Le nom d'Yvon le Men ne m'était pas totalement inconnu, soit parce que j'en avais entendu parler quand il a reçu le prix Goncourt de la poésie (sans que j'y prête vraiment attention), soit parce que des noms bretons, ce n'est pas vraiment ce qui manque dans ma mémoire. Une île en terre a été une plaisante découverte pour moi. J'ai trouvé sa poésie assez simple et douce, faite de quotidien et de souvenirs. J'ai été touchée par les pans de la mémoire familiale qui y sont explorés et, dans les poèmes "Contrepoint", par les élans de l'imaginaire du poète. Je me suis plu à entendre mes propres grands-parents et ma propre Bretagne dans les images et dans les conversations reprises dans ce recueil. C'était dans l'ensemble une belle lecture, pas des plus bouleversantes, mais qui m'aura bien portée un instant.
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Un recueil deuil l'au revoir à la terre aux siens les geste le quotidien qui définit si bien demain et puis hier et puis l'absence définitivement morte le pays tombes l'arbre caresse
Un recueil mélancolie d'amour plein ou les mains et les corps « glissent à vide » ou les « jours se ferment » certains après-midis de couleurs encore.
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Va à l’étranger comme chez ton ami
et chez ton ami comme à l’étranger
Depuis longtemps nos langues nous séparent
malgré les montagnes
les plaines
les rivières
que nous avons grimpées
traversées
longées
depuis longtemps nos dieux nous séparent
malgré le désert
le ciel
la mer
que nous avons priés
Le pommier est-il l’étranger du pin
l’oranger, celui du chêne
le reflet du peuplier dans la rivière de Castille
est-il plus clair que celui du bouleau
dans un lac de Finlande
la neige qui tombe à Odense
au Danemark
le jour de Noël
est-elle plus blanche
que celle qui tombe des rêves du Touareg
à Bamako
le jour de L’Aïd
la lune que je contemple ce soir
dans l’hémisphère nord
est-elle plus ronde
que celle qu’on ne voit pas ce soir
dans l’hémisphère sud ?
Depuis longtemps nos langues nous attirent
grâce aux pains
aux chants
que nous partageons
autour de la même table
et la main qui m’ouvre le chemin
dans ce pays où je me perds
m’est plus proche
que celle qui menace
dans mon pays où l’on se perd
dès que de l’autre côté de la route
qui relie nos villages
nos quartiers
dans notre ville
de notre pays
ils font de l’inconnu
un étranger.
La main qui m’ouvre le chemin
dans ce pays où je me perds
m’est plus proche
que celle qui menace
dans mon pays où l’on se perd
dès que de l’autre côté de la route
qui relie nos villages
nos quartiers
dans notre ville
de notre pays
ils font de l’inconnu
un étranger.
Elle est assise
dans ses quarante kilos
devant la mer
vaste
comme les questions
qu’elle se pose
j’imagine
devant la mort
Tu étais
une femme avec un homme
qui t’attend depuis presque vingt ans
l’âge que tu avais toujours
quand tu parlais de lui
Il neigeait
et tu as dit ce jour-là
c'est tout noir
et j'ai su ce jour-là
que tu connaissais le pays du poème
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac
Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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