Grandes aventures, voyages excentriques : voilà ce que propose, en 1931, la section bleue des "Éditions Jules Tallandier" de Paris.
La collection est bleue comme la bibliothèque qui, dès le XVIIème siècle, proposait en France les premiers titres de littérature populaire.
La collection est bleue comme l'océan que, sous la plume de Gustave Lerouge, parcourt le sous-marin Jules Verne ...
Car le titre original de ce petit roman est bien "le sous-marin Jules Verne".
"Un drame sous-marin" est son deuxième titre.
C'est un bon roman, un peu naïf et charmant.
Le clin d'oeil au maître y est évident.
Le récit est fabriqué "à la manière de ...".
L'inévitable hommage y est rendu à Jules Verne et à son impérissable "20.000 lieues sous les mers".
C'est, selon Gustave Lerouge, "un hommage dû à ce romancier, dont les ouvrages sans prétention ont tant fait pour la vulgarisation des sciences".
D'ailleurs, "Un drame sous-marin", sans aucun doute, peut être qualifié de "Vernien" car, comme chez le maître, "la science souveraine y donne le bonheur à l'homme".
Alexandre Dumas est aussi évoqué.
Une petite escale sur l'île de Monte-Cristo en est l'occasion ...
Mais pour autant, lorsque l'on a dit tout cela, a-t-on tout dit ?
Un milliardaire philanthrope, le norvégien Ursen Stroëm, organise un sensationnel concours ouvert aux ingénieurs du monde entier.
Un fabuleux prix de cinq millions-or est offert à celui qui, dans un délai d'un an, dressera, seul, les plans d'un grand sous-marin à usage non militaire.
Le projet de Goël Mordax est choisi par un jury composé des plus illustres des savants du monde entier.
Il est porté en triomphe.
Mais pour lui, l'aventure ne fait que commencer.
Il s'est attiré la haine de Tony Fowler, son malheureux concurrent ...
Il va découvrir l'amour en la personne d'Edda Stroëm, la fille du milliardaire norvégien ...
On retrouve dans "Un drame sous-marin" de nombreux éléments présents dans toute l'oeuvre de fiction de Gustave Lerouge :
- son horreur de la guerre ... Gustave Lerouge évoque une guerre mondiale voulue par des impérialistes sans scrupules ...
- son attirance, faite d'exécration et de fascination pour l'Amérique et son capitalisme naissant ...
- son goût à insérer de la cuisine dans sa littérature ...
Dans cette édition du roman, du fait de la rupture entre les deux auteurs, la signature de Gustave Guitton a disparu.
Le livre est articulé en deux grandes parties et un épilogue :
- un drame de la haine
- la bataille sous-marine
"Un drame sous-marin" est un bon petit roman d'aventure, de littérature populaire.
Il est écrit, à l'ancienne, dans un style élégant mais efficace.
Il n'affiche aucune autre prétention que de nous faire passer un bon moment.
Pourtant, il est finalement certainement plus riche qu'il n'y paraît ...
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Le plus mécontent de tous était Tony Fowler.
Le succès de son ancien camarade d'études lui restait sur le coeur.
Ii ruminait des projets de vengeance et il englobait dans sa haine Ursen Stroëm et Goël, Edda et même M. Lepique.
Fils d'un milliardaire américain qui avait gagné sa fortune dans le trust des aciers, Tony Fowler avait caressé l'espoir de joindre les millions d'Edda à sa propre fortune et de devenir ainsi l'homme le plus riche de la terre entière ...
C'est Ursen Stroëm qui avait exigé que le sous-marin portât le nom du romancier dont les ouvrages avaient charmé sa jeunesse.
Le norvégien se plaisait à raconter qu'étant enfant, la lecture de Vingt mille lieues sous les mers l'avait enthousiasmé, et que les prouesses du capitaine Nemo et du Nautilus l'avaient, plus tard, décidé à s'occupper de navigation sous-marine.
C'est un hommage dû à ce romancier, dont les ouvrages sans prétention ont tant fait pour la vulgarisation des sciences, disait Ursen Stroëm ...
Dans un but d'humanité et de civilisation, M. Ursen Stroëm ouvre donc, à ses frais, un concours pour l'élaboration d'un sous-marin, d'une jauge d'eau d'au moins huit cent tonneaux, d'une vitesse de dix-huit noeuds, et d'une durée d'immersion aussi longue que possible ...
Goël ajouta gravement :
- La mer, qui couvre les deux tiers de la surface du globe, renferme des milliards et des milliards sous forme de mines, de minéraux, de quoi décupler, centupler même le bien-être et la puissance humaine, de quoi faire disparaître à jamais de la surface de la terre le vice, la misère et la laideur ?
C'est la science souveraine qui doit donner à l'homme le bonheur auquel il a le droit par son intelligence et les efforts de son travail séculaire.
Tout le monde était retombé dans le silence.
Chacun entrevoyait pour l'avenir des sociétés et des peuples, des horizons grandioses ...