Clarisse a donc la cinquantaine, elle vit tranquillement, on va la suivre tout au long du récit dans un lieu unique : son épicerie. Son épicerie semble être en quelque sorte le coeur du village ou en tout cas, un lieu de rencontre. Sa vie semble être relativement triste, elle est entourée de gens, mais également de la solitude. Vieille fille, on ne sait pas vraiment ce qu'il s'est passé, mais elle est seule et n'a jamais connu l'amour.
Mais les choses changent quand justement elle découvre cet homme qui est venu mourir chez elle, cet homme qu'elle ne connaît pas mais dont elle va prendre soin. Elle va s'inventer toute une vie avec lui, elle va s'interroger sur ce qu'il était avant d'arriver là, comment il est arrivé aussi, après tout, ne le connaissant même pas on peut facilement se dire que c'est incongru de le trouver là, mort, chez elle.
Clarisse va lui faire sa toilette, elle va attendre de lui qu'il se réveille en quelque sorte, en tout cas qu'il revienne à la vie pour être avec elle, pour qu'elle ne soit plus seule.
Tout en étant très étrange comme situation : une femme qui trouve un homme mort chez elle et qui décide de le cacher afin le garder pour elle, on ne peut que ressentir de la compassion pour elle. Clarisse a toujours été seule de ce qu'on en sait, on ne connaît pas son passé mais pour je ne sais quelle raison, personne n'a jamais été là pour elle. Finalement, elle s'accroche à cet homme mort, elle en fait son amour inconnu, elle le transforme en cette chose qu'elle n'a jamais eue.
Ce récit très touchant et perturbant de l'intimité de Clarisse avec ce mort est dérangé par la présence d'un enfant qui revient sans cesse, un enfant dont l'on sait qu'il a coutume de venir se réfugier chez notre protagoniste. Tout comme cette dernière, nous voudrions que l'enfant s'en aille, qu'elle retourne auprès de son "homme", mais au bout du compte, cette personne qui a interrompu sa vie est bel et bien morte et il n'y a rien à trouver dans la mort, rien à aimer et bien que ce soit douloureux, Clarisse va devoir se résoudre à le laisser partir.
Lors de ma lecture de ce récit, j'avais été fasciné par le comportement de Clarisse vis-à-vis de cet homme mort, le soin qu'elle mettait dans sa toilette, pour remettre son col, pour remarquer des détails relativement insignifiants quand l'on trouve chez soi un inconnu mort, comme le fait de parler du fait qu'il porte des chaussures sans chaussettes - je ne sais pas pourquoi ça m'a marqué.
La vieille fille et le mort est une histoire très courte, même pas 100 pages, une histoire originale de cette pauvre femme qui n'a jamais vécu autrement que par le biais de l'amitié, qui n'a jamais eu personne sur qui compter, malgré le fait qu'elle semble entourée.
Mon premier
Violette Leduc, je voulais commencer par un texte court, on m'avait mis en garde sur la plume authentique et parfois difficile de l'auteure et je ne voulais pas la découvrir avec le petit pavé qu'est
La bâtarde.
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