Je ne rêve plus car elle est là. Son arrivée est prestigieuse. Son absence n’a jamais eu lieu. Elle est là.
Mes impossibilités retombent sur cette page. Plus je m’efforce, plus je crois que je travaille bien, plus je m’égare, plus je me drogue avec mon effort. Capables et incapables d’écrire, nous suons de la même sueur. L’effort est un faux frère.
Quand j'ai lu Colette, j'ai aimé sa langue très savante, sa puissance d'évocation, mais je la trouvais bien timide du point de vue érotique. Je me disais, bien avant de commencer à écrire, j'aimerais en dire plus qu'elle. Parce que les femmes n'arrivent pas à se libérer de l'érotisme, même celles qui écrivent.
Quand j’ai été lâche avec quelqu’un, je souhaite le faire assassiner avec tout son entourage.
Ma tristesse prend de l’âge, c’est un masque de fer. Le soleil et l’amitié n’ont pas de pouvoir sur lui.
Aimer est difficile, mais l'amour est une grâce.
Donne-toi à l'événement. Sois le fruit rond qui se donne au soleil. Dans l'arbre, il résiste malgré le vent et les orages. Il mûrit avant de rougir. Il rougit avant de tomber. Donne-toi encore à l'événement.
Mon visage est impardonnable. Ma laideur m'isolera jusqu'à ma mort. Je recommencerai seule les journées. Ne pas faiblir. Je me détourne vite de la laideur d'un autre parce que la fraternité est trop cuisante. Quand un être au visage ingrat s'assied à côté de moi dans le métro, je suis dans les noces de sang. Alors je change de place. J'ai adopté le comportement indifférent pour la laideur des autres. La preuve de mon respect le plus profond.
J’entends son rire. J’entends le rire d’un disparu. Je ne peux pas avaler ce caillot de tendresse. J’entends encore pendant que je me promène sur une corde raide avec mon chagrin.
Assise à ma table, j'essaie d'écrire. Pendant que j'essaie, je me délivre laborieusement et innocemment de mon incapacité d'écrire bien. Ma plume grince. Je gémis avec elle. Nous gémissons pour rien. Nous formons ensemble des mots inutiles. J'ai honte d'infliger ce travail à ce petit objet capable. Pendant que je m'efforce, je trace la voie à mes impossibilités et je les oublie.