintherain...
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