Nous sommes tous différents et inégaux en esprit. Ce ne sont que les différences sociales qui sont basées sur les conditions accidentelles et matérielles. Nous sommes tous théoriquement ou mathématiquement égaux, si vous voulez. Chaque homme connaît la faim et la soif, il a deux yeux, un nez et deux jambes. Numériquement nous sommes tous les mêmes. Mais spirituellement règne la pure différence et on ne peut parler ni d'égalité, ni d'inégalité. C'est sur ces deux bribes de connaissance que vous devez fonder un Etat. Votre démocratie est un parfait mensonge, votre fraternité humaine une pure et simple fausseté, si vous l'appliquez plus loin que l'abstraction mathématique. Nous avons tous de la viande et du pain, nous voulons tous rouler en automobile, voilà le commencement et la fin de la fraternité humaine. Mais pas d'égalité.
" Moi même, qui suis bien moi-même, qu'est-ce que j'ai à faire avec l'égalité, avec un autre homme ou une autre femme ? En esprit, je suis aussi isolé qu'une étoile l'est d'une autre étoile, aussi distinct en qualité et en quantité. Allez donc fonder un Etat là-dessus ! Un homme n'est en rien meilleur qu'un autre, non parce qu'ils sont égaux, mais parce qu'ils sont essentiellement différents et qu'il n'y a entre eux aucun terme de comparaison. Dès l'instant que vous commencez à faire des comparaisons, qu'un individu semble de beaucoup meilleur qu'un autre, toute l'inégalité apparaît. Je désire que chacun ait sa part des biens à ce monde, de façon que je sois débarrassé de cet importun et que je puisse lui dire : 'Maintenant, tu as ce que tu désires, tu as pris ta bonne part des biens de ce monde, maintenant, ô fou qui n'as qu'une bouche, occupe-toi de toi-même et ne m'embarrasse pas.' "
Je vous le dis, je ne crois pas à l'amour pour qu'il serve votre égoïsme, pour qu'il vous soit utile. L'amour est un moyen de domestication pour vous, comme pour tout le monde. Je le hais, votre amour !
Je crois que les gens qui disent avoir besoin d’une nouvelle religion sont les derniers à accepter quoi que ce soit de nouveau. Ils veulent bien de la nouveauté. Mais examiner directement cette vie que nous avons suscitée en nous-mêmes et la rejeter, détruire les vieilles idoles que nous avons faites à notre image, cela nous ne le ferons jamais. Il faut chercher de toute sa force à se débarrasser de l’ancien avant que le nouveau consente à apparaître même en nous-mêmes.
Dans ce nouveau bonheur, cette paix qui dépassait toute connaissance, il n'y avait plus ni de "Je", ni de "tu", il n'y avait que la troisième merveille, merveille insubstantielle, merveille d'exister non comme individu, mais dans la fusion de deux êtres – le sien et le mien – en un être nouveau, une unité nouvelle et paradisiaque issue de cette dualité.
Agir spontanément, c'est bien ce qu'il y a de plus difficile au monde et c'est la seule chose que l'on puisse faire avec une réelle élégance, à condition d'en être capable.
L'amour n'est pas un désideratum, c'est une émotion qu'on ressent ou qu'on ne ressent pas, selon les circonstances.
Nous sommes terriblement menteurs. Notre seul idée est de nous mentir à nous-mêmes.
La passion surgit et retentit en lui, coup sur coup, comme le son d'une cloche de bronze, puissante, sans fêlure, indomptable. Ses genoux se durcirent comme le bronze, comme il se tenait penché sur le visage de Gudrun, dont les lèvres étaient entrouvertes et dont les yeux étaient dilatés par l'effroi d'une violence subie. Le menton de Gudrun paraissait dans sa main doux et soyeux. Il se sentit puissant comme l'hiver, ses mains étaient d'un métal vivant, invincible et qu'on ne pouvait ployer. Son cœur battait en lui comme une cloche.
Ceux qui meurent, et en mourant sont capables d'aimer et de croire encore, ne meurent pas. Ils revivent dans l'être aimé.
Je suis sûr que la vie est mauvaise parce qu'elle est devenue beaucoup trop visuelle; nous n'entendons plus, nous ne sentons rien, nous ne comprenons rien, nous ne faisons que voir. Je suis sûr que nous sommes complètement dans l'erreur.