Début XIXème , l'industrialisation s'invite dans le monde du travail et va générer des bouleversements importants tant dans les rapports sociaux que dans l'espace privé de chaque travailleur. Dans les régions où l'industrialisation est massive, les manufactures se multiplient : tous y travaillent, hommes, femmes et enfants. Les conditions, les contraintes, le rendement sont les mêmes quel que soit le sexe ou l'âge. Les revenus issus du travail sont si maigres que toute la famille doit s'y coller si l'on veut subsister. le patron régit le quotidien des ouvriers et de leurs familles, en construisant des cités aux abords de l'usine, en créant des commerces, en salariant un médecin : un monde clos voit le jour. le patron, figure patriarcale, seul législateur, instaure une « neo-féodalité despotique ». Il impose un temps précis, celui de l'horloge. le travail n'est plus alors rythmé par les saisons, le lever du soleil. le temps devient une unité de compte économique, le temps du travail devient un temps social.
Le passage du contrat de louage au contrat de travail marque une première étape dans la reconnaissance par l'Etat de la nécessité de protéger les travailleurs, le rapport de force est par trop inégal. Entre 1880 et 1936, le travail – ses conditions et les relations contractuelles qui lui sont inhérentes – devient un objet qu'il s'agit de règlementer sous peine de débordements et d'émeutes. de nombreuses lois viennent garantir le cadre de son exercice, la santé, la protection, la prévoyance. En 1904, par exemple, la loi Millerand introduit une durée légale de travail quotidien : ce sera, pour tous, 10 heures. C'est, à l'époque, une véritable avancée pour les travailleurs…
L'auteur déroule donc cette histoire jusque dans les années 2000. On connait davantage les évolutions qui suivent la période de 36 et du Front Populaire, les congés payés notamment. J'ai donc été davantage intéressée par le récit des décennies précédentes. Il est important, me semble-t-il, de se remémorer les grands combats menés de concert par le prolétariat et les courants politiques réformateurs, catholiques et socialistes qui ont permis que soient reconnus des droits à tous les travailleurs. du silence à la parole ou comment l'ouvrier, le salarié accède à un statut, obtient le droit de s'exprimer, d'être représenté par des instances collectives, de voir ses conditions de travail améliorées. Très intéressant, très bien écrit, dans un style inhabituel pour ce type d'ouvrage.
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Droit des corps-machine, droit des corps muet, droit de la non-parole, droit du non-droit pour les ouvriers, bref droit du silence, imposé à une masse instrumentale réduite au statut de "chair mécanique", placée sous la férule du maître des lieux, maître du temps, maître de la parole.
C'est à travers de nouvelles sources, étudiées par une jeune génération de chercheurs, en parties ignorées par Jacques le Goff – enquêtes royales, archives judiciaires, actes de la pratique – qu'une autre histoire de Louis IX s'écrit et qui fera l'objet de ce colloque international.
Pour en savoir plus : https://bit.ly/3r0wCfM
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