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EAN : 9782262036287
420 pages
Perrin (07/04/2011)
4.33/5   3 notes
Résumé :
En 2011 seront célébrés les trente ans de l’abolition de la peine de mort en France. Une idée qui cheminait depuis deux siècles et donna lieu à des combats et des débats d'une extrême violence. La loi Badinter en 1981 allait en marquer la fin... Jean-Yves Le Naour raconte ici la genèse dans une synthèse remarquable.

Rarement un sujet n'aura été autant le reflet des mentalités d'un peuple, débordant le cadre des seules convictions politiques. En parta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai fait, l'an dernier, une conférence dont le titre était : « Trois écrivains face à la peine de mort : Victor Hugo, Albert Camus et Robert Badinter. », c'est dire si le livre de Jean Yves le Naour m'a intéressé.
J'y ai retrouvé, évidemment, mes trois écrivains et leur combat contre la peine de mort mais pas seulement. Dans cette « Histoire de l'abolition de la peine de mort : Deux cents ans de combats. » Ed. Perrin 2011, Jean Yves le Naour retrace le difficile combat mené depuis ce jour ou le Marquis de Beccaria dans son petit livre : » Des délits et des peines » publié en 1764 démontrait que la peine de mort était une peine totalement inutile. C'était la première fois que cela était dit et la peine de mort paraissait tout a fait « naturelle » jusque là.
Le livre de Beccaria eut un succès considérable mais le combat contre la peine de mort fut pourtant, par la suite long et difficile et si les étudiants de Monsieur Badinter trouvent naturel que ce châtiment ait disparu le combat fut long et comme le dit très bien Robert Badinter dans sa préface : » cet ouvrage est aussi et surtout la chronique navrante du manque de courage politique des élus depuis la Révolution. »
La chronique du combat des abolitionnistes depuis la Révolution jusqu'à la suppression en France de la peine de mort en 1981 est passionnante et, bien que très documenté, ce livre se lit avec plaisir.
Pour tous ceux qui veulent réfléchir et comprendre le long chemin de l'abolition (il y a encore de trop nombreux pays qui pratiquent la peine de mort) ce livre est un document essentiel à lire et à étudier avec les deux ouvrages capitaux de Robert Badinter : « L'exécution » et « L'abolition ».
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Pour nombre de jeunes nés après 1981, comme moi, que la peine de mort soit abolie semble une évidence. Comme le souligne Robert BADINTER dans la préface, dès les premières lignes :
« La peine de mort est (…) un sujet d'étude, en histoire, en littérature ou en philosophie (…). »
En effet, dans mon cas, cela a pris la forme d'une dissertation en seconde, et qu'on put ne serait-ce que penser qu'on puisse l'appliquer de nouveau nous semblait une aberration ! Bien sûr je savais que cela n'avait pas toujours été le cas et qu'il avait fallu attendre 1981 pour que la France l'abolisse définitivement. Mais c'était à peu près tout. Dommage que je ne sois pas tombé sur un tel livre alors à l'époque pour mieux me rendre compte des difficultés qu'il a fallut surmonter et surtout du lent cheminement pris dans les consciences pour en arriver là.
Si on peut imaginer que le combat fit rage dès les Lumières entre partisans de l'abolition et ceux de la peine capitale, on se doute moins des querelles qui ont secoué les abolitionnistes entre eux. Car, abolir la peine de mort est une chose, mais faut-il alors la remplacer par une peine tout aussi sévère ? Et si oui laquelle ? Qui puisse marquer les esprits si possible pour ne pas encourager les esprits criminels qui pourraient croire qu'on peut agir en tout impunité…
Mais avant d'arriver là, il a fallu se poser la question de savoir quel crime méritait la mort : le vol de quelque textile ou de nourriture valait-il d'être aussi sévèrement puni qu'un meurtre ? Fallait-il alors tuer immédiatement ou faire souffrir le coupable – donc le torturer – pour qu'il regrette ?
Autant de questions qui n'ont cessé de traverser les deux cents ans de combats de cette lutte, et que Jean-Yves LE NAOUR narre de manière limpide et non rébarbative, et rend la lecture vraiment passionnante ! On a parfois l'impression de se trouver aux côtés des philosophes ou des députés à qui cette idée tenait si chèrement !
Cet ouvrage permet aussi de prendre conscience de la force de l'opinion publique mais surtout de l'influence néfaste que peuvent avoir les medias dès le début du XX ème siècle pour vendre du papier. Sans oublier la pusillanimité des dirigeants et/ou des députés qui préfèrent flatter le bon peuple et le brosser dans le sens du poil pour se faire réélire plutôt que d'avoir le courage de voter une loi foncièrement juste mais terriblement impopulaire… Et on serait tenter de penser que décidément parfois rien ne semble changer sous le soleil…
Voilà un livre qui devrait être lu par tous leslycéens et que les professeurs devraient faire connaître ! Assurément aussi un bon moyen de passer le temps intelligemment si on ne sait pas quoi faire pendant les vacances !
Lien : http://www.iti1801.net/blog/..
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La peine de mort. Qui ne s'est pas pausé la question quant à la nécessité ou non d'un tel châtiment ? Devons nous être aussi inhumain que l'homme le plus inhumain ?

Cet ouvrage retrace deux cent années d'un combat qui, jusqu'au bout, a pu semblé vain, et qui, aujourd'hui, encore suscite bien des débats de par la monde.

Deux cent ans de cheminement vers un petit peu plus d'humanité, vers l'appropriation d'un conscience collective. Une leçon de vie, une leçon de courage, magistralement écrite par un Jean-Yves le Naour plein de verve...

Un ouvrage à mettre entre toutes les mains, qui force à la réflexion... sans nul doute une forme de remise en question bien nécessaire...
Lien : http://testivore.com/histoir..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Le Christ n’a-t-il pas promis qu’il sera beaucoup pardonné à celui qui aura pardonné ? On aurait donc pu imaginer que l’expansion du christianisme dans un Empire romain qui préférait le bannissement à la mort de ses citoyens aurait conduit à une restriction profonde du droit de tuer. Il n’en fut rien. Une fois l’Empire christianisé, l’Eglise n’a certes pas manqué de se poser la question du droit de l’empereur à infliger la mort, mais elle l’a résolue par l’affirmative, se fondant sur la réponse du Christ à Ponce Pilate qui se vantait de pouvoir arbitrairement le relâcher ou le faire crucifier : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir s’il ne t’avait été donné d’en haut. » L’Eglise qui n’aime pas la peine de mort en reconnaît donc la légitimité en distinguant l’interdiction spirituelle de la nécessité temporelle et, plus encore, en élevant l’empereur ou le prince au rang de serviteur de Dieu.
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En France, le pouvoir royal est prudent et surtout pressé de n’agir que lentement, mais il n’est pas épargné par la vague réformiste qui submerge l’Europe. Le 24 août 1780, c’est un Louis XVI à moitié convaincu qui décide de faire un geste en supprimant la question préparatoire. Aussitôt les courtisans se mettent à flatter le roi pour ses généreux sentiments, à l’exemple de Muyart de Vouglans qui ne manque pas de culot après avoir tant vanté le rôle de la torture dans l’instruction et maudit l’esprit de réforme : « Il était réservé au meilleur et au plus juste de nos rois de renverser cette idole de sang que le paganisme, la barbarie et l’aveugle préjugé avaient élevée. Louis XVI vient enfin de venger l’outrage fait à la sainteté de la justice, à la droiture de la raison et à l’intérêt de la société. »
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L’homme n’est plus pour l’homme un objet si sacré ; on a une idée moins grande de sa dignité quand l’autorité publique se joue de sa vie. L’idée du meurtre inspire bien moins d’effroi lorsque la loi même en donne l’exemple et le spectacle ; l’horreur du crime diminue dès lors qu’elle ne le punit plus que par un autre crime. Gardez-vous bien de confondre l’efficacité des peines avec l’excès de la sévérité : l’un est absolument opposé à l’autre. Tout seconde les lois modérées ; tout conspire contre les lois cruelles.
On a observé que, dans les pays libres, les crimes étaient plus rares et les pénalités plus douces. Toutes les idées se tiennent. Les pays libres sont ceux où les droits de l’Homme sont respectés, et où, par conséquent, les lois sont justes.
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si l’usage de la torture pouvait être discuté, la légitimité de l’exécution capitale n’était quasiment jamais interrogée. N’avait-elle pas pour elle l’expérience des siècles ? Et comment aurait-on pu la percevoir comme un problème alors que, depuis l’aube de l’humanité, elle avait toujours constitué une solution au crime ? Et puis, contester à la société le droit de tuer, n’était-ce pas remettre en cause le droit du prince et plus encore celui de Dieu, de qui était censé émaner tout pouvoir temporel ?
C’est que la peine de mort, en effet, a longtemps tenu du sacrifice religieux, de l’offrande aux dieux pour calmer leur courroux, de la réparation d’une faute, d’un péché, d’une offense, par l’expiation et la souffrance.
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Il est vrai que depuis la chasse aux sorcières du XVIIe siècle, quand la possession ne relevait pas encore du médical mais du religieux, les esprits sensés regardent le bûcher purificateur avec une sainte horreur. Il ne doit pas y avoir de crime religieux, stipule ainsi De l’esprit des lois, qui se montre tout aussi circonspect vis-à-vis de l’hérésie et de la magie. Quant aux criminels contre nature et autres sodomites, ils ne doivent plus être brûlés, comme s’ils avaient offensé Dieu, mais poursuivis pour un banal attentat aux mœurs. « Il faut faire honorer la divinité et ne la venger jamais », conclut Montesquieu.
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Interview de Marko et Jean-Yves Le Naour pour Le réseau comète, chez Grand Angle
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