AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de thedoc


Dans Etoile errante, Jean-Marie-Gustave le Clézio nous plonge dans les événements de la Seconde Guerre mondiale et du génocide des Juifs, mais surtout –souvent moins évoqués- sur la fondation d'Israël et le rôle de la communauté internationale.

L'histoire débute avec Esther, jeune adolescente juive, qui fuit la région de Nice occupée alors par les Allemands, avec ses parents. Ils font partie de tout un groupe d'autres Juifs. Le Clézio décrit le voyage vers l'Italie tout d'abord, pénible et dangereux. le père d'Esther d'ailleurs, parti en éclaireur, disparaîtra au cours de ce périple. Une fois arrivé en Italie, le groupe embarque sur un bateau, à destination de la Palestine. Là-bas, Esther devra lutter aussi bien contre les Anglais que contre les Palestiniens pour se faire une place et commencer une nouvelle vie.

Mais cette histoire n'est pas seulement celle d'Esther. Il y a également Nejma, jeune Palestinienne, qui comme Esther autrefois, se retrouve sur la route, chassée de chez elle. Esther croise un jour son regard dans lequel elle pourra lire la même peur et le même épuisement que celui qui se lisait sur son visage quand elle gravissait les montagnes la peur au ventre.
Paradoxalement, ce n'est pas dans ce roman la jeune juive qui connaît l'enfer des camps, mais la jeune Palestinienne, en exil dans son propre pays, orpheline de surcroît, de père et de mère. Les Palestiniens, à leurs tours, sont chassés de chez eux et, cette fois ci, ce sont Esther et les siens qui forcent des hommes, des femmes et des enfants à quitter leurs maisons et à abandonner tout ce qu'ils avaient.

L'histoire d'Esther tient beaucoup plus de place dans le roman que celle de Nejma. Toutefois, la partie qui est consacrée à Nejma est la partie centrale. A partir du bref instant de la rencontre entre les deux jeunes filles, l'image de Nejma va accompagner Esther pour toujours. A maintes reprises, celle-ci pense à la jeune Palestinienne qu'elle n'a fait que croiser. Aux toutes dernières pages du livre, elle exprime la force de cette présence en elle : «Je pense encore à Nejma, ma soeur perdue il y a si longtemps dans ce nuage de poussière du chemin, et que je dois retrouver».

Ce roman se déroule donc sur une longue période, 40 ans, qui vient jusqu'à nous. C'est l'histoire que nous vivons actuellement, avec ses conflits ethniques et religieux, ses cortèges de peuples déplacés, de réfugiés, d'exilés, autour de la Méditerranée ou ailleurs. Voici un roman "historique" mais toujours d'actualité. Mon préféré parmi tous ceux que j'ai lus de le Clézio.
Commenter  J’apprécie          140



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}