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Critique de Skorpionnan


Ce livre a été lu dans le cadre d'un partenariat et j'en remercie le site Babelio et les éditions Points

Lecture


Perry est un jeune universitaire anglais, professeur de littérature. Grand, dégingandé, il cache sous des airs très « british » un sportif de haut niveau. Sa compagne, Gaïl, est avocate et une très belle femme, de celles sur le passage desquelles les hommes se retournent.

Perry ne sait plus trop quelle orientation donner à son avenir : devenir professeur, écrire, ou opter pour un changement plus radical. Pour faire le point et se changer les idées, Gaïl et lui prennent une semaine de vacances aux Caraïbes. Ils y rencontrent un oligarque russe, force de la nature, chef de famille attendri et membre éminent de la mafia des « Vors ». S'ils s'affrontent sur le court de tennis, Perry et ce Dima sympathisent. Dima demande alors à Perry de devenir sa carte d'accès aux services secrets britanniques : confidences contre sécurité.

Mais Perry, s'il est solide, est aussi idéaliste et rêveur. La réalité des services de renseignements n'est pas celle qu'il croit, surtout lorsque les hommes de l'ombre sont en fait ceux que l'on voit souvent sous les projecteurs. Idéalisme et vertu peuvent-ils affronter corruption et pouvoir ?

Avis

Sans dévoiler le contenu du livre, John le Carré a articulé ce roman en trois parties.

La première partie, la rencontre, n'est pas vécue directement par le lecteur comme témoin. Mais elle est le résultat de l'histoire que raconte Perry qui la tient lui-même de Dima. Pendant un bon tiers du livre, on écoute donc une histoire à plusieurs relais. Cela permet à l'auteur de développer de façon intéressante la psychologie des trois protagonistes : Dima la source, immergé dans la mafia russe ; Gaïl et Perry , les relais et enfin les personnes qui reçoivent les confidences.

Outre le fait que j'aie eu du mal à adhérer à cette soudaine et improbable amitié passionnelle entre Perry et Dima, et bien que tout cela soit développé intelligemment, les différentes narrations, les perceptions particulières de chacun ajoutent une certaine distance avec le lecteur. Comme si chacun rajoutait un filtre et que ce qui arrivait au bout de ces couches successives n'était qu'un pâle reflet de la réalité. On retrouve pourtant ici une partie de huis-clos chère à l'auteur. Des bureaux que l'on imagine lambrissés, des hommes en costumes sombres, une vraie ambiance d'espionnage. Mais le manque de pression ou d'antagonismes et l'absence de réel enjeu rendent cela vain.

Dans la seconde partie, le récit se trouve confronté à la réalité. Ce que l'on gagne en vivacité, on le perd malheureusement en lisibilité. Surgissent un grand nombre de personnages, tous plus corrompus les uns que les autres, que l'on peine à identifier par leurs noms, noms de code, fonctions, histoires, rôle public ou rôle de l'ombre. La plus grande hâte est alors que ce défilé cesse un peu pour que l'on puisse essayer de faire le tri et deviner quelles sont les figures majeures.

Dans la troisième et dernière partie, la réalité prend le dessus. On ne vit alors plus l'histoire par procuration et l'on se retrouve de fait beaucoup plus concerné. Même si John le Carré n'est pas un auteur de romans d'action, il sait enchaîner les évènements pour qu'ils soient à la fois crédibles et inéluctables.

La chute est assez raide.

On retrouve dans ce livre ce qui fait la grande qualité des romans de cet auteur : une psychologie poussée des personnages, un savant machiavélisme, ainsi que certains de ses thèmes de prédilection : l'idéalisme du paladin, la noirceur et la paranoïa des professionnels, la nécessite et l'inutilité relative de la bonne volonté. Mais contrairement à d'autres romans, il manque ici de la maestria et de l'élan dynamique. le style de l'auteur est solide, on a pourtant l'impression que John le Carré fait du John le Carré… Pour tout dire, ce roman ronronne un peu et il ne m'a jamais emporté tout comme il ne m'a jamais lassé.

Le personnage de Perry est trop lisse. Il en devient énervant dans sa bonne volonté, sa perfection candide. J'ai regretté que, bien que j'y aie cru un instant, Gaïl, sa compagne, ne prenne le dessus et ne devienne le personnage principal. Elle est bien plus vivante et intéressante.

Conclusion :

Un roman bien écrit, plutôt agréable. Mais il laisse une impression de dispensable, manquant de force, il peine à marquer.

Ma note : 13/20.
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