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EAN : 9782227486102
152 pages
BAYARD CULTURE (25/09/2014)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Chaplin invente le témoin précaire de son temps, celui qui, au bord de la désintégration, parvient néanmoins à survivre. Charlot appartient à une humanité vulnérable qui déroule sous nos yeux une vie minuscule. Et pour- tant, que l'on regarde Les Temps modernes, The Kid ou Le Dictateur, c'est bien lui qui remet en question tous les partages sociaux entre le grand et le petit, le centre et la périphérie, le dedans et le dehors, le normal et le pathologique : faut-il ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le cinéma ne se réduit pas à d'illusoires mises en scène. Il nous traverse, nous prend, nous apprend, nous dévoile et nous laisse entrevoir, à celle et à celui qui prêtent l'oeil, la passion des vies transparentes. Dans ce livre, Guillaume le Blanc, se prête à cet exercice philosophique et prend pour illustration, nulle autre aurait pu l'être, la vie de Charlie Chaplin. A travers cette expérience du cinéma muet et de ses films emblématiques (La Ruée vers l'or, le Dictateur, le Kid, Les Temps modernes), il exprime l'insurrection des vies minuscules. le titre ne pouvait exprimer mieux le sens de la vie de Charlot. La sociologie (Simmel, Schutz, …) et une certaine littérature américaine de type transcendantaliste (Emerson, Thoreau, Whitman et beaucoup plus tard Stanley Cavell) viennent conceptualiser la vie des précaires, des oubliés, des invisibles.
Dans ce livre, on voit resurgir la philosophie de la vulnérabilité, chère à l'auteur; cette philosophie des sans, des fragiles, des amputés, des marginaux présents dans ces lieux indicibles et dans ces espaces hétérotopiques comme l'analysait déjà Foucault. Il n'est donc pas dénué de sens que « là où le travail, la nation et la famille encapsulaient les allures de vie et imposaient une règle du commun, l'hypothèse démocratique ne peut être affirmée que si de telles normes sont contestées. » Dans ses représentations cinématographiques, Chaplin nous pousse ainsi à interroger nos modes de vie et notre démocratie. C'est en cela que Charlot dépasse l'art du burlesque, et selon la belle formule de l'auteur, « est invention d'un rire démocratique engendré par le pouvoir corporel du subalterne. »
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Il existe, après Platon, un art de l'invisibilité qui s'appelle Chaplin. Si Gygès, grâce à l'anneau, au début du livre II de La République, découvre qu'il peut grâce à une bague découverte par hasard devenir invisible, voler, tuer, donner libre cours à tous ses désirs et ainsi exercer grâce à l'invisibilité un pouvoir sur les autres, une manière de gouverner les autres sans se gouverner soi-même, l'invisibilité de Charlot ne relève absolument pas de ce pouvoir sur les autres. Elle est, tout au contraire, repliée sur son absence de pouvoir.
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Le parlement des précaires est une création de Charlot. Il les représente comme nul autre car il s'emploie à garder l'équilibre quand tout conspire pour le mettre à terre. S'efforcer d'apparaître veut dire trouver le fil suspendu dans le vide sur lequel il est encore permis de s'aventurer et de marcher, se créer une zone aménageable.
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Hannah Arendt, autre exilée américaine, ne s'y est pas trompée. Elle décrit Charlot comme celui qui "est au ban de la société" et qui "mène une vie qu'il ne peut pas contrôler".
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Chaplin est le sociologue des commencements de l'Amérique. Comme Simmel, il s'intéresse aux pauvres et aux étrangers.
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Le "care" de Charlot le barbier provient de la fragile cohabitation des vies. Cette philosophie du soin mutuel est la part injustement sacrifiée par la rationalisation des économies et la mécanisation des sociétés.
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Videos de Guillaume Le Blanc (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guillaume Le Blanc
Une conversation présentée par Raphael Zagury-Orly Avec Sandra Laugier Guillaume le Blanc Judith Revel Patrick Savidan
En collaboration avec les organisations à vocation sociale et solidaire : Amade, Fight Aids Monaco, Licra, Peace & Sport. Avec la participation des élèves et des professeurs de philosophie de l'Institution François d'Assise – Nicolas Barré et du Lycée Albert 1er de Monaco.
Comme la liberté, la fraternité a davantage un pouvoir incantatoire qu'un sens rigoureux - autre que celui de lien crée par l'appartenance à une même famille biologique. de plus, le terme s'impose et est élevé en drapeau moral, qui enferme dans ses plis et phagocyte celui, tout aussi digne, de sororité. A strictement parler, la fraternité échappe au champ opératoire de la politique et fuit toute juridiction: aucune «mesure» ne la crée, aucune loi ne la façonne, aucun décret ne l'oblige. Dans la Constitution française, le mot n'est cité que trois fois, une fois comme devise nationale (liberté, égalité, fraternité), une fois comme «idéal commun». Puisqu'elle n'exprime «aucune exigence précise» (John Rawls), les chartes constitutionnelles internationales l'ignorent. Elles préfèrent convoquer la solidarité. Pourquoi en effet conserver cette référence, certes délavée, estompée, aux liens de sang? Il est vrai que la solidarité a une étrange histoire. Le solidum désignait à l'origine une monnaie (on l'entend davantage dans l'italien soldo que dans le français sou, mais assez bien dans solde, ou soldat), mais en droit romain  «in solidum obligari» signifiait que divers débiteurs s'engageaient à payer les uns pour les autres et chacun pour tous la somme à rembourser. C'est la Révolution française qui extirpe la solidarité du champ juridique et économique, et l'applique à l'attitude de secours, de soutien mutuel entre citoyens et citoyennes. Désormais, elle ne désigne plus qu'un rapport de «fraternité» justement, mais ou être frères et soeurs n'a pas de sens, puisque la solidarité ne pousse pas à aider une personne parce qu'elle est membre de ma famille, mais suscite une entraide qui implique tous les membres d'une collectivité unis dans un sentiment de commune appartenance au groupe, à la communauté, à la société, à l'humanité toute entière. Ce qu'active la solidarité, c'est la priorité, sur le souci de soi, de la cohésion sociale, la «responsabilisation» de tous pour ce qui peut arriver à chacun et l'engagement à porter secours si ce qui arrive provoque une perte - de liberté, de justice, de ressources, de dignité, de respect. Dès lors, «Liberté, Egalité, Solidarité» serait une belle devise.
#philomonaco
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