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EAN : 9782070316908
544 pages
Gallimard (30/09/2004)
3.96/5   78 notes
Résumé :
"Ce n'est pas le paradis qui est perdu, c'est le temps avec ses révolutions. Nice, dans les années cinquante et soixante, était l'endroit rêvé où rendre un culte intérieur et un peu désespéré à l'île Maurice de mes ancêtres. La réalité semblait ne cesser de s'y transformer, des populations très pauvres, venues de tous les coins de l'Europe et de l'Asie, des Russes, des Italiens, des Grecs, des émigrés africains, et les premiers rapatriés fuyant la guerre d'Algérie, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Une fois refermé, ce livre m'évoque les livres "pop-up". Vous savez, ces architectures de papier qui s'ouvrent et se déplient pour vous laisser admiratif.
C'est dire s'il m'a laissé bien des étoiles dans les yeux et les pensées...
Là, à l'image de ces découpages de papier ciselés, ce sont les phrases, les mots qui se déplient, s'étalent, se déroulent pour narrer l'histoire d'une famille, les Marro et faire en ombre, le récit de l'Histoire avec un grand H, comme un horizon, un paysage pour y laisser s'animer ces vies.

A travers la rencontre de Jean Marro dans les années soixante, les souvenirs de la famille évoqués font se rembobiner le temps et font revivre ces destinées qui ont traversé les mers et les océans, pour s'établir à l'île Maurice ou en Malaisie et pour en être chassées par la ruine.

De la Révolution française, de Valmy, des sols détrempés des forêts d'Argonne aux rives de l'Isle de France - ainsi qu'on appelait l'Ile Maurice jusqu'en 1814, de la Bretagne tout en misère des temps du soulèvement révolutionnaire et se remémorant la perte de l'indépendance de cette région au milieu qu XVIième siècle, des années soixante en métropole à la guerre d'Algérie et ses questionnements humains, de la contestation de Mai 68 à la Révolution en reflet de la même année au Mexique, des rêves de Liberté à la condition des esclaves, de leur affranchissement aux pas en arrière de ceux qui gouvernent qui les font redevenir des être entravés, dans une écriture riche et enveloppante dont on se détache difficilement, dans une course effrénée derrière le temps qui s'enfuit et les existences qui s'écrivent dans le trop éphémère, J.M.G. le Clézio convie à rencontrer tous ces êtres bousculés par L Histoire, se croyant libres, pour être de nouveau enfermés ou asservis, rêvant de domaines et plus encore de vies en accord avec les principes d'équité quand ils sont spoliés par plus roués et moins intègres qu'eux. Autant de voix qui s'élèvent pour raconter ces enfilades d'époques, pour raviver telle ou telle existence.



Venez, approchez-vous, et écoutez la grand-tante, Catherine, faisant revivre ses souvenirs pour Jean, qui invite à pénétrer les allées de Rozilis, la propriété tant aimée et perdue, dans ces paysages luxuriants et sonores des bruits d'oiseaux, dans le chatoiement arc-en-ciel des plumages, pour rencontrer cette famille.

C'est encore elle, Catherine, digne et intimidante, vulnérable et fragile, dont les propos jalonnent le récit et qui, ainsi, guide à travers les terres, à travers les eaux, à travers L Histoire, dépliant un récit envoûtant autant qu'enrichissant pour redonner vie à une famille et aux époques traversées. Venez écouter le murmure des îles et humer la senteur vanillée du thé...



Un livre captivant, tout à la fois terriblement sonore et olfactif qui donne envie de suivre Jean Marro et de retourner sur les traces de ses ancêtres, découvrir les lieux et toucher L Histoire qui palpite dans toutes ces vies croisées. Et de retourner très vite vers la très belle écriture de J.M.G. le Clézio


« Sur les photos ces gens paraissaient invincibles, indéracinables, par la force qui les unissait les uns aux autres ; pourtant, si on regardait bien, on percevait un petit frisson, un tremblement léger, parce que c'est l'éternité qui est fragile, pas la vie. »
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JMG le Clézio nous offre une fresque qui va de la Révolution française à la décolonisation : une multitude de personnages attachants et de lieux à travers le monde.

Nous sommes happés par ce récit grâce à l'écriture profonde de l'auteur.

Très belle découverte !
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Deux narrations se mêlent dans un espace-temps qui s'étire de 1792 à nos jours, de la Bretagne du 18ème siècle au Nice des années cinquante en passant par l'Ile Maurice et la Malaisie.
Vieille et aveugle, Catherine, la grand-tante de Jean vit seule dans un appartement niçois, au dernier étage de l'immeuble La Kataviva, souvenir d'un nom russe, entre ses meubles dont elle connaît parfaitement les contours et son “ secret ”: un album-photos hors d'âge et un vieux cahier où le fondateur de lignée à Maurice, Jean-Eudes Marro raconte son histoire, des horreurs de la bataille de l'Argonne en 1792 à son exil à Maurice avec sa jeune femme Marie-Anne et leur bébé. La maison nommée Rozilis, en souvenir du bateau breton qui les a amenés, devient mythique, avec les colonnades de la varangue, son ravenala, arbre en forme d'éventail (l' ”arbre du voyageur ”) ramené de Madagascar et arraché lors de leur départ en 1915, indissociable avec la mort du fils Simon en France dans les tranchées et du grand-père Charles , un mois après, lien mystérieux qui unit les êtres, humains et végétaux.

Plus que les récits de guerre, aussi cruels ou enthousiastes soient-ils, on est sensible à la douceur de cet appartement du souvenir, à la longue interrogation du jeune Jean à sa grand-tante dans un “ Raconte ” insatiable. Et on se prend à rêver à tous les “ Raconte ” qu'on a dits, pas assez pourtant, aux vieillards de notre famille.

Jean, héritier de la terre de Bretagne comme de celle de Maurice mène une quête longue et difficile sur fond de guerre d'Algérie (il tient un relevé quotidien des morts et exécutés), sur fond de films des années 50-60 avec James Dean, au son des chansons de Mariano et de François Deguelt. Il va vivre des amours fugaces avant Mariam, celle qui le décidera finalement à devenir un mari. Nous le suivons au long de cette construction d'une vie d'homme, attachant, sincère, généreux, entre Londres et Mexico, ému par les Indios maltraités au Mexique, témoin de leur mouvements durement réprimés en 1968 avant les JO. Jean, héritier de deux terres, se lance dans la recherche des terres bretonnes de ses ancêtres, dans celle des horizons mauriciens, entre forêts et montagnes, là où des hommes d'affaires ont sacrifié la forêt pour la culture de la canne à sucre, dévastatrice pour l'écosystème, pour la production massive de bois précieux, fortune vite faite, paysages vite dénaturés, populations vite rejetées vers d'autre lieux. le capitalisme furieux du début du XXème siècle.

On se perd un peu quand Le Clézio fait intervenir une jeune Mozambicaine arrachée à sa terre par les esclavagistes pour l'amener à Maurice, au milieu de centaines d'autres Africains, puis quand Jean retourne dans le Morbihan à la recherche de l'Histoire, 1488, guerre entre Français et Bretons soutenus par les Anglais pour le rattachement de la Bretagne à la France, l'une des toutes premières provinces du royaume de France. On passe de la mélopée douce du griot au manuel d'Histoire.

Mais tous les ruisseaux se rejoignent au final dans un continuum, au fil des générations, pour recomposer l'histoire de la famille. “ Raconte ”, “ Raconte encore ”, ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes, héritiers de tous ces gens, de tous ces parcours, de tous ces chagrins et de tous ces espoirs. Raconte...
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Roman foisonnant, écrit au gré des souvenirs autobiographiques de JMG le Clézio, « Révolutions » nous offre un voyage dans le temps et l'espace. A travers deux récits qui se chevauchent, l'auteur nous entraîne dans l'histoire de Jean Marro – la sienne -, personnage principal du livre, et dans celle de ses ancêtres.

Jean Maro vit à Nice, dans les années cinquante. de nationalité britannique, il a vécu jusqu'à l'âge de 8 ans en Malaisie et cette nouvelle vie sur Nice est pour lui un changement radical. Chaque jour, après l'école, il rejoint sa tante Catherine, aveugle, dans l'immeuble de la Kataviva. Là, sous les mansardes, la grande tante lui raconte le passé de la famille : l'île Maurice d'avant l'indépendance, la maison de Rozilis, les mots créoles qui reviennent comme une musique, le paradis perdu et Jean-Eudes, l'ancêtre révolutionnaire qui a combattu les Autrichiens à Valmy et s'est exilé à Maurice. Mais si Jean replonge dans la mémoire familiale, il vit également dans son époque. A travers son histoire, nous découvrons le Nice des années cinquante-soixante, une ville qui inspire au personnage des sentiments ambivalents. Nous suivons également avec lui, sur les écrans de cinéma, les événements de la guerre d'Algérie : les attentats, les morts, les atrocités… Nous partons ensuite à Londres où le jeune homme se lance dans des études de médecine, puis direction le Mexique…

Des révolutions, c'est effectivement celles qui ponctuent l'histoire de Jean et de ses ancêtres, et celles que suit le lecteur. Avec ce roman, nous traversons les siècles et les continents, accompagnons la Révolution française jusqu'aux frontières où elle se bat contre les armées prussienne et autrichienne et assistons à la décolonisation. le récit est riche en références et événements historiques et – comme toujours chez Le Clézio – riche en humanité avec des personnages nombreux et variés. Des destins se croisent, certains plus malheureux que d'autres.
Avec ce livre complètement autobiographique nous découvrons la vie de JMG le Clézio. L'histoire de ses ancêtres et la sienne ressemblent à un roman. Pas étonnant qu'il soit devenu écrivain… et heureusement pour nous.
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C'est un roman ancré dans les histoires, celle qu'on dit avec un grand H et plus modestement l'histoire familiale de l'auteur à plusieurs époques : l'époque de la révolution française, de ses drames et de ses famines qui ont conduit les ancêtres de Jean à l'exil ; et l'époque de la guerre d'Algérie, la révolution d'un autre peuple qui réclamait le droit à disposer de lui-même. C'est Jean qu'on suit dans son évolution de l'enfance à l'âge adulte, dans sa quête d'identité qui passe par la mémoire de la Tante Catherine, un personnage auquel il est difficile de ne pas s'attacher, une vieille femme à la fois forte et vulnérable ; intransigeante et dépendante ; sortie tout droit de la réalité d'une famille à laquelle on appartient presque. Elle incarne le passé, la nostalgie d'un paradis perdu que l'on perd à tout jamais lorsqu'elle meurt. le personnage de Jean qui incarne la jeunesse et l'avenir, par contre, devient vite agaçant au fil du roman et de sa croissance. C'est sans doute un double de l'auteur et celui-ci le traite sans ménagement. Deux époques donc essentiellement qui rendent la narration un peu décousue mais tout de même facile à suivre jusqu'à ce que l'auteur nous perde dans les digressions qui nous mènent au Mexique en révolte en 1968 (à cause du titre du roman, je m'attendais alors à y trouver un pan de la révolution mexicaine) puis de nouveau à l'Île Maurice dans une histoire du point de vue de l'esclave et encore en Bretagne dans un passé plus lointain, quand celle-ci est devenue française.
En résumé, bien que la lecture en ait été agréable, ce roman aurait mérité d'être élagué ; il y aurait sans doute gagné une étoile de plus dans ma classification personnelle…
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Ce sont les bruits et les odeurs qui manquent le plus à la mémoire, comme s'ils étaient les éléments les plus réels, la substance du temps perdu.
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Ce qui peut être dit et pensé doit être
car l'être est et le néant n'est pas.

Citation de Parménide d'Élée
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La langue bretonne elle-même devenait condamnable aux yeux des Jacobins. Le député Barère n'avait-il par déclaré à l'Assemblée, en réponse aux requêtes des bretons, que le fédéralisme et la superstition parlent le breton. La loi du 30 vendémiaire de l'an II, article 7, proclamait que dans toutes les parties de la République, l'instruction doit être faite seulement en français.
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Jean avait écrit, dans un cahier noir, les nouvelles de la guerre d'Algérie. Il ne savait pas pourquoi, ni à quoi cela pouvait servir. C'était un journal, peut-être, comme le miroir aigu, cassé, strident de cette mort qui circulait derrière tout, qui entourait Santos, qui menaçait chacun de ces garçons jusque dans la forteresse grise du lycée.
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C'est ainsi qu'il me vint peu à peu l'idée de partir, de m'en aller avec Marie Anne, le plus loin possible, pour vivre dans un autre monde où tout serait neuf, où je pourrais travailler et être libre, hors de portée de la vindicte des parvenus politiques et des faux patriotes.
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Cette semaine, La Grande Librairie s'installe à Marseille et propose une émission exceptionnelle, en public, à l'occasion des Nuits de la lecture et des 10 ans du Mucem. Au coeur de ce musée dédié aux cultures de la Méditerranée, des écrivains, des librairies et des lecteurs pour une soirée dédiée aux mots, aux mille identités de l'espace méditerranéen, et à cette idée que la littérature est toujours un lieu de rencontres, de partage et de commun.
Augustin Trapenard est donc allé à la rencontre du lauréat du prix Nobel 2008 Jean-Marie Gustave le Clézio. Il est venu présenter son dernier ouvrage, "Identité nomade" (Robert Laffont), explorant son parcours d'écrivain, ses voyages et ses affiliations. L'auteur s'interroge également sur le pouvoir de la littérature dans le monde contemporain. Un récit introspectif captivant sur l'essence de l'écriture. le tout, durant une magnifique balade à Nice, ville qui l'a vu naître.
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