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EAN : 9782843101335
Ellug (23/02/2009)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Le Symbolisme est tout entier placé sous le signe de la Poésie. Or celle-ci ne se limite pas à un genre littéraire, même si l'influence de Mallarmé sur la jeune génération symboliste a pu le laisser croire. De fait, la Poésie est alors une valeur fédératrice qui englobe le théâtre - que l'on songe à Maeterlinck ou au jeune Claudel -, mais aussi le domaine prestigieux du conte. Dans la dernière décennie du XIXe siècle, au moment même où le Positivisme semble triomphe... >Voir plus
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation

L’homme me fi t entrer dans une salle que je ne pus regarder, tant elle me parut terrible par le monstre qui s’y dressait. Car il y avait à son centre, élevée jusqu’au plafond, une gorge géante, distendue et grivelée, avec des replis de peau noire qui pendaient et se gonflaient, un souffle de tempête souterraine ; et deux lèvres énormes qui tremblaient au-dessus. Et parmi des grincements de roues, et des cris de f l en métal, on voyait frémir ces monceaux de cuir, et les lèvres gigantesques bâillaient avec hésitation ; puis, au fond rouge du
gouffre qui s’ouvrait, un immense lobe charnu s’agitait, se relevait, se dandinait, se tendait en haut, en bas, à droite, à gauche ; une rafale de vent bouffant éclatait dans la machine, et des paroles articulées jaillissaient, poussées par une voie extra-humaine. Les explosions des consonnes étaient terrifiantes ; car le P et le B, semblables au V, s’échappaient directement au ras des bords labiaux enflés et noirs : ils paraissaient naître sous nos yeux ; le D et le T s’élançaient sous la masse hargneuse supérieure du cuir qui se rebroussait ; et l’R, longuement préparé, avait un sinistre roulement. Les voyelles, brusquement modifiées, giclaient de la gueule béante comme des
jets de trompe. Le bégaiement de l’S et du CH dépassait en horreur
des mutilations prodigieuses.
— Voici, dit l’homme en posant sa main sur l’épaule d’une petite femme maigre, contrefaite et nerveuse, l’âme qui fait mouvoir le clavier de ma machine.
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Tout à coup, sans que personne en sût la cause, les vierges de Milet commencèrent à se pendre. Ce fut comme une épidémie morale. En poussant les portes des gynécées, on heurtait les pieds encore frémissants d'un corps blanc suspendu aux poutres. On était surpris par un soupir rauque et par un tintement de bagues, de bracelets et d'anneaux de chevilles qui roulaient à terre. La gorge des pendues se soulevait comme les ailes palpitantes d'un oiseau qu'on étouffe. Les yeux semblaient pleins de résignation, plutôt que d'horreur.

Marcel Schwob, "Les Milésiennes"
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C'était proche de la cité, Kalydon la marine, dans un bois silencieux dont les derniers arbres expiraient sur la grève où le flot venait mourir, que Corésos avait, pour la première fois, rencontré Kallirhoé. Et, en lui, le souvenir était demeuré inaboli, de ce soir calme où l'or des oranges mûres baignait dans la poudre d'un or plus intense : l'or essentiel et merveilleux du soleil, caressant d'une dernière ivresse de rayons la cime sanglotante des vagues et les ramures qui s'abaissaient pleureuses, dans la douleur ancienne et cependant renaissante de la mort des clartés.

Bernard Lazare, Le Miroir des légendes, "Le sacrifice"
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Rien des passions humaines n'avait disparu parmi ces vieillards et ces vieilles. Car il y avait dans les chambres de faux ménages à deux et à trois ; on entendait de violentes scènes de jalousie ; on se jetait à la tête, par les couloirs, des tabatières et des béquilles ; la nuit, des ombres rattatinées guettaient aux portes, armées d'un traversin menaçant, le bonnet de coton tiré jusqu'au menton ; et il y avait des poursuites de bancals, des fuites de femmes coxalgiques, de fiers cancans entre les femmes qui bavardaient en lavant leur linge : l'une exaltait avec emphase son homme qui était décoré, et bien soigné ; l'autre vantait le sien, qui avait encore tous ses membres.

Marcel Schwob, "52 et 53 Orfila"
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Les cordes vibrent dans le soir, et le soir se recueille, et dans le soir le sol gémit, le sol où le sang pleure, le sang triste d'Orphée dont la bouche palpite : regret des rythmes de jadis, douleur des strophes enfuies, quand, au linceul des nuits fleuries d'étoiles, le corps de l'Aède fut jeté par les vierges furieuses, Lysiennes délirantes et soumises au Dieu porteur de thyrse, Bacchant suprême, mitré d'or.

Bernard Lazare, Le Miroir des légendes, "La lyre"
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Vidéo de Bernard Lazare
L’affaire Dreyfus : Analyse spectrale de l’Occident (1967 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 2 décembre 1967. Illustration : La dégradation d'Alfred Dreyfus en couverture du supplément illustré du Petit Journal du 13 janvier 1895 © Getty / Print Collector. Par Pierre Sipriot. Réalisation de Marie-Andrée Armynot. Avec Emmanuel Berl, Pierre Sorlin, Marcel Thomas et Henry Contamine. Lectures par Jean Topart. L'affaire Dreyfus est une affaire d'État devenue par la suite un conflit social et politique majeur de la Troisième République, survenu en France à la fin du XIXe siècle autour de l'accusation de trahison faite au capitaine Alfred Dreyfus, qui est finalement innocenté. Elle bouleverse la société française pendant douze ans, de 1894 à 1906, la divisant profondément et durablement en deux camps opposés : les « dreyfusards », partisans de l'innocence de Dreyfus, et les « antidreyfusards », partisans de sa culpabilité. La condamnation fin 1894 du capitaine Dreyfus — pour avoir prétendument livré des documents secrets français à l'Empire allemand — est une erreur judiciaire voire un complot judiciaire sur fond d'espionnage, dans un contexte social particulièrement propice à l'antisémitisme et à la haine de l'Allemagne (revanchisme) après son annexion de l'Alsace-Lorraine (Alsace-Moselle) en 1871. L'affaire rencontre au départ un écho limité, avant qu'en 1898 l'acquittement du véritable coupable et la publication d'un pamphlet dreyfusard par Émile Zola, « J'accuse… ! », ne provoquent une succession de crises politiques et sociales. À son paroxysme en 1899, l'affaire révèle les clivages de la France de la Troisième République, où l'opposition entre les camps dreyfusard et antidreyfusard suscite de très violentes polémiques nationalisteset antisémites, diffusées par une presse influente. Elle s'achève en 1906, par un arrêt de la Cour de cassation qui innocente et réhabilite définitivement Dreyfus. Cette affaire est souvent considérée comme le symbole moderne et universel de l'iniquité au nom de la raison d'État, et reste l'un des exemples les plus marquants d'une erreur judiciaire difficilement réparée, avec un rôle majeur joué par la presse et l'opinion publique.
Sources : France Culture et Wikipedia
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