Il fait très chaud ce dimanche, et comme tous les dimanches d'été, le déjeuner dominical trop arrosé se prolonge. Luz qui souhaite échapper à son ambiance lourde et aller se baigner dans la rivière proche, demande l'autorisation à sa mère.
Mais avant de partir, Luz subit, sous l'oeil indifférent de son père, le comportement déplacé de Vanier, un ami de la famille. Contrariée, Luz file vers la rivière où elle croise des amis avec qui elle s'aventure dans les gorges qui bordent le cours d'eau. Le groupe ne tarde pas à rencontrer des jeunes gens de leur âge. Petit à petit l'alcool aidant, la situation dégénère...
A quatorze ans, Luz est une jeune fille qui connaît les limites qu'elle souhaite que l'on ne dépasse pas avec elle, mais elle est éprise de liberté. Elle est partagée entre le désir de se préserver et l'envie de se laisser aller à ses émotions. C'est pourquoi, elle va se débattre de toutes ses forces pour éviter que ça aille trop loin avec un garçon qui pourtant l'attire.
Voilà bien une des ambiguïtés de l'âge adolescent - s'émanciper, franchir des limites sans subir la violence d'autrui - décrite avec beaucoup de justesse dans ce roman destiné à des lecteurs jeunes, dont le message pourrait être : sachez ce que vous voulez et sachez dire non, cela peut vous préserver des abus des autres.
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L'été commence bien pour Luz : sa mère lui a enfin acheté le maillot de bain de ses rêves, un truc d'ado un peu sexy, qu'elle étrenne ce dimanche.
A quatorze ans, on ne doit plus être traitée comme une gamine ! Y a assez des deux grandes soeurs qui la prennent de haut.
Vanier, le copain du père, toujours fourré à la maison, considère Luz comme une femme, par contre, et un peu trop, et mal. Regards appuyés, mains baladeuses, réflexions salaces, ceci sous l'oeil morne et indifférent du papa de Luz, aussi imbibé d'alcool que le gros dégueulasse en question... Voilà la jeune fille transformée en chair consommable par le mâle prédateur. Ça met mal à l'aise et ça souille, surtout à cet âge, si on manque d'audace, de répondant.
Pour échapper à cette « danse macabre des dimanches en famille », Luz part se baigner. Changement de décor : elle quitte « une bande d'ivrognes [adultes] cloués sous un mûrier » pour un groupe d'ados désoeuvrés qu'elle connaît à peine. Un moindre mal ? Pas sûr !
En dédicace, samedi, l'auteur a noté sur mon livre (comme sur d'autres, sans doute) : « Où il est question d'apprendre à dire et entendre le "non" ! »
Voilà en effet le message de ce roman d'aventure/initiatique dont l'essentiel de l'intrigue se déroule sur une journée.
En lisant cet ouvrage, indignez-vous, jeunes filles, jeunes hommes ! Décidez qu'on n'abusera pas de vous, qu'on n'enfreindra pas vos limites, qu'on tiendra compte de vos avis/envies. La littérature est aussi faite pour profiter des expériences des autres. Et comme on est plus enclin à écouter une adolescente fictive que ses parents ou ses profs, ce roman est à mettre entre toutes les mains des jeunes pour que ce NON, ils osent le prononcer, le manifester, et qu'ils respectent les refus des autres, les devinent, même...
J'aurais préféré une autre fin, moins 'magique', mais un auteur jeunesse m'expliquait sur ce même salon, l'année dernière, qu'il y avait des règles à respecter dans la littérature pour adolescents...
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C'est le début des vacances d'été, le soleil est resplendissant, brûlant. Luz, 14 ans, s'échappe d'un déjeuner en famille qui n'en finit pas et surtout fuit les mains baladeuses du meilleur ami de son père : Frédéric Vanier. Elle enfile son maillot de bain tout neuf, prend un drap de bain, son MP3 et une bouteille d'alcool de mirabelle. Elle file en direction de la rivière du coin, La Volte. Sur son chemin, elle rencontre Thomas et Manon, deux camarades de son collège. Tous veulent trouver un coin tranquille pour se baigner. Alors, ils s'aventurent dans les gorges... loin, toujours plus loin, là où la nature devient dangereuse.
Marin Ledun, grâce à une écriture claire et précise réussit à créer une ambiance inquiétante, malsaine.
Mais ce qui surprend le plus, c'est la faculté qu'a l'auteur à se glisser dans la peau d'une ado hyper sensible. Cette période de transition, ingrate, délicate où l'on tente tout sans être sûr de rien.
"Luz" est un petit roman mais un gros coup de coeur ! Un bijou brut, façonné d'émotion fortes qui vous touchent en plein coeur.
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Le roman dit, avec une belle justesse, l'ambiguïté de l'interdit, la nécessité aussi, pour se construire, de tester les limites.
Lire la critique sur le site : Telerama
C’est un drame estival sans cris ni pleurs, ou presque, mais féroce.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Marco essaie de lui fourguer une clope. Luz secoue la tête sans même lui répondre, histoire de lui faire comprendre qu'elle et lui ont en commun d'être les parias de cette petite sauterie improvisée, mais que ça n'implique pas qu'ils doivent devenir les meilleurs amis du monde. Le type semble recevoir le message cinq sur cinq et tire une longue latte sur sa Winston en scrutant le ciel d'un air absent.
(p. 60)
Manon est la reine des cours de récréation et des rues piétonnes, la fille qui parle, qui séduit les garçons avec ses beaux yeux. Luz, celle qui joue, qui escalade et qui plonge en hurlant comme un mec.
(p. 52)
Frédéric Vanier n'est revenu partager le repas à l'ombre du mûrier ni le dimanche suivant ni ceux d'après. Personne ne s'en est étonné et personne ne l'a regretté.
Thomas se crispe. Luz lui adresse un clin d’œil dans le dos de Manon. Il lui répond par un sourire qui semble vouloir dire : « Merci de ne pas avoir insisté. » Le cœur de Luz fait un bond dans sa poitrine. Elle pense à la bouteille d’alcool dans son sac et à son nouveau maillot de bain. Elle se dit qu’elle a rudement bien fait de descendre se baigner aujourd’hui et aussi que, si Manon n’était pas là, les choses seraient plus simples. Un sentiment confus de liberté l’envahit. Son MP3 diffuse à présent la mélopée mielleuse d’un tube de Lady gaga. Elle enfouit la main dans la poche de son sac, presse un bouton jusqu’à ce que retentissent les premières notes de California Girls de Katy Perry et rajuste ses écouteurs. Puis elle rattrape ses compagnons.
Avec son roman « Free Queens » publié dans la série noire de Gallimard, Marin Ledun nous embarque sur la route de la bière, la First, destination corruption au Nigeria. Témoin d'une tentative d'enlèvement d'une adolescente par deux proxénètes, la journaliste Serena Monnier décide d'enquêter sur les réseaux de prostitution à Lagos et Kaduna et rejoint l'ONG « Free Queens », qui oeuvre pour le droit des femmes. Elle retrace alors les chemins nauséabonds de l'argent qui asservissent la jeunesse. Un ange gardien, Oni Gojé, flic qui a choisi la circulation pour éviter la répulsion face aux atrocités de son métier, ne tarde pas à percer de son côté, le mystère qui plane sur deux jeunes filles assassinés, abandonnées sur les bas-côtés.
Marin Ledun propose un grand roman noir avec un discours clair. Il a bénéficié d'une aide à la création du CNL et a reçu cette année le prix « Polar Derrière les murs » du festival Quais du polar, attribué par les détenus des centres pénitentiaires et des maisons d'arrêts de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Free Queens dans Son livre, c'est parti !
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