AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782715214279
112 pages
Le Mercure de France (02/02/1987)
4.17/5   12 notes
Résumé :
In memoriam parut en 1905, deux ans après la mort du père de Léautaud. Ce décès marque le point de départ d un vagabondage dans ses souvenirs d enfance et une tentative de réponse à ces questions intemporelles, particulièrement ardues dans son cas : quel homme était mon père ? quel couple formaient mes parents ? Fils d un homme de théâtre, séducteur invétéré auprès de qui il grandit sans en être jamais proche, et d une actrice qui déserta définitivement le domicile ... >Voir plus
Que lire après In memoriamVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Deux ans après la mort de son père, Paul Léautaud publie ce texte au Mercure de France. Il évoque son enfance, leurs rapports difficiles, les souvenirs qu'il a de cet homme. Comédien, devenu souffleur à la Comédie Française, séducteur impénitent, qui multipliait les aventures féminines, Firmin Léautaud a dans les souvenirs de son fils, quelque chose d'un ogre. Paul Léautaud se souvient au contraire, avec beaucoup plus de tendresse de sa mère, qu'il aura peu connue, car elle a vite quitté Firmin, à qui elle a laissé l'enfant sans visiblement de grands états d'âme. De même, Paul Léautaud a une grande tendresse pour la bonne Marie, qui s'est occupé de lui jusqu'à ce que son père la renvoie, et qu'une femme qu'il finira par épouser s'installe. Les pages consacrées à la belle mère sont d'une drôlerie irrésistible, cruelle et féroce. C'est qu'elle aura fait souffrir le petit garçon tant qu'elle a pu.

Mais malgré tout, malgré cette lucidité impitoyable avec laquelle Paul Léautaud évoque son enfance, cet humour vache, qui affirme qu'il vaut mieux ricaner plutôt que s'attendrir, il va accompagner son père dans la mort, jusqu'au bout. Et laisser transparaître, derrière des rosseries qui prennent des airs de bravade, une nostalgie, une mélancolie, un attachement malgré tout, un sentiment de perte.

On retrouve dans ce petit livre le ton du fameux journal, mais en condensé : une sorte de quintessence de l'univers de l'auteur, à partir d'une thématique centrale, qui le révèle en grande partie. C'est d'une grande force, à la fois drôle et émouvant, une sorte de résumé de la condition humaine.
Commenter  J’apprécie          230
Quand je pense que j'aurais pu ne pas connaitre Léautaud !
Commenter  J’apprécie          44

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dans une attention charmante, un croque-mort, comme je m´approchais, écarta un peu le linceul, à la place de la tête, pour me permettre d´examiner ce père une dernière fois. Comme la mort avait travaillé vite, et comme ce visage s´abîmait déjà, les chairs toutes tombées et flétries, avec deux grandes lignes violettes de chaque côté du nez et sous les yeux, et cette odeur plus soignée que jamais, qui montait vers moi ! Je fis signe de la main qu´on me cachât tout cela, que c´était parfait. Hélas ! On ne regarde jamais assez les morts ... Après, quel regret, et comme on voudrait que tout recommence, pour les voir encore ! Regret qui commence sitôt la bière vissée, qui dure malgré soi, se ravisant quand on le croit éteint, qui arrive même à se changer en désir impossible !
Commenter  J’apprécie          140
Mon père s'entêtait toujours à vivre et le lendemain mercredi, dès le matin, pour savoir enfin à quoi nous en tenir, ma belle-mère et moi, nous fîmes revenir le médecin. Il constata tout de suite un certain progrès. L'attouchement d'un œil, le froissement d'un muscle du bras ne produisirent aucun réflexe. Le cerveau était pris à son tour, plus aucune sensibilité. Seulement ce cœur, qui continuait à battre comme un enragé ! Il n'y avait plus qu'à attendre, et pas très longtemps, assura cet homme.
Attendre ! c'était assez dans nos moyens, et depuis le dimanche précédent, nous ne faisions guère autre chose, malgré nos allures dévouées. Nous y ajoutions même un peu d'impatience, sans trop nous l'avouer. Puisque cela devait si bien finir, le plus tôt serait le mieux. C'est si vrai, aussi, qu'on se fait à tout ! Depuis quatre jours que cela durait, nous nous étions mis à la hauteur, et le temps dégringolait tout de même, ma belle-mère à son ménage, mon frère à son bureau, et moi assis commodément à côté de mon père, songeant déjà à ces pages, et en faisant dans ma tête le meilleur brouillon possible. Et puis, c'étaient les manèges habituels, que j'avais déjà vus à Calais, pour la mort de Fanny. Des gens venaient aux nouvelles et il fallait bien les faire entrer. Un coup d’œil au malade, et l'on s'asseyait en rond autour du lit, pour bavarder. On parlait bien un peu du mourant, et de la mort, oui, le premier quart d'heure, mais rien n'était plus vite épuisé que les sujets éternels, et l'on arrivait à parler d'autre chose. On allait même jusqu'à rire, ma parole ! Quel brillant il prenait alors à mes yeux, celui qui était étendu là, qui ne disait plus rien, qui ne regardait plus rien, la bouche s'ouvrant seulement automatiquement sous la poussée de son souffle. C'était donc là toute la douleur des vivants pour les morts !
Commenter  J’apprécie          30
Mais quoi ! ces beaux sentiments viennent un peu bien en retard. Je ne les regrette pas, néanmoins. D'abord, ils feront plaisir, comme toujours ! et ensuite ils renseigneront un peu sur mes dispositions vis-à-vis du défunt. C'est si vrai qu'au fond je ne lui en veux pas plus que je ne lui pardonne.
Commenter  J’apprécie          70
Et puis, on devient si facilement un comédien, une comédienne ! Aucun besoin d'intelligence, au contraire. Plus on est bête, mieux cela vaut, et le premier sot, la première dinde venus peuvent y réussir, sans autre bagage et préparation que l'apprentissage d'un certain langage et de certains trucs.
Commenter  J’apprécie          30
Je viens encore de voir la mort de près. Signe que l'on vieillit, quand le nombre de nos morts s'augmente.
Commenter  J’apprécie          80

Videos de Paul Léautaud (52) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Léautaud
Paul Léautaud - Entretiens (Partie 1).
autres livres classés : pèreVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (32) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1428 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}