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EAN : 9782070426768
132 pages
Gallimard (02/01/2003)
3.47/5   46 notes
Résumé :
Deux enfants vivent une expérience qui bouleverse leur vie : Petite Croix, jeune aveugle en quête de la couleur bleu, découvre la beauté du monde au cours d'un étonnant voyage intérieur, tandis que Gaspar, élevé dans une ville, se voit révélé la liberté du nomadisme…
Des histoires insolites où les enfants sont des magiciens qui nous entraînent de l'autre côté du miroir. Récits initiatiques, passages d'un monde à un autre, ces nouvelles poétiques semblent nées... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Livre très mince, recueillant deux nouvelles assez déstabilisantes qui font se rencontrer des personnages venus de nulle part. Rencontres improbables qui ne manquent pas de poésie. Il y a d'abord, dans "Peuple du ciel" une petite fille aveugle, s'isolant aux confins de son village, qui reçoit la visite d'un soldat qui lui offre des fleurs et lui fait une description détaillée du paysage. Dans "Les bergers" c'est un jeune garçon qui arrive à l'improviste au milieu d'un groupe d'enfants, et qui s'intègre pendant un temps indéterminé dans leur vie nomade. Beaucoup de description de flore et de faune, parties de chasse... et un retour dans la vie antérieure... D'où venait-il? Où est-il allé? Est-ce rêve ou réalité? Des contrées qui ne disent pas leur nom, certainement quelque part en Afrique... Beaucoup de poésie, de superbes descriptions, une belle écriture...
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Peuple du ciel rassemble deux nouvelles tirées du recueil Mondo et autres histoires.La magie opère de nouveau. Le Clézio nous entraine. Voir le monde, et plus que de nous inviter à le voir il nous invite à le ressentir. le désert est un océan, le ciel une vibration de couleurs. L'enfance du monde commence là, dans les mots de JMG le Clézio. C'est une serre de vie où l'humain respire et grandit. Serein, certain que se trouve ailleurs d'autres mondes pour peu que l'horizon puisse porter son imagination au delà de ce qu'il voit, de ce qu'il pense savoir. On traverse l'espace, le temps, et on rejoint le peuple du ciel. "la beauté sauvera le monde " a écrit Dostoïevski sur les lèvres de L'Idiot. Oui, la beauté sauvera le monde. Et il fait si bon d'y songer.

Astrid Shriqui Garain
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Deux courtes nouvelles, extraites d'un ouvrage plus important (Mondo, 1978), permettent d'admirer, sans se faire trop de mal, le style venteux de J.M.G. le Clézio, qui possède le don de faire oublier au lecteur toute idée de construction narrative et d'intrigue. le style se veut épuré et pourtant ... une simple plage est décrite pendant quatre pages, si longues qu'on oublie à la fin qu'il s'agit d'une plage.

Il n'y a pas de souffle, pas d'émotions. Juste des sens, difficiles à éveiller. Quand Gabriel Garcia Marquez est associé au sublime concept de "réalisme magique", on pourrait être tenté, avec un peu de méchanceté, d'intervertir les concepts pour Le Clézio. Sa "magie réaliste" perd de son charme, l'idée est antithétique ; l'onirisme doit être un vent qui nous arrache vers l'ailleurs - errer sans but, même entre les lignes d'un prix Nobel, est vite fatiguant.
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Le livre de 132 pages à peine est un réel plaisir, de dépaysement. Il contient deux courtes histoires qui m'ont fait rêver. La première était pour moi, la plus belle. Une gamine, de huit ans peut-être, assise orteils à l'air en haut d'une montagne, écoute le vent, sent l'odeur du vent et passe son temps ainsi, un dépaysement garanti.
La seconde histoire, plus longue, raconte Gaspard un jeune gamin de la ville, qui rencontre cinq enfants qui gardent un troupeau de chèvres : il se lie d'amitiés avec eux, ne comprend pas leur langage mais va faire comme eux, déjà en marchant pieds nus sur le sol caillouteux et aride. Une grande amitié se crée
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Deux nouvelles de le Clezio avec comme cadre le désert. Je n'ai pas accroché à la première, très brève. La seconde, "Les bergers", beaucoup plus longue m'a peu à peu captivé. On y suit un garçon, Gaspar, qui rejoint on ne sait trop dans quelle circonstance un groupe d'enfants qui garde des chèvres. Gaspar ne parle pas la même langue que les bergers mais il va s'attacher à vivre comme eux. Ils vont rejoindre une oasis, Genna et s'installer là, provisoirement, jusqu'à ce que des évènements les en chassent. Il y a des scènes magnifiques dans cette histoire, comme celle avec le "roi de Genna" (un majestueux volatile) ou avec Nach, le serpent. Le Clezio ne cherche pas les effets narratifs, il attend que ceux-ci se manifestent, et c'est bien ainsi.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La route droite et longue traversait le pays des dunes. Il n'y avait rien d'autre ici que le sable, les arbustes épineux, les herbes sèches qui craquent sous les pieds et, par-dessus tout cela, le grand ciel noir de la nuit. dans le vent, on entendait distinctement tous les bruits, les bruits mystérieux de la nuit qui effraient un peu. Des sortes de petits craquements, que font les pierres qui se resserrent, les crissements du sable sous les semelles des chaussures, les brindilles qui se cassent. La terre paraissait immense à cause de ces bruits, à cause du ciel noir aussi et des étoiles qui brillaient d'un éclat fixe. Le temps paraissait immense, très lent, avec par instants de drôles d'accélérations incompréhensibles, des vertiges, comme si on traversait le courant d'un fleuve. On marchait dans l'espace, comme suspendu dans le vide parmi les amas d'étoiles.
(Les bergers)
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Petite Croix aimait surtout faire ceci : elle allait tout à fait au bout du village et elle s'asseyait en faisant un angle bien droit avec la terre durcie, quand le soleil chauffait beaucoup. Elle ne bougeait pas, ou presque, pendant des heures, le buste droit, les jambes bien étendues devant elle. Quelquefois ses mains bougeaient, comme si elles étaient indépendantes, en tirant sur les fibres d'herbe pour tresser des paniers ou des cordes. Elle était comme si elle regardait la terre au-dessous d'elle, sans penser à rien et sans attendre, simplement assise en angle droit sur la terre durcie, tout à fait au bout du village, là où la montagne cessait d'un seul coup et laissait la place au ciel.
(Peuple du ciel)
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Avant la nuit, les enfants construisirent une maison. Abel était l'architecte. Il avait coupé de longs roseaux et des branches. Avec l'aide des autres garçons, il avait formé la carcasse en ployant les roseaux en arc et en les liant au sommet avec des herbes. Puis il avait bouché les interstices avec de petites branches. Pendant ce temps, la petite Khaf et Augustin, l'un des jeunes garçons, accroupis au bord du lac, fabriquaient de la boue.
Quand la pâte fut prête, ils l'étalèrent sur les murs de la maison en tapotant avec les paumes de la main. Le travail avançait vite, et au coucher du soleil, la maison était finie. C'était une sorte d'igloo en terre, avec un côté ouvert pour entrer. Abel et Gaspar ne pouvaient y entrer qu'à quatre pattes, mais la petite Khaf pouvait s'y tenir droite. La maison était sur le bord du lac, au centre d'une plage de sable. Autour de la maison, les hautes herbes formaient une muraille verte. De l'autre côté du lac vivaient les hauts palmiers. Ce sont eux qui fournirent les feuilles pour le toit de la maison.
(Les bergers)
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Petite Croix écoute le bruit des pas du soldat. Il vient chaque jour à la même heure, quand le soleil brûle bien en face et que la terre dure est tiède sous les mains. Petite Croix ne l'entend pas toujours arriver, parce qu'il marche sans faire de bruit sur ses semelles de caoutchouc. Il s'assoit sur un caillou, à côté d'elle, et il la regarde un bon moment sans rien dire. Mais Petite Croix sent son regard posé sur elle, et elle demande :
"Qui est là?"
C'est un étranger, il ne parle pas bien la langue du pays, comme ceux qui viennent des grandes villes, près de la mer. Quand Petite Croix lui a demandé qui il était, il a dit qu'il était soldat, et il a parlé de la guerre qu'il y avait eu autrefois, dans un pays lointain. Mais peut-être qu'il n'est plus soldat maintenant.
Quand il arrive, il lui porte quelques fleurs sauvages qu'il a cueillies en marchant le long du sentier qui monte jusqu'en haut de la falaise. Ce sont des fleurs maigres et longues, avec des pétales écartés, et qui sentent comme les moutons. Mais Petite Croix les aime bien, et elle les serre dans ses mains.
(Peuple du ciel)
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(...) Le soldat plaisante, et pourtant il sent cela, lui aussi, et le bruit des réacteurs dans la stratosphère fait battre son coeur plus vite.
Il voit le vol du Stratofortress au-dessus de la mer, vers la Corée, pendant des heures longues ; les vagues sur la mer ressemblent à des rides, le ciel est lisse et pur, bleu sombre au zénith, bleu turquoise à l'horizon, comme si le crépuscule n'en finissait jamais. Dans les soutes de l'avion géant, les bombes sont rangées les unes à côté des autres, la mort en tonnes.
Puis l'avion s'éloigne vers son désert, lentement, et le vent balaie peu à peu le sillage blanc de la condensation. Le silence qui suit est lourd, presque douloureux, et le soldat doit faire un effort pour se lever de la pierre sur laquelle il est assis. Il reste un instant debout, il regarde la petite fille assise en équerre sur la terre durcie.
"Je m'en vais", dit-il.
"Revenez demain", dit Petite Croix.
Le soldat hésite à dire qu'il ne reviendra pas demain, ni après ni aucun autre jour peut-être, parce qu'il doit s'envoler lui aussi vers la Corée. Mais il n'ose rien dire, il répète seulement encore une fois, et sa voix est maladroite :
"Je m'en vais."
(Peuple du ciel)
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Vidéo de J.M.G. Le Clézio
Cette semaine, La Grande Librairie s'installe à Marseille et propose une émission exceptionnelle, en public, à l'occasion des Nuits de la lecture et des 10 ans du Mucem. Au coeur de ce musée dédié aux cultures de la Méditerranée, des écrivains, des librairies et des lecteurs pour une soirée dédiée aux mots, aux mille identités de l'espace méditerranéen, et à cette idée que la littérature est toujours un lieu de rencontres, de partage et de commun.
Augustin Trapenard est donc allé à la rencontre du lauréat du prix Nobel 2008 Jean-Marie Gustave le Clézio. Il est venu présenter son dernier ouvrage, "Identité nomade" (Robert Laffont), explorant son parcours d'écrivain, ses voyages et ses affiliations. L'auteur s'interroge également sur le pouvoir de la littérature dans le monde contemporain. Un récit introspectif captivant sur l'essence de l'écriture. le tout, durant une magnifique balade à Nice, ville qui l'a vu naître.
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