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Critique de argali


C'est le genre de roman que j'aime beaucoup. Une base véridique, une fiction plausible et une plongée dans le passé qui me fait découvrir un pan de l'Histoire que je méconnaissais. Ce thriller à l'écriture agréable et poétique, malgré la noirceur des propos, nous permet à la fois de côtoyer l'horreur de la guerre et la beauté des arts ; la musique avec l'infirmière pianiste Iwanami Midori et les vers de Yun Dong-ju, un poète coréen, mort entre les murs de cette prison sordide a seulement 27 ans.

Tout au long du récit, on découvre la personnalité du garde Sugiyama. Orphelin analphabète, gardien de prison redoutable, il va se laisser toucher par la musique d'abord, par la poésie ensuite. Il apprendra à lire, deviendra censeur en charge du contrôle du courrier entrant et sortant et se lancera dans la lecture des livres interdits pour comprendre le sens des messages rédigés par Hiranuma, qui a mis sa plume au service des détenus. Chargé de l'enquête sur sa mort, le jeune Watanabe fera à son tour la connaissance du jeune poète et marchera dans les pas de Sugiyama, touché lui aussi par le jeune homme et ses écrits.
Entre douleur et douceur, ce récit nous emporte dès les premières pages dans cet univers tout en contrastes : la barbarie des conditions de détention, l'obligation de changer son nom coréen en nom japonais, la violence permanente, tant physique que psychologique et puis l'instauration d'un service d'écrivain public, la constitution d'une chorale de détenus, les poèmes de Yun Dong-ju sauvés de la destruction... Séduisant, ce roman est un véritable plaidoyer pour la littérature et son pouvoir de rédemption, pour les arts vecteurs de liberté et d'évasion.
Malgré quelques longueurs, ce roman a su me toucher par les relations humaines décrites, par l'écriture forte de l'auteur et par la délicatesse des poèmes de Yun Dong-ju que j'ai découverts. Alternant les descriptions d'un quotidien violent et les moments de lyrisme extraordinaires, ce récit m'a émue et emporté avec lui aux confins de l'Empire du Soleil levant.

Premier roman de Lee Jung Myung traduit en français, ce roman nous permet de découvrir l'un des romanciers les plus populaires de Corée, auteur notamment de « Deep Rooted Tree ». Ses romans revisitent l'histoire de son pays. Traduit du coréen en anglais par Kim Chi-young puis de l'anglais en français par Eric Betsch, ce roman garde la force de l'écriture de l'auteur et ses jolies métaphores.
Merci aux Editions Michel Lafon.

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