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EAN : 9782354800963
124 pages
Editions Amsterdam (25/08/2011)
3.12/5   4 notes
Résumé :

La dette, tant privée que publique, semble aujourd'hui une préoccupation majeure des "responsables" économiques et politiques. Dans La Fabrique de l'homme endetté, Maurizio Lazzarato montre cependant que, loin d'être une menace pour l'économie capitaliste, elle se situe au coeur même du projet néolibéral. A travers la lecture d'un texte méconnu de Marx, mais aussi à travers la relecture d'écrits ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dans cet essai écrit en 2011 au moment de la crise des dettes sud-européennes et grecque en particulier, l'auteur étend la notion de dette à la sphère sociale, au delà donc du domaine financier traditionnel, et l'analyse comme un dispositif de pouvoir d'une classe sur une autre.
Les références à Nietzsche, Foucault, Deleuze et Guattari sont intéressantes mais je ressors de cette lecture absolument pas convaincu par la grille d'analyse qui reste fondamentalement marxiste (même si les limites de Marx dans la compréhension de la situation actuelle sont admises par l'auteur) et qui reste surtout beaucoup trop floue et vague. Quand on en reste à l'anathème contre le Capital et le Grand Créancier, il est compliqué de comprendre correctement les problèmes de notre monde et de trouver des solutions concrètes pour s'y attaquer.
Je partage certains constats faits par l'auteur mais pas ses interprétations. La dette est vue comme instrument de domination alors que n'importe quel apprenti capitaliste sait que s'endetter est le moyen le plus rapide pour s'enrichir grâce au fameux effet de levier. Par ailleurs, l'auteur n'a pas un mot pour les déséquilibres financiers au niveau mondial entre pays excédentaires et créditeurs (la Chine en premier lieu, pays officiellement communiste) et pays déficitaires et débiteurs, déséquilibres qui me semblent incontournables si on veut comprendre le phénomène de la dette dans notre monde d'aujourd'hui.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le crédit ou dette et sa relation créancier-débiteur constituent un rapport de pouvoir spécifique qui implique des modalités spécifiques de production et de contrôle de la subjectivité (une forme particulière d'homo oeconomicus, "l'homme endetté"). La relation créancier-débiteur se superpose aux relations capital-travail, État-providence-usager, entreprise-consommateur et les traverse en instituant les usagers, les travailleurs et les consommateurs en "débiteurs".
La dette sécrète une "morale" propre, à la fois différente et complémentaire de celle du "travail". Le couple "effort-récompense" de l'idéologie du travail est doublé par la morale de la promesse (d'honorer sa dette) et de la faute (de l'avoir contracté). Comme nous le rappelle Nietzsche, le concept de "Schuld" (faute), concept fondamental de la morale, remonte au concept très matériel de "Schulden" (dettes). La "morale" de la dette induit une moralisation à la fois du chômeur, de l'"assisté", de l'usager de l'État-providence, mais aussi de peuples entiers. La campagne de la presse allemande contre les parasites et fainéants grecs témoigne de la violence de la culpabilité que sécrète l'économie de la dette. Les médias, les hommes politiques, les économistes, au moment de parler de la dette, n'ont qu'un message à transmettre: "vous êtes fautifs", "vous êtes coupables". Les Grecs se dorent la pilule au soleil tandis que les protestants allemands triment pour le bien de l'Europe et de l'humanité sous un ciel maussade.
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La fabrication des dettes, c'est-à-dire la construction et le développement du rapport de pouvoir entre créanciers et débiteurs, a été pensée et programmée comme le coeur stratégique des politiques neolibérales. Si la dette est bien si centrale pour comprendre, et donc combattre, le neoliberalisme, c'est que ce dernier est, dès sa naissance, articulé autour de la logique de la dette. Ainsi un des tournants du néolibéralisme est constitué par ce que quelques économistes définissent comme le "coup de 1979", qui, en rendant possible la constitution d'énormes déficits publics, ouvre la porte à l'économie de la dette et constitue le point de départ d'un renversement des rapports de force entre créanciers et débiteurs.
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Il ne s'agit donc pas seulement d'annuler les dettes ou de revendiquer la faillite, quand bien même cela serait très utile, mais de sortir de la morale de la dette et du discours dans lequel elle nous enferme.
Nous avons perdu beaucoup de temps et perdu tout court en essayant de nous justifier par rapport à la dette. Toute justification vous rend déjà coupable! Il faut conquérir cette seconde innocence, se délivrer de toute culpabilité, de tout devoir, de toute mauvaise conscience et ne rembourser pas même un centime, il faut se battre pour l'annulation de la dette, laquelle n'est pas un problème économique rappelons-le, mais un dispositif du pouvoir qui non seulement nous appauvrit, mais nous mène à la catastrophe.
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L'antiproduction se charge de "produire le manque là où il y a trop"°1, c'est-à-dire que la croissance (le "trop") est une promesse de bonheur jamais réalisée, ni réalisable, puisque l'antiproduction se charge de produire la manque dans n'importe quel niveau atteint par la richesse d'une nation.


°1-F.Guattari et G.Deleuze, L'Anti-OEdipi, op. cit. , p.280.
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Le concept de dette a, en outre, des conséquences sur les paradigmes sociopolitiques d'appréhension et de généalogie des rapports sociaux et des institutions. L'asymétrie de pouvoir qui la constitue mous débarrasse de "la rêverie" qui fait commencer l'État et la société par le contrat (ou, dans la version contemporaine, par la convention): "Qu'importent les contrats à celui qui peut commander."
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