Nous connaissons tous
Maurice Leblanc, père du célèbre voleur gentleman Arsène Lupin. Les aventures de l'homme le plus rusé de la littérature française alliant crime et galanterie ont marqué des générations de lecteurs. Mais
Maurice Leblanc était aussi un écrivain assez... polisson.
Rien que le titre du livre l'indique : les récits sont lestes et grivois, très osés pour la Belle Epoque. En effet, dans un siècle prude et très discret, ces nouvelles abordent l'érotisme dans tous ses états. Les corps se frôlent, se touchent et s'étreignent avec ardeur, la nudité des femmes y est pleinement exposé et la sensualité y est brûlante. Mais point de description crues où trop détaillés, si les "gorges" et hanches sont mentionnées et valorisées, l'amour et ses caresses sont joliment suggéré, avec des phrases d'un lyrisme enchanteur, délicates et parfois épuré... Il faut dire aussi que d'un coté, on retrouve ce que le siècle qualifiait de "chaud" (excusez-moi du terme) : montrer ne serait-ce qu'une cheville blanche était pareil qu'exhiber un décolleté affriolant. La simple vue de la peau blanche enflamme l'esprit et un bras nu est audacieux. Il faut aussi remarquer encore le vocabulaire bien sexiste comme il le faut du siècle : quant la vierge succombe et que la femme se donne, l'homme prend et le mâle possède, donnant "un parfum suranné" comme il est dit dans l'introduction. La femme est toujours vu comme victime potentiel des hommes où de ses pulsions.
Dans les nouvelles, Leblanc s'autorise à aborder les sujets controversés secouant son époque : l'adultère, le viol, l'onanisme et même un peu d'homosexualité voilé.
Et évidemment, je parle encore de l'écriture qui est très jolie et... sensuelle. Oui on restitue la sensualité dans son paroxysme, dans l'art de la galanterie française.
Pourtant, quelques nouvelles m'ont déçues, m'ennuyant profondément où par un soupçon de mièvrerie. Où le sexisme de l'époque ?
En tout cas un recueil surprenant mais explorant ce que la fin du XIXeme siècle considérait comme "sexy" pour notre oeil du XXIeme siècle.