Cet homme décide alors de se confier non pas par écrit, mais sur la fonction dictaphone de son téléphone portable. On découvre un homme fier de lui, responsable depuis dix ans du secteur Littérature et philosophie de la grande bibliothèque, un homme hautain, méprisant n'ayant que peu d'intérêt pour ceux qu'il ne juge pas dignes d'être à sa hauteur. C'est un homme méchant. Totalement narcissique, même s'il est conscient de ses faiblesses, ses couardises qu'il ne veut pas nommer. Un homme à la routine bien ancrée tant dans sa vie professionnelle que dans sa vie personnelle.
C'est un livre bien écrit, mais qui ne me convainc pas totalement. le problème n'est pas que le personnage principal soit détestable, non, après tout, rien n'oblige un écrivain à décrire un homme bon. Un homme ou une femme méprisables peuvent bien être au centre d'histoires ; souvent plus complexes que les héros blancs, ils en sont même plus intéressants. Non, le problème pour moi vient du fait que tout le livre est vu par ses yeux, normal puisqu'il s'agit d'une sorte de confession sur son portable, et que tout tourne autour de lui. Jamais le lecteur ne peut se reposer le temps de faire connaissance avec un autre intervenant. le "je" est omniprésent, à quasiment toutes les phrases et cet homme suffisant fait bien montre de son mépris de l'autre, de son amour de lui-même. Sur 158 pages, le procédé est un tantinet longuet ! le roman aurait gagné en intérêt et en force à intégrer d'autres points de vue, ceux des collègues de cet homme ou bien ceux de ses proches qui nous auraient reposés un peu de cette logorrhée. Heureusement, un espoir surgit -un peu tard- sur les dernières pages ; le livre commence à décoller enfin, en s'intéressant à un autre personnage, et enfin, on peut sentir un peu de sympathie pour le narrateur.
Malgré ces réserves sur le fond, car la forme, elle, est irréprochable, une belle écriture qui joue sur plusieurs registres, des phrases longues, des courtes, des mots savants qui collent parfaitement au personnage, à sa pédanterie, le livre recèle de vraies belles pages, sarcastiques, ironiques, qui, sincèrement rien que pour elles, justifient la lecture de ce livre.
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