Chinaman, tome 4 : Les mangeurs de rouille

Ce 4ème tome de Chinaman est très réussi, sans doute un des meilleurs de la série. On y retrouve avec grand plaisir notre héros charismatique dans une intrigue qui met à l'honneur un pan passionnant de l'Histoire de l'Ouest américain. En effet, la construction d'un chemin de fer est au centre de ces « mangeurs de rouille ». Si j'avais passé de très bons moments avec les tomes précédents, je regrettais tout de même un peu que le côté historique soit mis de côté et que le fait que le héros soit chinois n'était finalement qu'un prétexte pour qu'il se batte avec ses pieds et ses poings plutôt qu'une arme à feu. Or, on sait bien l'importance qu'a eu la communauté chinoise dans la construction des chemins de fer… Cet élément est au coeur d'une intrigue passionnante et très bien menée. Par ailleurs, outre la construction du rail, d'autres éléments viennent étoffer le contexte en arrière-plan.

« Les mangeurs de rouille » est un excellent tome qui propose une histoire solide et bien traitée, servie par un dessin toujours aussi chouette. Vite le 5ème tome !

En parcourant l'ouest américain en homme libre et en solitaire, John Chinaman a appris à se distancier partiellement des valeurs que lui ont été inculquées dans son pays d'origine. Mais lorsque les aléas du destin lui font croiser un groupe d'immigrés chinois qui travaillent en tant qu'ouvriers du chemin de fer, c'est un vieux code de l'honneur qui va l'obliger à rester.

Ce retour aux origines de Chen Long Anh, alias Chinaman, accentue une nouvelle fois l'évolution et l'émancipation de notre héros depuis son arrivée à San Francisco dans le premier tome. de plus, en partant du point de vue de la communauté chinoise, Le Tendre parvient à traiter de façon originale ce thème de construction du chemin de fer, déjà abordé par tous les classiques du genre.

En abordant cet aspect historique de la conquête de l'ouest d'un point de vue original, Le Tendre parvient également à développer des thèmes qui lui son chers depuis le début de cette série, comme la tolérance, la discrimination et le racisme. le tout, toujours pourvu d'une bonne dose d'action et de réflexions philosophiques au sein d'une aventure toujours très humaine.

Côté dessin, Taduc met parfaitement en image l'aventure des pionniers du Central Pacific, leur chantier et leur communauté.

Notons également qu'après avoir été édités chez ‘Les Humanoïdes Associés', ces quatre premiers tomes de "Chinaman" seront réédités par ‘Dupuis', qui reprendra dès lors cette série dans sa collection ‘Repérages'.

La bd prouve que dans l'essor des Etats-Unis les chinois étaient déjà présents. La construction du chemin de fer est permise grâce à des nombreuses communautés. Ce n'est pas parce que les historiens américains ont blanchi leur Histoire, que l'on ne peut pas prouver des faits. Ce qui est assez difficile à lire se sont les séries d'insultes et les comportements racistes. Quand une jeune femme est amenée comme prostitué pour les hommes du chantier, elle devient une esclave. La plupart trouve cela normal. Elle risque qu'on lui coupe le nez si elle tente de s'enfuir. Une menace qui était une technique courante chez de nombreux colons dans le monde entier. D'ailleurs dans la bd "Hoka Hey" de Neyef, on a le droit à une case sur une des personnages qui se l'est fait coupé. Une image assez marquante. le récit retrace une haine et violence ordinaire qui n'a malheureusement guère changer avec le temps. Il est dommage que parfois les fictions se rapprochent trop de la réalité. L'essor et de l'importance de la presse est bien souligné avec la présence d'un journaliste qui parle de la conquête du territoire. Pas besoin de voir des massacres d'indiens pour avoir des choses exotiques à raconter. le nom du personnage central va sortir dans le journal. Est-ce que cela aura un impact pour la suite des aventures? Nous le saurons en nous plongeant dans le tome suivant.
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