Vous avez certainement entendu parler, durant l'année 2013, des difficultés que rencontrait l'usine Gad, un abattoir dans le nord Finistère, en Bretagne. En redressement judiciaire, l'abattoir a fermé ses portes, et 889 salariés se sont retrouvés sans emplois. Lors des faits, les médias ont beaucoup relayé cette histoire, mais certains d'entre vous ne s'en souviennent peut-être pas. En effet, il y a régulièrement des usines qui ferment, et des salariés qui se retrouvent licenciés, ce n'est pas un cas à part.
Olivier le Bras, réunionnais d'origine, qui se fait appeler le "métis breton", a été délégué syndical durant plusieurs années chez Gad. Lors de l'annonce de l'éventuelle fermeture, il est devenu le porte-paroles de près de 900 salariés. En collaboration avec
Anne Guillou, il a alors écrit son histoire. Leur histoire.
Bien avant la fermeture, les premiers problèmes qui font surface, et quelques doutes ici et là. Mais les salariés, globalement, ne sont pas très inquiets. Gad est une usine très importante de l'agroalimentaire, "les meilleurs". Et pourtant... en octobre 2013, l'usine dans le nord Finistère ferme définitivement ses portes, pour conserver uniquement l'usine, plus petite, dans le Morbihan (qui a fermé, un an plus tard). Dans ce livre,
Olivier le Bras nous raconte son combat, leur grève, leur révolte, leur envie de se faire entendre... J'ai eu une vision plus nette de ce que pouvait ressentir un(e) salarié(e) lorsque l'entreprise où il travaille (parfois depuis plus de vingt ans !), ferme ses portes, le laissant démuni, sans emploi et se demandant ce qu'il va bien pouvoir faire maintenant. C'est un poids, une angoisse permanente, de ne pas savoir de quoi sera fait le lendemain, alors qu'on a un loyer à payer, des crédits, des bouches à nourrir... Je n'ai pas vécu moi-même de licenciement économique, mais mon père en a été lors de la fermeture de l'usine dans laquelle il travaillait depuis plus de treize ans. Obligé de faire une reconversion professionnelle, de se remettre à chercher du travail...
J'admire ses hommes et ses femmes, et leur combat, leur révolte que je ne peux que comprendre et approuver. Se lever tous les matins à 4 heures, être totalement en décalage avec les horaires de sa famille, pour faire un boulot épuisant, être payé au SMIC, pour se retrouver licencié, mis à la porte... C'est quelque chose de très difficile à vivre, d'autant plus quand on connait les difficultés pour se reconvertir et trouver un emploi.
Il s'agit plus d'un témoignage que d'un essai,
Olivier le Bras survole les raisons qui ont poussé Gad a fermé ses portes, mais ne va pas plus loin, ne donne pas d'explications du pourquoi et du comment... Ce n'est pas le but de ce livre. le but était de conserver une trace écrite, de ce que les salariés de chez Gad ont vécu en 2013 et de cette journée, le 11 octobre 2013, où tout s'est arrêté. On pourrait avoir l'espoir de penser que beaucoup d'entre eux ont retrouvé du travail, mais non. Moins de cent d'entre eux ont trouvé un CDI.
J'ai trouvé ce livre très intéressant, il m'a permis de mieux comprendre les enjeux lors d'une fermeture, et ce que pouvait ressentir les licenciés.
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