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Citations sur Gens indépendants (22)

Mon avis a toujours été, dit-il, qu'on ne doit jamais abandonner tant qu'on est en vie, même si on vous a tout pris. On possède quand même toujours le souffle que l'on respire, ou du moins que l'on vous prête.
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Doucement, doucement, le jour d'hiver ouvre son oeil nordique.
A partir du moment où il soulève ses lourdes paupières pour la première fois jusqu'à ce qu'il les ait ouvertes complètement, ce ne sont pas seulement des heures qui s'écoulent, non, les âges se succèdent à travers les insondables étendues du matin, monde après monde, comme dans les visions d'un aveugle, réalité après réalité, puis elles n'existent plus – le jour se lève.

[Halldor LAXNESS, "Gens indépendants" ("Sjalfstaett folk"), 1934-1935, traduit par Régis Boyer pour la Librairie Arthème Fayard, 497 pages, 2004 – Deuxième partie : "Libre de dettes", chapitre XXIV : "MATIN D'HIVER", page 151]
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Le socialisme consiste à faire aux démunis des promesses illimitées dont il n'y a aucune probabilité qu'elles s'accomplissent jamais tant que l'humanité n'aura pas atteint la maturité des dieux.
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C'était une énorme tempête. Une de ces bourrasques où la montagne chante au-dessus de la ferme comme si les trolls qui l'habitent étaient devenus fous et avaient sorti leur tambour.
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Peu après, il se mit à pleuvoir, d'abord très innocemment, mais le ciel était chargé de nuages et peu à peu les gouttes se firent plus lourdes, jusqu'à ce que la pluie d'automne emplisse le ciel de son pesant murmure, qui dans sa tristesse évoque une cascade sans fin au-delà du monde. Elle couvre de sa grisaille le ciel tout entier, s'étend comme une maladie sur toute la région avec sa cruauté glacée, indifférente, immuable et monotone, égale. Elle tombe uniformément sur tout le district, sur l'herbe couchée des marécages, sur le lac piqueté de gouttes, sur les étendues de gravier d'un gris de fer, sur la montagne d'un noir de poix au-dessus de la ferme, obstruant toute perspective. Et ce lourd murmure désespéré se coule dans chaque recoin de la maison, se pose comme du coton dans les oreilles, encercle le proche et le lointain comme une saga sans romantisme tirée de la vie même, sans rythme, sans crescendo, irrésistible dans son ampleur et son étendue, accablante. Et voilà cette petite maison qui végète, avec cette femme malade des nerfs, au fond de l'océan de pluie bruissante.

[Halldor LAXNESS, "Gens indépendants" ("Sjalfstaett folk"), 1934-1935, traduit par Régis Boyer pour la Librairie Arthème Fayard, 497 pages, 2004 – Première partie : "Colonisateur de l'Islande", chapitre XI : "NUIT DE SEPTEMBRE", pages 76]
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Le coeur, c'est exactement comme une girouette. Et c'est comme on dit : en un rien de temps, ça change d'orientation.
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En tout cas, cela valait mieux que d’être pris au piège par les banques comme à présent, on vivait, du moins, en hommes indépendants, on mourrait de faim en hommes libres.
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Révolus, les jours où on lui disait qu'il n'y avait pas de pays derrière la montagne, révolues, les nuits où les ustensiles de cuisine tenaient des discours dans l'armoire et sur l'étagère pour chasser l'ennui de la vie et l'horreur du vide, et les ronflements, ces voyages étrangers par d'autres espaces - quels voyages ? C'était lui, lui-même qui allait voyager.
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Le même jour, plus tard, il avait de nouveau abordé ce sujet, cette fois avec sa grand-mère.
"Je connais quelqu'un qui ne meurt jamais, avait-il dit.
- Ah bon ! mon petit" avait-elle dit en inclinant la tête, le menton relevé, comme elle avait coutume de faire lorsqu'elle regardait les gens "et qui est-ce ?
- C'est papa !" avait dit le garçon. Pourtant il n'était pas absolument sûr de ne pas se tromper car il continua de regarder sa grand-mère d'un air interrogateur.
"Oh ! il mourra", dit la vieille femme sans pitié, presque avec joie, et elle se moucha un peu.
Le garçon s'obstina et il demanda :
"Grand-mère, est-ce que la cuiller à pot mourra ?
- ça suffit ! " dit la vieille femme comme si elle pensait qu'il était en train de se moquer d'elle.
"Grand-mère... la marmite noire ?
- Ce qui est mort est mort, gamin, dit-elle.
- Non, dit le garçon, la marmite et la louche ne sont pas mortes. Le matin, quand je me réveille, elles sont souvent en train de parler ensemble."
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Le lendemain matin, les pleurs d'un enfant le réveillèrent.
Quand il fut arrivé en haut, la gouvernante était assise sur le lit conjugal, un petit ballot blanc dans les bras, et davantage encore, elle s'était découvert la poitrine pour communiquer à l'enfant un peu de sa chaleur, tandis que la femme de Bjartur, la mère de l'enfant, gisait sans vie sur le lit d'en face.

[Halldor LAXNESS, "Gens indépendants" ("Sjalfstaett folk"), 1934-1935, traduit par Régis Boyer pour la Librairie Arthème Fayard, 497 pages, 2004 – Première partie : "Colonisateur de l'Islande", chapitre XIX : "LA VIE", pages 120-121]
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