Cent ans après la parution du «Manifeste» de Breton, parution en poche des textes de la dernière des surréalistes.
Lire la critique sur le site : Liberation
Poétesse, critique littéraire et essayiste, alors qu’elle est encore jeune étudiante, elle découvre le Surréalisme, qui, dit-elle, va changer le cours de son existence. Elle rencontre André Breton avec lequel elle se lit rapidement d’amitié. C’est en 1967 qu’elle publie un premier recueil, aux éditions Surréalistes illustré par l’artiste franco-tchèque Toyen.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Le bandeau de l'époque sur les yeux, nous ne savons dessiner que les carcasses de maisons.
Au fond de l'aube, les racines du cœur.
L'épuisement
Le silence
La légèreté
La lumière emmêlée
La cellophane du matin s'enroule sur elle-même
Les bribes des mots se rétractent dans les touffes d'herbe
Le sentier conduit vers l'enfance des ombres.
1er Coup
Magistral
Farci de canard au sang
Et de pommes sures
La croupe borgne de la voûte céleste
Pavée d'accumulations héroïques
La grande obscurité de l'or
Et la limaille des brasiers
Des embouchures de drap lie-de-vin
Distribuent
Le froid
À tort et à travers
Le filtre des moissons
Impossible d'en sortir
Les mues damasquinées
Et l'ingéniosité endémique
Veillent
La hure des torches
Écarquille
La brume
Les chemins
Fomentent
La nuit
En haut du mât de cocagne
L'écrasante vessie solaire
Mes cernes n'ont pas fini de s'agrandir : c'est avec les yeux que je dévore le noir du monde.
Pour ne pas conclure mais pour jeter un seul œil sur le possible et l'impossible en même temps, il faudrait songer à une certaine dérision hâtive et affirmative de tout.
Pour un communisme des ténèbres - Rencontre avec Annie Le Brun
Envers et contre elle, Annie Le Brun traverse l'époque. Elle occupe ce point où sensible et politique, littérature et subversion, restent indissociables. L'expérience du surréalisme dont elle témoigne est tout le contraire d'un mythe, le contraire d’un passé. On y entend le vif des rencontres et de le plein des singularités, la puissance du collectif quand il chemine vers l’inconnu. Autant dire que sa manière de soutenir les désirs, de chasser toute tendance à la résignation ou de faire entendre la joie d’être ensemble, nous a beaucoup parlé à lundisoir.
On y a parlé d’esthétique critique, de communisme des ténèbres et de ces lignes de crête sur lesquelles il faut se tenir pour rester inaccaparé. Ou encore, pour reprendre un passage des Vases communicants qu’elle nous avait apporté, de ces « réserves monstrueuses de beauté » dans lesquelles puiser pour « se garder de reculer et de subir » .
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