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George Smiley tome 3 sur 9

Henri Robillot (Traducteur)Marcel Duhamel (Traducteur)
EAN : 9782070364145
312 pages
Gallimard (12/07/1973)
3.96/5   684 notes
Résumé :

L'espion qui venait du froid

«- Roulez à trente à l'heure, ordonna l'homme d'une voix tendue, anxieuse. Je vous indiquerai le chemin. Quand nous serons arrivés, il faudra descendre de voiture et courir jusqu'au mur. Le projecteur sera braqué sur l'endroit où vous devez passer ; tenez-vous immobiles dans le rayon lumineux. Dès que le faisceau sera déplacé, commencez à grimper. Vous aurez quatre-vingt-dix secondes. Vous monterez le premier, dit-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
3,96

sur 684 notes
L’espion qui venait du froid est le premier roman de John Le Carré, celui par lequel il s’est fait connaître et s’est imposé comme un maître du genre.
Son héros, Leamas est un agent hors pair. Il est «résident» à Berlin. C’est avec Le Carré que l’on se familiarisera à toute la subtilité, l’ambiguité, la duplicité, l’hypocrisie qui se cache derrière ce terme de «résident».
Mais l’agent hors pair connait un passage à vide, ses agents sur place se font assassiner un par un. Le responsable de cette déconfiture (marmelade) anglaise est le responsable des services secrets de RDA.
Son dernier agent encore en vie, Karl Riemeck, se fait descendre alors qu’il tente de franchir un poste frontière en vélo :
«Et brusquement, il s’affaissa et roula par terre, et Leamas perçut distinctement le fracas métallique de la bicyclette heurtant le sol. Il pria le ciel que Karl fût bien mort.» (Page 16)
La façon dont Karl a été piégé reste obscure. Le rôle de sa compagne, en se liant avec une femme il a contrevenu aux règles élémentaires de prudence, est trouble.
Cette dernière est passée en zone libre quelques jours avant lui, et connaissait la date et l’heure à laquelle Karl devait passer. Elle a pu divulguer des informations sensibles malgré elle, dans une RDA où chaque habitant est un informateur en puissance.
Le Cirque avec à sa tête le fameux Geroges Smiley, décide de supprimer l’agent allemand qui est à l’origine de la disparition du réseau de Leamas. Ce dernier se voit confier un rôle déterminant pour construire le piège et le refermer sur «Hans Dieter Mundt, quarante-deux ans, né à Leipzig.(...)Il connaissait par coeur les circonstance de son ascension au pouvoir, jusqu’au grade de sous-directeur de l’Abteilung et chef effectif des opérations. Partout, Mundt était haï, jusque dans son propre service.» (Page 18)
A son retour de RFA, Leamas est censé végéter quelques mois dans un placard du Cirque, il est ensuite remercié sans égards et surtout sans maintien de pension. Les rumeurs sur sa responsabilité et sur ses fautes professionnelles se précisent, Il perd ses amis. Sombre dans l’alcoolisme et vit dans un taudis. Il fait tout pour s’attirer les antipathies de ses voisins et de toute personne qui l’approche.
Il devient un aigri. Un paria. Un rebelle.
Il trouve un travail dans une bibliothèque publique qui est en fait une officine du PC britannique. C’est son premier contact avec l’ennemi. Il est alors approché par des taupes du KGB.
Il commence à balancer des renseignements faisant en sorte d’installer le doute chez ses nouveaux amis quant à la loyauté de HD Mundt.
Mais Leamas doit montrer patte blanche, alors que les rencontres avec les responsables de RDA sont censés se dérouler en Hollande, ces derniers proposent à Leamas de se déplacer en RDA pour confondre le traitre.
Je suis au rancart, répondit-il en grimaçant un sourire stupide. Au rebut, comme une vieille chaussette.
J’ai un peu oublié ce que tu fabriquais à Berlin. Tu n’étais pas par hasard, un de ces Fregolis de la guerre froide ?
« Fichtre ! pensa Leamas, tu brûles un peu les étapes, mon mignon.»
(...)
Tu ne sais pas fit Ashe, (...) tu devrais voir Sam ; je suis sûr que vous vous entendriez bien. Mais au fond, Alec...je ne sais même pas où te joindre(...)
Nulle part, répondit Leamas, apathique. (Page 75)
Ce passage du roman est admirable, dans le style, A sait que B sait qu’il ment, mais veut le convaincre du contraire. B sait que A ment et veut lui faire croire qu’il l’ignore.
Jeux de dupes, jeux de cons, jeux de barbichette où le dernier qui rira recevra une balle dans la tête.
Bien entendu, on pourrait trouver euh...un endroit plus sûr, vous ne croyez pas ?
Derrière le rideau de fer ?
Pourquoi pas ? (Page 97)
Pour donner le change, Leamas accepte le voyage en RDA :
«Il se demanda ce qu’il allait faire. Control n’en avait pas soufflé mot ; il n’avait été question que des détails techniques de l’affaire.
«Ne lâchez pas le morceau d’un seul coup ; laissez-les un peu se décarcasser de leur côté, lui avit-il dit, soyez irritable, insupportable, buvez comme un trou. Ne cédez en rien question idéologie, ils ne vous croiraient pas.» (Page 147)
Là-bas, il rencontre Fiedler, l’adjoint de Mundt, convaincu lui aussi que son supérieur est un agent double.
«Fiedler adorait poser des questions. Parfois sa formation de juriste prenait le dessus, il les posait pour le seul plaisir de souligner les contradictions existant entre la preuve irréfutable et une vérité toujours perfectible. Il possédait néanmoins cette curiosité inlassable qui, chez les journalistes et hommes de loi, est une fin en soi.» (Page 171)
Leamas et Fiedler se ressemblent, à la défense d’un système, qui est le moteur de l’ambition de leurs collègues, il préfèrent le travail bien fait, la précision, la justice, la justesse, tous ce qui rebute leur hiérarchie.
Le roman prend un virage à ce moment. Les deux hommes échangent sur leur métier en oubliant pourquoi ils sont ensemble.
S’ils ne savent pas ce qu’ils veulent, comment peuvent-ils être sûrs d’avoir raison ?
Qui a jamais prétendu qu’ils l’étaient ? répliqua Leamas, excédé. (Page 172)
Leamas s’appuie sur cet allié pour parvenir enfin, pense-t-il à neutraliser Mundt. Ses accusations confirment les éléments d’un dossier à charges constitué par Fielder. Un procès est organisé dans lequel Leamas est le témoin principal. Il jubile.
C’est compter sans la duplicité des services secrets, des deux côtés du rideau de fer. Ils raisonnent selon la logique de la rentabilité optimale et non comme Fiedler ou Leamas sur la légitimité d’une action.
En RDA, on accorde soudain beaucoup d’importance au fait que Fiedler est juif.
En Grande Bretagne, Leamas, comme son dernier agent Karl, a eu une liaison avec Liz Gold, une collègue de la bibliothèque dans laquelle il a travaillée.
A l’Est comme à l’Ouest on va utiliser cette «faute» de Leamas pour considérer qu’il n’est pas un témoin fiable.
Via le PC Britannique on organise un voyage de Liz Gold à Berlin et elle est obligée de témoigner pour clairer le tribunal sur la nature de sa relation avec Leamas :
«- Voila donc, déclara-t-il en se tournant vers le Tribunal, les preuves fournies par la défense. Je regrette qu’une jeune fille dont le jugement est oblitéré par les sentiments et le discernement émoussé par l’argent ait été considérée par nos camarades anglais comme apte à occuper un poste de responsable dans notre parti.» (page 273)
La construction initiale s’écroule :
Mundt était bien un agent double, sa valeur pour Le Cirque a justifié le sacrifice de plusieurs agents britanniques.
«Et, brusquement, avec la terrible lucidité d’un homme trop longtemps abusé, Leamas comprit toute l’effroyable machination.» (Page 284)
- Le juif est confondu, on considère qu’il voulait nuire à Mundt uniquement pour prendre son poste. Leamas et Liz Gold sont saufs. Leur ex-filtration est programmée.
« Ils nous l’on fait tuer, tu comprends, ils nous ont fait tuer le Juif. Maintenant tu sais tout, et que le ciel nous aide tous les deux.» (Page 294)
Leamas sacrifie Fiedler en échange de sa vie et de celle de Liz. Elle, ne le comprends pas.
«Adieu ! dit Mundt d’un ton indifférent. Vous êtes un idiot, Leamas, ajouta-t-il. Elle ne vaut pas mieux que Fiedler. C’est de la racaille, tout ça.» (Page 292)



Le roman boucle. La scène du début où Karl est abattu au pied du mur est rejouée.
Leamas comme Karl chute au pied du mur, il s’est aussi, contrevenant à toutes les règles de prudence, encombré d’une femme durant une mission sensible...
Leamas se rend compte de sa naïveté devant Smiley et de la vanité de son choix guidé par la vengeance, il a vu Mundt comme un ennemi personnel et non comme le bras armé d’un système où il n’y a pas de place pour les sentiments chevaleresques.
Le Cirque s’est appuyé sur la vanité de Leamas pour le convaincre de monter un piège dont il serait la dupe.

L’espion qui venait du froid, fonde l'oeuvre de John Le Carré. On y décèle la marque de ce qui caractérise chacun de ses romans. L’humanité de personnages confrontés à l'autisme de systèmes tournés vers eux-mêmes, broyant tout ce qui s’oppose à leur logique froide, valorisant les hommes uniquement lorsqu’ils peuvent être mis au service de leurs objectifs inhumains.
A lire absolument.
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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On présente ordinairement ce livre comme celui qui a fondé le roman d'espionnage moderne. N'ayant encore jamais lu John le Carré, j'avais bien compris que je n'allais pas me retrouver plongé en pleine jamesbonderie, mais il me faut bien reconnaître que je venais chercher quelque chose d'un peu stéréotypé peut-être : le bon vieux parfum de la Guerre Froide au début des années Soixante, l'atmosphère si particulière de Berlin à l'époque du Mur, le frisson qui vous parcourt l'échine tandis que le Vopo examine votre passeport de son regard implacable, et toutes ces sortes de choses. C'était au temps où le monde se figeait dans un équilibre précaire, équilibre que les nostalgiques de tous poils assimilent aujourd'hui à une stabilité désirable.

En fait, le livre de John le Carré ne parle que très accessoirement de cela. Il n'y a ici ni bons ni méchants : le monde est gris, et plutôt gris très sombre. L'espionnage n'est qu'un jeu où chacun redoute par-dessus tout d'être dupe de l'autre. Tous mentent, tout le temps, à tout le monde et souvent à eux-mêmes pour commencer. La machination que décrit le roman est d'une perversité glaçante, le lecteur ne comprenant qu'à la fin qui en est la cible réelle. C'est un microcosme qui n'existe qu'à travers le jeu impitoyable des rapports de puissance. Pas d'éthique, pas de conscience, ni règle ni droit. Les simples mots d'humanisme ou de justice feraient se tordre de rire si quelqu'un osait encore les prononcer. le Bureau des légendes, à côté, c'est les Bisounours.
La fin du roman voit le triomphe des arrangements glauques et des compromissions nauséabondes. Tous ceux qui conservaient une part d'innocence ou simplement de sens moral ont été éliminés sans états d'âme. Et ne restent dans le jeu que les cyniques aux mains sales. Très moderne, en effet.
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Et voilà qu'il gèle, un temps à vous présenter Leamas ! Ou pas ?
Début des années soixante, Berlin, check point Charlie, la nuit s'installe, au loin un homme à vélo passe le contrôle côté Est. Et puis, soudain, le hurlement des sirènes déchire le silence de la nuit et de puissants projecteurs balayent le bout de route pour cerner le cycliste, tirs des gardes, l'homme s'écroule. La nuit se referme sur un silence de mort.
Comment Mundt a-t-il pu savoir ? s'interroge Leamas...


Présenter L'espion qui venait du froid alors que ce livre a reçu le prix Edgar Allan Poe en 1965 et que le film avec en vedettes Richard Burton et Claire Bloom est passé de multiples fois à la télé ? Inutile, insultant, incongru. La guerre froide s'est terminée bien avant le réchauffement climatique, me direz-vous. Soit ! Je vous laisse le lien de la première scène du film pour mieux visualiser.


Alors quelques mots sur David Cornwell, ancien espion, alias John le Carré, un des meilleurs auteurs anglais toujours vivant ? Non plus, je vous renvoie à son excellente autobiographie : le Tunnel aux Pigeons, que j'avais chroniquée en février 2017, ainsi qu'à cette interview à domicile dans la grande librairie pour laquelle je place aussi le lien ci-dessous.


Je vous dirai juste que j'aime beaucoup le style de John le Carré, ses interrogations (notamment sur la raison d'état, les limites du droit, la liberté de l'être), et l'ambiguïté de ses personnages. Des récits d'espionnage bien plus réalistes que James Bond ou OSS117. Et celui-ci en particulier qui vous fait entrer dans un monde d'information et de désinformation au point où le doute finit par supplanter toute réalité, au point où la raison perd pied, au point d'assister au burn-out d'un espion bien avant que le nom ne soit inventé par quelque psy. Ah dans le renseignement et le contre-espionnage, ils sont diaboliquement forts ces Anglais !


https://www.youtube.com/watch?v=6e5rHbDpUuA
https://www.youtube.com/watch?v=PbsYa-m66VY
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Incroyable... Je peux vous dire que j'ai abordé ce bouquin avec un préjugé plutôt négatif. En général, les livres d'espionnage m'ennuient et j'ai beaucoup de mal à les lire. L'avantage de celui-ci c'est qu'il est court, cela me pesait un peu moins, du coup.

Mais il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, parait-il... L'intérêt des challenges, c'est de découvrir des auteurs qu'on n'aurait jamais lus autrement.
J'avoue que je n'ai jamais été attirée par les bouquins de John le Carré. J'avais tort, je l'admets sans peine. C'est juste excellent. Hormis quelques bugs de traductions (type "transformer les pions en véritables personnes", ce serait plutôt l'inverse qu'il veut dire, à la base, hem...), c'est vraiment bon.

Punchy, efficace, il n'y a pas une ligne de trop, de très nombreux dialogues rendent le tout vivant, et l'hyper-manipulation qui est présentée dans ce livre est juste, euh, étonnante. Soufflante. Incroyable.
Dans une longue préface John le Carré explique que tout le monde a cru que c'était "vrai" (une autobio, mais que ça ne l'est pas), mais il y a de quoi, ça sonne tellement juste et réaliste...

C'est un exercice de haute voltige, brillamment exécuté, parce que malgré les très nombreux personnages, à aucun moment on ne se perd. C'est vraiment une très belle découverte, "La taupe" n'a qu'à bien se tenir ! ;)

(Challenge illimité "Enquêteurs")
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Généralement, le roman d'espionnage n'est pas ma came. Mais je ne regrette pas celui-là. Rien à voir avec James Bond.
Quelle construction!
D'un bout à l'autre, nous sommes maintenus dans l'incertitude: qui travaille pour qui? quelle est la victime et qui sera vainqueur? j'ai oscillé sans cesse, croyant avoir compris, puis remettant en cause ce que j'avais compris, parfois à tort et parfois à raison.
En plus, les personnages sont consistants, ont une épaisseur, les descriptions sont efficaces, et les lieux prennent vie.
Il ressort de tout cela un jeu cruel, absurde, fatal, et sans utilité. le sentiment est que le solde coût-bénéfice est à somme nulle. Pourquoi alors ces vies gâchées, et cet abandon de tout humanisme?
Eh oui, John le Carré nous surprend à philosopher, sans aucune lourdeur, et ce ne sont pas les moins bons passages du roman. Il a bien capté l'esprit de son époque, pourtant officiellement portée à l'optimisme.
Et le roman conserve pourtant les lois du genre, j'ai été accro du début à la fin. Mais à un certain niveau, il n'y a plus de genre, juste de la bonne littérature.
Suffisamment de raisons, je crois, pour ne pas snober cet excellent livre.
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critiques presse (1)
Telerama
10 octobre 2022
Opus très sombre, construit autour d’un personnage d’espion manipulé, déchu, déchirant.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Arrivé à la porte, il se retourna :
-Nous sommes tous pareil, vous savez ; c'est ça le côté farce de la chose.

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En hommage à John Le Carré décédé d'une pneumonie ce samedi 12 décembre à l'âge vénérable de 89 ans, un jour après la parution de ma chronique sur L'espion qui venait du froid. Si j'avais su j'aurais été plus explicite sur l'intérêt de relire son 3ème roman, publié en 1963 qui assis son statut en tant qu'écrivain remarquable. En effet, et voilà ce qui en fait un grand écrivain, sur base d'un thriller intense, John Le Carré pousse la question éthique de la désinformation et jusqu'à quel point la défense d'un système, d'une idéologie, d'un choix philosophique la rendrait-elle acceptable. Un temps limitées à un nombre restreint de spécialistes, ces techniques de manipulations se sont intensifiées et étendues aux politiques, aux multinationales, et à ce semblant de sphère privée via les réseaux sociaux. Les journalistes assurent rarement leur rôle d'investigation, se contentant le plus souvent de diffuser à tout va, dans des délais raccourcis de course au scoop ne permettant pas les analyses nécessaires, les slogans les plus sensationnels et/ou proches de leurs sources de financement. A ce titre nous devenons tous des Leamas dans un monde d'isolement où la paranoïa s'infiltre plus dommageable qu'un virus, où plus aucune confiance ne devient possible et par conséquent où l'amour se meurt.
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Alors il eut la révélation de ce que Liz lui avait donné, de ce qu'il lui faudrait à tout prix retrouver s'il lui arrivait de retourner en Angleterre: ce souci des petits détails de l'existence, cette foi dans la vie quotidienne, cette simplicité qui vous faisait déchiqueter menu un bout de pain dans un sac de papier pour aller sur la plage le jeter aux mouettes.
C'était cela qui lui manquait, à lui, cette faculté de s'attacher à des banalités. Que ce fût du pain pour les mouettes, ou l'amour, il retournerait en Angleterre le chercher.
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En soi, la pratique du mensonge n'a rien de particulièrement éprouvant : c'est une question d'habitude professionnelle, une ressource que la plupart des gens peuvent acquérir. Mais alors que l'aigrefin, l'acteur de théâtre ou le joueur professionnel peuvent rejoindre les rangs de leurs admirateurs après la représentation, l'agent secret, lui, ne peut pas se payer le luxe de la détente. Pour lui, l'imposture est avant tout de l'autodéfense. Il doit se protéger non seulement des dangers extérieurs, mais aussi du dedans, et contre les plus naturelles des impulsions ; bien qu'il gagne parfois des fortunes, son rôle peut lui interdire l'achat d'un rasoir. Erudit, il peut se voir astreint à ne prononcer que des banalités. Mari et père de famille dévoué, il lui faut, en toute circonstance, refréner son envie de se confier aux siens.
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Nous avons une éthique, dans notre métier. Une éthique basée sur une seule présomption : que jamais nous ne serons les agresseurs. Si bien que nous faisons de temps à autre des choses désagréables, mais toujours strictement défensives, si je puis dire. Nous faisons des choses pas agréables pour que les gens puissent dormir en paix. […] Bien sûr, de temps en temps, nous commettons même des actes franchement répréhensibles. […] Je veux dire que vous ne pouvez pas vous montrer moins brutal que l’adversaire sous prétexte que votre gouvernement a adopté une politique disons… euh… tolérante, n’est-ce-pas ? Alors-là, ça ne ferait pas du tout l’affaire !
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Pour quoi prends-tu les espions ? C’est un minable défilé d’imbéciles vaniteux, de traitres aussi oui ; tu les imagines… comme des moines dans leur chapelle en train de soupeser le Bien et le Mal ?... Je l’aurais tué si j’avais pu. Je le vomis. Mais pas maintenant car ils ont besoin de lui pour permettre à la masse imbécile que tu admires tant de dormir sur ses deux oreilles. Ils ont besoin de lui pour assurer la sécurité des gens ordinaires, des minables comme toi et moi. Ils ne se dressent pas…sur un podium pour nous adjurer de nous battre pour la Paix ou pour Dieu ou pour n’importe quoi donc. Ce sont de pauvres cons qui s’évertuent à empêcher les apôtres de toutes les religions de s’entredévorer.
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