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Mimi Perrin (Traducteur)Isabelle Perrin (Traducteur)
EAN : 9782020352864
427 pages
Seuil (08/04/2005)
3.47/5   157 notes
Résumé :
Sujet britannique, Harry Pendell s'est installé à Panama où il a ouvert une boutique réputée de tailleur. Marié à Luisa, qui lui a donné deux enfants, il mène une existence paisible, et son talent lui vaut d'habiller tous les politiciens locaux.
L'arrivée d'Andrew Osnard, un agent secret anglais, va perturber son existence. Pour recruter Harry comme informateur car il fréquente les "grands" du pays, Osnard utilise la vieille méthode du chantage et menace le t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Harry Pendel est le Tailleur de Panama, le meilleur, l'unique et sublime confectionneur des élégances. Comme chez tout tailleur des beaux quartiers, on imagine les clients, tandis qu'il prend leurs mesures pour leur tailler de beaux costumes, passer leur temps à lui tailler, en retour, une bavette. Quand on vous aura confié que tout ce qui compte au Panama se fournit chez Pendel & Brathwaite, suivant en cela l'exemple fameux de l'ancien chef de l'Etat, le redoutable Noriega, qui, en bon boucher qu'il était, présentait toutes les références pour tailler de belles bavettes, vous vous direz, comme moi, que si l'ex taillait, l'actuel doit tailler aussi. Et (j'espère que vous me suivez toujours), de fil en aiguille… on pourrait ainsi s'autoriser à penser que des informations « de source sûre » et « de première main » transitent à Panama par le canal auditif du tailleur des éminences.
Les services secrets de Sa Majesté ont flairé le bon filon. Faisons chanter le tailleur et à nous les informations secrètes sur mesure et cousues main. le problème, c'est que le tailleur n'est pas tout à fait ce qu'il prétend être ou avoir été. Il manie bien le ciseau, mais ses armoiries sentent un peu le contreplaqué. Les bavettes premier choix n'étant en réalité que de vils bas-morceaux, notre tailleur se met à la broderie avec, il faut en convenir, un talent certain. Son officier traitant n'est pas très regardant, préoccupé qu'il est de trouver la façon la plus juteuse de puiser personnellement dans les fonds secrets destinés à rémunérer ses « sources ». Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse, Londres est ravi, l'opération Boucan semble plaire à tout le monde. On songe à Graham Green et effectivement, à la fin du roman, dans les remerciements, le Carré revendique la filiation : « Ce livre n'aurait jamais vu le jour sans Graham Greene. Après la lecture de Notre homme à La Havane, l'idée d'un mythomane du Renseignement ne m'a jamais quitté. »
On s'amuse énormément tout au long de ce roman, où on a envie d'encadrer trois citations par page. Les scènes d'anthologie (le recrutement du futur espion ou celui de son officier traitant, l'essayage présidentiel, l'acquittement du juge ou la colère de l'épouse du tailleur) se succèdent à un rythme soutenu pour le plus grand plaisir du lecteur. Mais, comme toujours chez le Carré, derrière l'intrigue, derrière les mensonges de personnages tellement pittoresques (ils le sont tous : le tailleur, l'espion-escroc, l'ambassadeur, « el presidente », le journaliste, etc.), derrière l'humour tantôt pince-sans-rire, tantôt facétieux, va finir par apparaître une vérité bien tragique. La pourriture gagne les lieux de pouvoir et d'influence, l'appât du gain a pris le pas sur toutes les autres considérations, les responsables en titre ne contrôlent plus rien, hormis leur carrière et les revenus confortables qui vont avec, tandis que le petit peuple, abreuvé de mensonges et de propagande lénifiante, est chargé de régler les additions.
Et en me souvenant que Panama a laissé en son temps de cuisants souvenirs aux épargnants français tandis qu'une bonne partie de la classe politique de l'époque était compromise (euphémisme), il m'est d'avis que la gestion (c'est beaucoup dire) de type « politique du chien crevé au fil de l'eau », grâce à laquelle la pandémie du Covid-19 se répand si aisément dans notre beau pays en ce moment, pourrait avoir quelque chose à voir avec ce que décrivait le Carré, à propos du Panama et de son propre pays, il y a un peu plus de vingt ans.
« Dites-moi, Juan Carlos, j'ai cru comprendre qu'on allait vous confier la direction d'une importante commission parlementaire ? s'informa-t-il d'un ton sérieux. Je vais bientôt vous habiller pour votre inauguration présidentielle, si je comprends bien.
_ Importante ? répéta Juan Carlos avec un rire gras. La commission pauvreté ? C'est la plus minable de toutes. Pas de fonds, pas d'avenir. On reste assis à se regarder et à déplorer le sort des pauvres, et après on va s'offrir un bon gueuleton. »
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Ce que j'aime le plus dans les romans d'espionnage, et dans ce livre, ce sont les fins ou plus exactement le moment avec LA révélation qui fait s'enchaîner toutes les conséquences des décisions prises dans le roman. le moment où il n'est plus possible de reculer et quand les personnages savent qu'avancer est la seule option même s'ils doivent y laisser des plumes.
Le roman agit comme une partie d'échecs, à la différence que l'auteur est le seul à pouvoir manipuler les pièces et donc à pouvoir faire un coup de maître, comme c'est le cas ici avec John le Carré.
Les chapitres courts donnent un rythme effréné au livre et en font un bon page-turner. le sujet est toujours d'actualité, traffic, corruption, difficile de ne pas faire le lien avec les Panama papers.
Quoi de mieux que l'aide d'un tailleur pour faire tailler un costard à tous ces gens véreux ? C'est avec lui qu'Andrew, notre espion, va tenter de délier cette affaire. Sa jeunesse rivalise avec sa naïveté, il se laisse aussi prendre les mesures par le tailleur car après tout c'est bien d'Harvey Pendel dont parle le titre. J'ai aimé le fait d'avoir des doutes sur son rôle, cela rajoute à ses phrases un intérêt particulier.
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John le Carré, ancien agent du renseignement britannique, était dans mon imaginaire une grande figure des romans d'espionnage et j'avais dans l'intention de le lire un jour. Au hasard, j'ai choisi «Le tailleur de Panama» et là, patatras, c'est le drame! En paraphrasant Coluche, je pourrais dire que «c'est l'histoire d'un mec» qui taille des costumes au Panama et... il taille des costumes au Panama. Je n'ai pas appris grand chose, ni en matière d'espionnage, ni sur le Panama, encore moins sur la nature humaine et malgré une écriture assez agréable, je ne commanderai pas de costumes chez B&P, Harry est par trop ennuyeux. En revanche, je n'abandonne pas pour autant son auteur car, d'après les critiques lues sur Babelio, il a fait beaucoup mieux. A suivre donc...
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Bienvenu au Panama où le canal fait tourner les têtes.
Celles des grandes puissances soucieuses de garantir le passage d'un océan à l'autre, celles des politiciens et fonctionnaires locaux qui effeuillent la marguerite de la corruption en évitant consciencieusement le dernier pétale ("Le nouveau juge est plus intègre que l'ancien, donc son tarif est plus élevé. Avoir des scrupules, ça coute cher au Panama").

Harry Pendel lui, est le tailleur le plus réputé du Pays, sa boutique P&B perpétuant le savoir-faire d'une célèbre firme londonienne de Savile Row créée par son mentor, Arthur George Braithwaite.

Tout irait bien pour Pendel si la fortune de sa femme n'avait pas été engloutie dans une escroquerie mise au point par son banquier, faisant de notre tailleur, l'infortuné propriétaire d'une ferme rizicole privée d'eau.

Pourtant, alors que sa situation semble sans issue, il est approché par un certain Andrew Osnard, un agent secret anglais. Celui-ci connait la véritable identité et le parcours de Pendel et il va lui proposer un marché : en échange de renseignements concernant la politique locale, Osnard lui garantit le secret de ses origines et une rémunération suffisante pour éponger ses dettes.
En effet, qui mieux qu'un tailleur tâtant les coutures de tout le gratin panaméen, pour recueillir des informations secrètes ?
Seul problème pour Pendel : il ne se passe pas grand-chose au Panama.
Mais après tout, qu'importe, quand on a suffisamment d'imagination...Le tailleur ne va pas hésiter à travailler ses tissus de mensonges

Ce livre offre un regard subtil, drôle, désespéré et lucide sur le jeu des grandes puissances quand leur intérêt prime le sort des peuples, et transforme le monde de l'espionnage en une immense farce.

Curieusement pourtant, l'ennui pointe son nez après le premier tiers du livre. Dès lors, , on commence à mélanger les personnages et au final, on les abandonne à leur sort.

Le cinéma vient parfois en aide à de tels romans d'espionnage et les bonifie ("La Taupe" par exemple). Hélas, le film tiré de cette histoire a été réalisé par le très surfait John Boorman et (dé)servi par les deux endives d'acteurs que sont Pierce Brosnan et Jamie Lee Curtis.
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Je me suis bien amusé en lisant ce livre. Certes c'est un hommage de le Carré à Greene sans prétention et même si ce n'est pas le meilleur de cet auteur je n'en regrette pas la lecture. Sinon dans ce conte, cette farce il y a le gentil Pendel et le vilain Osnard qui jouent à cache-cache ainsi qu'à être le plus filou des deux. Pendel doit lutter contre ses vieux démons et sa peur d'être découvert, Osnard doubler ses employeurs cu-cus des services d'espionnage anglais. le doublement du canal par les japonais et ses conséquences sont des trouvailles pas si loin de la réalité après tout. Je continuerai ma quête de l'espionnite chez le Carré.
B
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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
"C'est l'ambassadeur d'Espagne, Excellence, cria Marco depuis le bureau. Il désire une audience privée.
_ Dites-lui demain soir, après les Taiwanais."
Pendel se trouvait maintenant face à face avec le maître de l'univers, le seigneur de l'échiquier politique international et de l'équilibre des forces au XXIème siècle. Pendel glissait deux doigts derrière la ceinture présidentielle lorsque Marco annonça un autre appel d'un certain Manuel.
"Dites-lui mercredi, ordonna le président par-dessus le paravent."
La taille présidentielle n'était pas facile à ajuster. Quand l'entrejambe allait bien, la longueur du pantalon ne convenait plus. Pendel rehaussa la ceinture, et le pantalon remonta au-dessus des chaussettes en soie du président, qui ressembla passagèrement à Charlie Chaplin.
Et soudain, un calme plat s'abattit sur le sanctuaire, ce que Pendel avait décrit à Osnard comme l'oeil du typhon. Personne ne parlait, ni Marco, ni le président, ni les nombreux téléphones. Le maître espion s'agenouilla pour épingler le bas de la jambe gauche du pantalon présidentiel, mais sans perdre sa présence d'esprit.
"Oserai-je demander à Son Excellence si elle a pu prendre un peu de repos lors de sa triomphale tournée en Extrême-Orient ? Un peu de sport, peut-être ? Une promenade ? Quelques courses, si je puis me permettre cette audace ?"
Et le téléphone restait muet, rien ne venait troubler la trêve bénie tandis que le gardien des clés du pouvoir universel songeait à sa réponse.
"Trop serré, déclara-t-il. Je suis trop serré, monsieur Braithwaite. Pourquoi ne voulez-vous donc pas que votre président respire, vous autres tailleurs ?"
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"Les fonds secrets sont très durs à gérer, c'est bien connu, et il est quasiment impossible d'en retrouver la trace s'ils tombent entre de mauvaises mains. Raison de plus pour tenir les cordons de la bourse tant que nous en aurons la charge. J'ai demandé que la chancellerie soit équipée d'un coffre-fort... l'or et le reste y seront stockés, nous seuls en détiendrons les deux clés...
Etes-vous riche, Nigel ?
_ Non.
_ Moi non plus. Votre divorce vous a ruiné ?
_ Oui.
_ C'est ce que je pensais. Et ce sera pareil pour moi. Phoebe a de gros besoins... C'est absurde la vie... Nous voici à l'âge mûr, sains de corps et d'esprit, nous avons commis quelques erreurs, nous les avons reconnues, nous en avons tiré la leçon, il nous reste encore quelques belles années avant la sénilité... Seule ombre au tableau : nous sommes fauchés."
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Le groupe progressait à un rythme de politicien en campagne - affairement, pompe, bavardage d'écoliers au sortir d'une retenue, ton satisfait et complet sombre de rigueur. Pendel remarqua à l'approche bruyante du commando qu'il avançait en fer de lance, avec à la pointe, comme en lévitation, l'incarnation miraculeuse du Roi- Soleil soi-même, l'omniprésence, l'astre rayonnant, le divin maître des trous de l'emploi du temps, portant un veston noir signé P&B...
Une vive roseur dénotant la sainteté autant qu'un bon coup de fourchette teintait les joues présidentielles. La chevelure était argentée, les lèvres fines, roses et humides comme celles d'un nourrisson... En arrivant près de Pendel, le bataillon s'arrêta dans un certain désordre et, après une légère bousculade, reforma les rangs. Sa Sublimité fit encore quelques pas, puis se retourna vers ses invités...
L'un après l'autre, les invités s'avancèrent pour serrer la main de l'immortel et prendre congé. Sa Radiance eut un mot d'encouragement pour chacun, et il ne manquait plus que les faveurs en paquet cadeau à rapporter à leur mère pour compléter le tableau...
Les portes se refermèrent enfin sur les derniers invités,... et seuls restèrent dans la salle Son Immensité, le suave Marco et la pure Juanita.
Le trio fit demi-tour comme un seul homme et reprit sa progression à travers la salle, le Roi-Soleil au milieu, en destination du sanctuaire présidentiel dont les portes étaient à un mètre de Pendel. Il afficha un sourire et fit un pas en avant, sa valise à la main. La tête argentée se tourna vers lui, mais les yeux bleus ne virent qu'un mur. Le trio passa devant Pendel, les portes du sanctuaire se refermèrent. Puis Marco revint.
"Vous êtes le tailleur ?
_ Oui, senor Marco, au service de Son Excellence.
_ Attendez ici."
Pendel attendit ici, comme tous ceux qui sont aux ordres. Des années s'écoulèrent. Les portes se rouvrirent.
"Faites vite", lui ordonna Marco.
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Il réservait encore sa décision. Il faisait traîner, alors qu'une partie de lui brûlait de dire oui, ne fût-ce que pour mettre un terme à la gêne de ne pas répondre.
"Vous ne m'avez pas encore expliqué quel serait mon travail, Andy.
_ Jouer les antennes paraboliques, je vous l'ai dit.
_ Oui, mais que voulez-vous que je capte pour vous, au juste ?
_ Pas grand chose. Juste l'équilibre des forces mondiales à l'aube du XXIème siècle, l'avenir du commerce international, l'échiquier politique panaméen, les opposants silencieux, les gars de l'autre côté du pont, comme vous dites. Que va-t-il se passer quand les Amerloques se retireront - s'ils le font ? Qui va rire et qui va pleurer le 31 décembre 1999 ? Qu'arrivera-t-il quand l'une des deux plus grandes voies navigables du monde sera vendue aux enchères et que le marteau sera tenu par une bande de bluffeurs sans scrupules ? Un jeu d'enfant... Plus quelques petites choses qui ne figurent pas encore au menu...
Dans ce métier, il y a trente-six façons d'arriver à ses fins. On ne peut pas tout apprendre en une fois. Vous m'avez dit oui ou vous jouez les insaisissables à la Garbo ?"
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"Nous n'avons pas la vue d'ensemble, ni les données à l'échelle mondiale. Surtout dans une petite ambassade de seconde zone comme la nôtre. Nous sommes des ploucs, et ce n'est pas vous qui me contredirez.
_ Vous leur avez dit ça, aussi ?
_ Tout à fait, sur le téléphone magique d'Osnard. Les mots prennent un tel poids dans une atmosphère de secret, vous ne trouvez pas ?...
Le Foreign Office m'a reproché mon manque d'enthousiasme sur la dernière livraison... et le vôtre, du même coup. "Vous voulez de l'enthousiasme ? ai-je dit. Oh, ça, j'en ai à revendre, Andrew Osnard est un type charmant, consciencieux à l'extrême. Quant à l'opération BOUCAN, pour nous elle est édifiante, enrichissante, admirable, nous la soutenons, elle revitalise notre petite communauté. Il n'empêche que nous n'aurions pas la prétention de lui affecter une place dans le grand ordre des choses. Ca, c'est l'affaire de vos analystes et de nos supérieurs.
_ Ils l'ont bien pris ?
_ Ils étaient ravis. Comme je leur ai dit. Andy est un très chic type et il plaît beaucoup aux femmes. C'est un atout pour notre ambassade, ajouta-t-il avant de s'interrompre en laissant planer le doute, puis de reprendre un ton plus bas.
Bon, d'accord, peut-être qu'il ne joue pas vraiment huit, peut-être qu'il triche par-ci par-là, mais c'est humain. En tout cas, et cela n'a rien à voir avec vous, ni moi, ni personne à l'ambassade, sauf peut-être Andy, les renseignements BOUCAN sont un ramassis de sornettes."
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