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Patrick Reumaux (Traducteur)
EAN : 9782752904577
366 pages
Phébus (06/05/2010)
3.75/5   10 notes
Résumé :
Elle n'a pas eu beaucoup de chance dans sa jeunesse. la pauvre Ethel W are ! Après avoir successivement perdu sa sueur. sa mère. son père et sa fortune. elle se retrouve pauvre et solitaire. Recueillie par un riche aristocrate. elle va vite subir les persécutions du neveu de celui-ci. Richard Marston. un inquiétant séducteur qui ne songe qu'à profiter de sa candeur pour s'emparer de l'argent du vieillard. Pourra-t-elle échapper au complot machiavélique qui se trame ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il s'agit du dernier roman de l'auteur irlandais Sheridan le Fanu, né en 1814, et qu'on compare souvent à Wilkie Collins. Et c'est vrai que leurs univers sont similaires, des jeunes femmes innocentes et pures de la bonne société sont la proie d'hommes malfaisants, attirés par l'appât du gain...
"Je m'appelle Ethel Ware. Ma petite personne n'offre pas le moindre intérêt : vous en serez juge. J'aurai quarante-deux ans le 1er mai 1873, et je suis toujours célibataire. Je n'ai pas l'air, me dit-on, de la vieille fille que je suis. On ne me donne pas trente-cinq ans et, assise devant le miroir, je vois bien que mes traits n'ont rien de maussade ni de revêche. Qu'est-ce que cela peut faire ? Évidemment, je ne me marierai jamais et, en toute honnêteté, je me moque bien de plaire à quelqu'un. Si j'avais le moindre souci de mon physique, j'aurai probablement un pire aspect."
C'est sur ces mots durs que s'ouvre la confession de la narratrice Ethel Ware, au soir de sa vie, alors qu'elle a assisté, impuissante, à la lente déréliction de son existence...
Alors qu'elle vit paisiblement dans la campagne galloise, elle perd sa soeur chérie suite à un refroidissement, puis sa chère gouvernante Laura Grey disparaît sans un mot. Elle voit rarement ses parents, qui mènent de leur côté une existence mondaine au rythme des saisons londoniennes. Au fur et à mesure de son isolement, d'inquiétants personnages (sûrement des papistes !) aux desseins aussi sombres que leurs yeux resserrent leur toile autour d'elle... Et les vautours se rapprochent encore davantage quand son seul soutien masculin, son père, se suicide, au désespoir de se voir ruiné par d'odieuses manigances... Elle se rapproche alors de sa mère, qui succombe à son tour. Littéralement jetée à la rue, elle est finalement recueillie par un amoureux éconduit de sa mère, mais son séduisant neveu refait surface, bien décidé à avoir sa part de l'héritage du vieux bonhomme...
Ethel, qui ne peut plus compter que sur elle-même, sera-t-elle assez forte ? Vous l'aurez compris, l'intrigue ne brille pas par son originalité mais plutôt par l'atmosphère sombre que l'auteur met en place subtilement, centrée sur la condition des femmes de cette époque, à la merci des prédateurs de leur entourage, servie par une écriture fluide et sans chichis, qu'on se surprend à dévorer avidement pour découvrir quelle morale va l'emporter...
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“Dieu merci, j'ai passé mon enfance dans un endroit tranquille, loin du tumulte effrayant du monde. Dans le paysage, pas de rôdeurs ; peu de capital ; aucune entreprise ; les bonnes gens, assoupis ! Les changements catastrophiques qui, ailleurs, apportent un impitoyable lot d'oubli sont ici impensables. Je regarde un paysage aussi immuable que le ciel lui-même. L'été arrive, puis disparaît ; l'automne fait tomber les feuilles, l'hiver voit venir la neige. Toutes choses demeurent ici telles que mes yeux arrondis de petite fille les ont contemplées, avec un naïf et délicieux étonnement, quand le monde s'est pour la première fois offert à eux. Les arbres, la tour, l'échalier, les pierres tombales mêmes sont mes premiers amis. Je tends les bras vers les montagnes comme si je pouvais les serrer contre mon coeur. Et, dans la trouée entre les vieux arbres, le grand estuaire s'étend vers le nord, de plus en plus large, pour se perdre à l'horizon de la haute mer.”

C'est à l'automne de sa vie qu'Ethel Ware, l'héroïne du roman de Sheridan le Fanu, décide de jeter un oeil sur son passé tourmenté. Son enfance se déroule dans le superbe paysage gallois de la propriété familiale appelée Malory. Les journées s'y écoulent paisiblement, au milieu du paysage tant aimé par Ethel. Les parents sont très souvent absents, préférant le tumulte de la vie mondaine à l'isolement de la campagne. Ethel partage la propriété avec sa soeur Nelly, leur gouvernante Laura Grey, la vieille intendante Rebecca et un jeune jésuite, Mr Carmel, locataire d'une aile de Malory. le calme, la tranquillité ne vont malheureusement pas durer et le ciel d'Ethel va terriblement s'assombrir. Ses malheurs débutent avec la mort de sa jeune soeur suite à un refroidissement. le destin semble ensuite s'acharner sur la pauvre Ethel.

Joseph Sheridan le Fanu est un grand spécialiste du roman gothique et il sait utiliser tous les ingrédients nécessaires à sa composition. La jeune Ethel Ware voit son paisible destin totalement basculer. Elle doit seule faire face à la mort de ses proches et à la misère. Bien entendu, un ennemi terrifiant et séduisant se tient sans cesse dans l'ombre et met en place des plans machiavéliques pour nuire à l'innocente jeune femme. le paysage gallois devient lui-même inquiétant ; le château de Malory est isolé, les éléments se déchaînent sous la forme d'une terrible tempête. Ajoutez à cela des moines étranges et suspicieux et vous obtiendrez une ambiance parfaite pour un roman gothique où chaque rencontre semble dangereuse. Le Fanu sait parfaitement distiller l'angoisse, le mystère. le suspense augmente page après page pour piéger le lecteur. Sheridan le Fanu est un excellent conteur qui sait nous mener par le bout du nez. de plus il y a dans “Désir de mort” une tonalité très sombre. Il se dégage du récit d'Ethel une très forte mélancolie. Sa vie s'est arrêtée avec les nombreux bouleversements décrits dans le roman. A 42 ans, lorsqu'elle commence ses mémoires, elle ne semble attendre que la mort. le passé, la tristesse occupent seuls ses journées. On est loin des fins heureuses de Mary Elizabeth Braddon !

Sheridan le Fanu est pour moi un auteur classique, vers lequel je me tourne avec plaisir lorsque l'envie me vient d'un roman gothique de qualité.
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Dieu merci, j’ai passé mon enfance dans un endroit tranquille, loin du tumulte effrayant du monde. Dans le paysage, pas de rôdeurs ; peu de capital ; aucune entreprise ; les bonnes gens, assoupis ! Les changements catastrophiques qui, ailleurs, apportent un impitoyable lot d’oubli sont ici impensables. Je regarde un paysage aussi immuable que le ciel lui-même. L’été arrive, puis disparaît ; l’automne fait tomber les feuilles, l’hiver voit venir la neige. Toutes choses demeurent ici telles que mes yeux arrondis de petite fille les ont contemplées, avec un naïf et délicieux étonnement, quand le monde s’est pour la première fois offert à eux. Les arbres, la tour, l’échalier, les pierres tombales mêmes sont mes premiers amis. Je tends les bras vers les montagnes comme si je pouvais les serrer contre mon cœur. Et, dans la trouée entre les vieux arbres, le grand estuaire s’étend vers le nord, de plus en plus large, pour se perdre à l’horizon de la haute mer.
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Vidéo de Joseph Sheridan Le Fanu
BANDE ANNONCE - "Carmilla" - LE FANU & MAZZANTI .BANDE ANNONCE - "Carmilla" - LE FANU & MAZZANTI Collection Métamorphose - Éditions Soleil EN LIBRAIRIE LE 8 OCTOBRE 2014 © ÉDITIONS SOLEIL / MAZZANTI À l?occasion du 200e anniversaire de la naissance de le Fanu, Isabella Mazzanti illustre de façon sensible, sombre et romantique « Carmilla », une ?uvre majeure de la littérature vampirique du XIXe siècle, métaphore implacable de l?amour interdit. Bram Stoker reconnaîtra plus tard la dette qu?il a envers son compatriote lors de la parution, en 1897, de « Dracula », roman devenu culte.
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