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EAN : 9782881828997
160 pages
Editions Zoé (22/08/2013)
3.53/5   15 notes
Résumé :
« Pauvre type ! » Prononcée avec calme par un adolescent dans une file de supermarché, cette interjection bouleverse son destinataire, le héros de ce livre. Sans le savoir, l'adolescent vient de fissurer la vie intérieure d'un homme qui se protège par une routine sans faille, un homme certain qu'aucun événement extraordinaire ne doit venir briser la logique implacable de l'existence qu'il s'est construite.
Pour éviter que son monde ne vacille, l'homme se réso... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Il est arrivé à tout le monde au moins une fois dans sa vie de se retrouver à la caisse d'un supermarché et de proposer à la personne derrière nous qui n'a pas beaucoup de courses, de la laisser passer. Un geste simple, courtois et naturel. Seulement voilà, le héros de ce roman, pour une raison qui échappe presque à son propre entendement, ne laisse pas passer le jeune homme qui se trouve derrière lui. Et la sentence est irrévocable (oui, j'avoue, j'ai piqué cette petite phrase à un programme télévisuel ) : il se fait taxer de « pauvre type ». C'est le point de départ du roman, qui sert de base à toute une réflexion introspective. On apprend à connaître ce quadragénaire marié, deux garçons, qui travaille à la grande Bibliothèque et qui se fait bousculer par deux simples mots dits d'un ton très posé.
J'ai bien aimé ce roman d'une maison d'édition dont je n'avais encore lu aucun titre. L'idée m'a beaucoup plu, le fait de partir d'une réflexion somme toute anodine pour amorcer un recentrage sur soi, une certaine forme de remise en question. Il y a beaucoup à dire sur le personnage principal, qui est très riche au deuxième sens du terme. C'est un être abject, imbu de lui-même, qui veut se donner un genre d'intellectuel hautain, qui puise sa fierté et qui se confère un certain pouvoir dans le fait d'être le Responsable du Secteur Littérature et Philosophie. Il se raccroche d'ailleurs à outrance à ce qu'il prend comme un titre de seigneur ; à l'entendre, il est l'élite de la bibliothèque. Il est certain de son intelligence supérieure, qu'il cultive en lisant énormément et en consignant dans son Petit Panthéon Privé les phrases d'auteurs qui l'ont marqué et dont il ne se prive jamais d'user, à défaut d'être lui-même un écrivain illustre. Il tire aussi sa jouissance d'une toute autre façon. Il effectue régulièrement une quinzaine de kilomètres sur son tapis de course, ressentant par là-même tout son être. Mais il fait aussi fréquemment des cauchemars bizarres qui mettent en scène des membres de sa famille et où souvent tout se termine mal pour lui. Faut-il y voir un signe ? Ouvrira-t-il les yeux sur son comportement grotesque et ses façons de faire détestables ?
J'ai lu ce livre dans le cadre de l'opération « La voie des indés » 2013. Merci beaucoup à Libfly ainsi qu'aux éditions Zoé pour l'envoi de ce roman !
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Le tapis de course ce n'est pas celui sur lequel on dépose ses courses au supermarché.
Mais c'est près de ce tapis de course que le héros de ce livre s'entendra traiter de « pauvre type ».
Le tapis de course c'est aussi celui sur lequel le héros court, pour se dépasser.
L'insulte qui hante cet homme l'oblige à se révéler peu à peu. Il s'enregistre pour se (nous) prouver que sa vie bien réglée, ses certitudes sont le ciment de son existence. Qu'il a raison d'être comme il est.
Sa femme, ses enfants, quelques rares amis et son travail – de responsable- à la bibliothèque tout est sujet à montrer qu'il a raison de gérer sa vie de cette façon. Sans sentiment, sans tendresse, sans surprise et à coup de petites phrases tirées de ses lectures. « Son panthéon privé »
Et en lisant ce livre on se dit que ce type est vraiment un pauvre type. Ou pire. Un con intégral !!

Un livre implacable, à l'écriture resserrée sans beaucoup de dialogue qui laisse une impression étrange à la lecture. Ils sont comme ça les gens ?

Merci à babélio et aux éditions Zoé pour l'envoi de ce livre que j'ai aimé découvrir.
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Tiré de la Confrérie des libraires extraordinaires.
Nous ne saurions mieux dire:

Après avoir fait l’éloge du Bel Otage et nous être attardés sur la belle surprise que représente la lecture de La Scierie (éditions Héros-Limite), nous retournons en Suisse et plus exactement chez Zoé, maison d’édition genevoise qu’une nouvelle génération de lecteurs découvre en ce moment mais qui fêtera bientôt ses 40 années d’existence. Le catalogue de cette maison contient quelques 750 titres, on y trouve des auteurs prestigieux tels que Nicolas Bouvier, Robert Walser et Agota Kristof pour ne citer qu’eux, ainsi que quelques voix contemporaines (Jérôme Meizoz, Roland Buti et Max Lobe) qui ont la particularité de raconter avec finesse et distance l’ordinaire de notre époque.

Michel Layaz est de ceux-là. Dans Le Tapis de course, son dernier roman, les petites perfidies de la vie ordinaire sont narrées dans un journal tenu par le directeur du « secteur littérature et philosophie de la grande bibliothèque ». Collègue hypocrite, mari détestable, père transparent, l’homme est un condensé de malhonnêteté, de cynisme et de fausse modestie. Sa carrière a été menée avec maîtrise, il contrôle sa vie jusqu’au moindre détail. Il ne connait ni émotions, ni empathie, rien ne l’effleure, sur lui tout coule. Sauf un détail qui vient tout bouleverser et remettre en cause les certitudes d’une vie réglée au millimètre. Vous l’aurez compris, le grain de sable qui vient enrayer la belle mécanique de cet homme sans faille n’est qu’un prétexte à raconter son quotidien. Malgré la faible teneur dramatique, malgré une intrigue presqu’inexistante, l’auteur arrive à nous emmener dans les moindres recoins d’un personnage finalement complexe et humain. D’abord drôle, le roman réussit très vite à nous agacer. Malgré la succession de clichés sur l’égoïsme de l’homme moderne, le personnage s’incarne. La plume de Michel Layaz excelle dans le registre de la satire sociale contemporaine. A la fois empreinte de beaucoup de retenue et volontiers suggestive, elle peut aussi faire mouche par sa brièveté et sa force. Écrire ce genre de roman me semble être l’exercice le plus complexe. Chez Michel Layaz, la simplicité n’est qu’apparente, son ordinaire regorge d’épaisseur.
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C'est l'histoire d'un pauvre type qui, dans ce roman drôle et cruel, ne porte pas de nom.
C'est LE pauvre type, universel. Il se raconte à nous, se livre à travers un journal où se dévoile toute son ignominie. Nous le connaissons, nous le reconnaissons, cela peut être un collègue de travail… ou bien nous même ?? Nous nous questionnons, Mon Dieu, ai-je pu, ne serait-ce qu'une fois, penser comme lui ? Quelle horreur !
Parfois, il se sent coupable, mais c'est une culpabilité qui l'effleure ou finit par l'importuner.
Il expie ses fautes sur un tapis roulant, se flagellant, poussant ses limites physiques à l'extrême ; violence qui le conduit à une extase quasi mystique. Mais c'est une mysticité qui l'honore puisqu'il se rapproche, non pas de Dieu, mais de lui-même.
Il se posera finalement la bonne question : « de quoi ai-je peur ? Ou de qui ? » Saura-t-il y répondre ?
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Cet homme décide alors de se confier non pas par écrit, mais sur la fonction dictaphone de son téléphone portable. On découvre un homme fier de lui, responsable depuis dix ans du secteur Littérature et philosophie de la grande bibliothèque, un homme hautain, méprisant n'ayant que peu d'intérêt pour ceux qu'il ne juge pas dignes d'être à sa hauteur. C'est un homme méchant. Totalement narcissique, même s'il est conscient de ses faiblesses, ses couardises qu'il ne veut pas nommer. Un homme à la routine bien ancrée tant dans sa vie professionnelle que dans sa vie personnelle.
C'est un livre bien écrit, mais qui ne me convainc pas totalement. le problème n'est pas que le personnage principal soit détestable, non, après tout, rien n'oblige un écrivain à décrire un homme bon. Un homme ou une femme méprisables peuvent bien être au centre d'histoires ; souvent plus complexes que les héros blancs, ils en sont même plus intéressants. Non, le problème pour moi vient du fait que tout le livre est vu par ses yeux, normal puisqu'il s'agit d'une sorte de confession sur son portable, et que tout tourne autour de lui. Jamais le lecteur ne peut se reposer le temps de faire connaissance avec un autre intervenant. le "je" est omniprésent, à quasiment toutes les phrases et cet homme suffisant fait bien montre de son mépris de l'autre, de son amour de lui-même. Sur 158 pages, le procédé est un tantinet longuet ! le roman aurait gagné en intérêt et en force à intégrer d'autres points de vue, ceux des collègues de cet homme ou bien ceux de ses proches qui nous auraient reposés un peu de cette logorrhée. Heureusement, un espoir surgit -un peu tard- sur les dernières pages ; le livre commence à décoller enfin, en s'intéressant à un autre personnage, et enfin, on peut sentir un peu de sympathie pour le narrateur.
Malgré ces réserves sur le fond, car la forme, elle, est irréprochable, une belle écriture qui joue sur plusieurs registres, des phrases longues, des courtes, des mots savants qui collent parfaitement au personnage, à sa pédanterie, le livre recèle de vraies belles pages, sarcastiques, ironiques, qui, sincèrement rien que pour elles, justifient la lecture de ce livre.
Lien : http://lyvres.over-blog.com/
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Avec ma femme, on ne se touche pas beaucoup. Ni son corps ne m'attire ni le mien ne lui plaît. Chacun s'endort de son côté, et pas de contact entre nous, comme si un rideau de plomb partageait l'espace. Elle regarde vers l'ouest et moi vers l'est. Notre manque de désir est réciproque. Aucun phantasme ne court dans nos têtes. Nous ne nous reprochons rien : pas de pommes pourries entre nous, pas de pensées amères. Une fois par mois, c'est elle qui donne le signal. Avec son orteil elle gratte un de mes mollets, abolit la ligne de partage. Je cède à la demande, par sagesse et par respect, parce que la femme qui est à côté de moi est ma femme, parce que l'imagination stimule assez d'envie pour que tout reste possible, parce que j'ai en horreur les complications. (p.92)
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Entièrement nu, j’ai traversé l’univers, me fondant dans l’abîme, la fatigue oubliée, les obstacles vaincus. Une force nouvelle s’occupait de tout, me soulevait à chaque pas. C’est ainsi que sur mon tapis de course, bienheureux et invincible, j’ai couru jusqu’à ce que pointent, éblouissants, les premiers signes de l’aube et de sa clarté. J’ai aussitôt coupé le contact. J’ai embrassé mon tapis de course et je suis allé m’abattre, trempé jusqu’à l’os, les mains jointes, sur le canapé du salon.
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Avec mes fils, je ne parle guère. Il y a souvent un mur de métal entre nous. La fabrication du bonheur n'est pas notre priorité. Est-ce qu'on perd quelque chose à ne rien se dire?
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Des vraies responsabilités, j'ai toujours su me tenir à l'écart. Il importe de ne pas s'exposer à certaines critiques, de garder le privilège de détecter les failles, c'est-à-dire de fouailler de la langue en toute liberté entre les vertèbres de mes collègues et supérieurs.

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C'est une chance de ne pas avoir d'amis assez amis pour ricaner devant la volte-face sans orgueil d'un magicien qui transforme sa faiblesse en bonté. L'affaire est conclue : un mariage et pas de Chine. De son intransigeance, ma femme n'a jamais eu honte. Elle est l'être de conviction auquel je me suis attaché de plein gré.
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Videos de Michel Layaz (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Layaz
Michel Layaz présente son nouveau roman "Deux filles", en librairie le 29 août (CH) et le 13 septembre (F).
Après un long voyage en Asie, Olga, vingt-deux ans, rentre à Paris, accompagnée de Sélène, rencontrée dans un cimetière chinois. Quand les deux filles ne récoltent pas des légumes dans des fermes alternatives, elles remettent de la joie chez le père d'Olga, très seul depuis que sa femme l'a quitté. En surface, l'harmonie est totale. Mais plus le père observe Sélène, moins il peut taire le malaise qui monte en lui. Les dessins miraculeux d'un homme sans domicile, un bouquetin sur un étroit chemin de montagne, une femme pâle dans un tea-room: dans ce roman aussi troublant qu'habile, on se met à voir des signes partout. En déjouant nos attentes, Michel Layaz interroge notre conception des liens familiaux et ce que veut dire donner la vie.
https://www.editionszoe.ch/livre/deux-filles
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