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Patrick Reumaux (Traducteur)
EAN : 9782859408954
288 pages
Phébus (27/03/2003)
3.88/5   37 notes
Résumé :
« Le thème de ce livre (une enfance à la campagne) était, dans sa banalité, redoutable à traiter. On attend au coin du bois l’odeur des foins, la moisson, la pêche aux écrevisses et autres fariboles certainement enchanteresses, mais qui font bâiller aux corneilles. Rien de tout cela dans ce récit d’une pureté de ton et de langue prodigieuse : une langue qui reste de bout en bout, comme celle de Colette, le parler naturel d’un poète. Hors de nos frontières, deux livr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Tout d'abord, pour celles et ceux qui l'ignoreraient (comme moi avant de commencer ce récit, j'avoue ! ) Laurie Lee est un écrivain, poète et scénariste anglais (1914-1997). "Cider with Rosie" a été écrit en 1959.

L'homme de lettres nous livre ici sa prime enfance, dans le sud ouest de l'Angleterre dans la région des Cotswolds, plus précisément dans la vallée de Slad. Nous sommes au début du XXe siècle, juste après la Première Guerre mondiale. Laurie Lee nous prévient : "Ce livre est une remémoration de la première enfance ; le temps en a peut-être déformé certains épisodes". Mais en fait, peu importe. L'écrivain procède ici non par ordre chronologique mais plutôt par thématiques formant chacune un chapitre du livre. Une manière originale d'aborder un récit d'enfance. Quelques-uns ont attiré mon attention plus que d'autres. Notamment lorsque Laurie évoque ses deux grands-mères dans le chapitre "Deux grands-mères dans les lambris" : il y décrit deux vieille dames fortes en caractères, que tout oppose et qui se détesteront cordialement jusqu'à leur mort. Elles sont pourtant tellement liées l'une à l'autre par le fil de la discorde que la mort de l'une emportera l'autre !

"Grand-mère Trill et Grand-mère Wallon étaient deux vieilles ennemies vivant chacune sur les nerfs de l'autre". "Elles communiquaient à coups de sabots et de balai, sautant sur le sol et frappant au plafond."
"Grand-mère Trill avait un curieux sens du temps, qui paraissait obéir à un modèle dépassé. Par exemple, elle prenait son petit déjeuner à quatre heures du matin, déjeunait à dix, prenait un thé à deux heures et demie de l'après midi et se mettait à nouveau au lit à cinq heures."

Ces deux grands-mère sont attachantes de drôlerie, presque des personages de BD. Et quand Laurie Lee n'évoque pas sa famille (qui occupe évidemment une bonne partie du livre), il brosse une peinture magnifique de sa vallée dans les Costwolds :

"L'hiver, pas plus que l'été, n'était typique dans notre vallée, ce n'en était même pas le contraire. C'était simplement autre chose.(...)
- Fait mortel, dehors ! dit le laitier. Les freux sont après les moutons. Les cygnes gèlent sur le lac ! Et les mésanges tombent raides mortes en plein vol!"
"C'était un monde de verre, étincelant et immobile. Les brumes avaient gelé tout autour des arbres, les transformant en pains de sucre. Tout était raide, bouclé, scellé, et quand nous respirions, l'air avait une odeur d'aiguilles, nous piquaient les narines et nous faisait éternuer. (...) Sous le soleil faible et bas, les champs lointains étaient recroquevillés comme des huîtres."
"Le ciel s'était éclairci et des ruisseaux d'étoiles déferlaient dans la vallée jusqu'au Pays de Galles."

Mais l'été, "étourdi de senteurs et d'abeilles, le jardin partout brûlait de chaudes fleurs blanches, chacune d'une si aveuglante incandescence qu'elles faisaient mal aux yeux quand on les regardait.
Les villageois prenaient l'été pour une sorte de punition. Les femmes , qui ne s'y habituèrent jamais, déversaient des seaux d'eau dans les chemins, enlevaient la poussière en marmonnant, tandis que couvertures et matelas pendaient comme des langues aux fenêtres et que les chiens, babines pantelantes, s'abritaient sous les citernes à eau de pluie."

Enfin, le village du tout jeune Laurie est peuplé de personnages tout à fait étranges : Charlie-Trognon-de-Chou, Albert-le-Diable, Percy-de-Painswick ou Willy-le-Poiscaille... Tout un monde !

L'écriture de Laurie Lee m'a vraiment enchantée, par sa poésie mais aussi sa touche d'humour. J'ai lu le livre en version française dans une traduction remarquable. Par contre, j'ai, étrangement, eu du mal à m'attacher aux personnages qui peuplent le village (mis à part les grands-mères) et même à l'écrivain enfant.

Une lecture en demi-teintedonc, mais récit à découvrir malgré tout. Il constitue le premier volume d'une trilogie dont Un beau matin d'été (1969) et Instants de guerre (1991) constituent la suite de la vie de l'écrivain.
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J'ai été ébloui par ce que Laurie Lee a fait de ses souvenirs d'enfance. Je ne sais pas pour vous, mais les miens sont très lumineux, comme des photos surexposées, un peu irréels. Pour filer la métaphore photographique, ceux de Laurie Lee sont juste bien exposés, très présents, très réels. Et en même temps terriblement intenses et poétiques. Je ne sais pas comment il a capté avec tant de finesse la découverte du monde que nous avons tous vécu, l'émerveillement tranquille de notre enfance.
Sur le papier, il n'a pas le meilleur des départs dans la vie : une famille originale, pauvre, qui se réfugie dans les collines encore un peu sauvageonnes de l'ouest anglais, les Cotswold. Ses terrains de jeux, ce sont ces collines et ces bois, le village vivant au rythme du pas des chevaux. Un monde si bien rendu qu'on aimerait un aller y faire un tour, avec des yeux d'enfant.
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Laurie Lee évoque dans ce roman son enfance dans les Cotswolds . C'est une région rurale du sud de l'Angleterre réputée pour sa beauté naturelle exceptionnelle . Ses collines en pentes douces cachent vallées et rivières . C'est dans ce cadre enchanteur que vit le petit Laurie entouré des ses frères et soeurs . Ils sont pauvres , crasseux et dépenaillés mais pas malheureux pour autant . La campagne leur offre un fabuleux terrain de jeux et de découvertes Leur mère les élève seule , le père ayant déserté la chaumiére conjugale ( fort délabrée au demeurant ) Elle est fantasque , capricieuse mais aimante . On sent que pour l'auteur se sont des souvenirs heureux . Je n'ai pas été trop réceptive à la poésie de ce texte , dans le genre je préfère Colette . Je l'ai lu il y a quelques mois et je n'en garde pas un souvenir bien net .
Laurie Lee est un écrivain poète et vagabond ." Rosie ou le goût du cidre "est le premier volume d'une trilogie autobiographique , suivent " un beau matin d'été " puis "instants de guerre"
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Rosie ou le goût du cidre est un livre placé sous le signe du souvenir, d'un temps enfui, avant que le fragmentation des terres, la libre pensée et la révolution des transport n'en emportent la saveur. Narré à l'imparfait et au passé simple dans une prose poétique et mesurée au métronome, Laurie Lee retrace la chronique d'un village des Cotswolds, pays de landes, terre de spectres et de légendes. Au passage des saisons s'ajoute la narration de la prime enfance nichée au fond de la vallée, fantasmagorique et tendre, riche en rêve et en épouvante, en menu méfait. L'auteur bat le rappel des figures familiales, des gens du village, pour en laisser un témoignage ému et plein de sensibilité. Un beau texte, poétique et portant le parfum délicieusement délicat des choses révolues.
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Je dois dire que j'y allais à reculons, entre le titre un peu gnangnan et le Poulbot anglais de la couverture, mais je me suis absolument régalée à cette lecture. Ce livre raconte les souvenirs de l'enfance pauvre mais joyeuse de l'auteur, dans un village anglais, à partir de la guerre de 14 et pendant les 10 années qui suivent, un temps où le monde a complètement changé, alors que le village enclos dans sa vallée, vit encore à l'heure du XIXème siècle.

Le thème est donc des plus banals, avec une mère tendre et fantasque, des grandes soeurs attentives, tout ce qu'il faut de maîtres traumatisants, d'amitié fraternelle, de farces entre copains plus ou moins drôles, d' histoires pittoresques et de ragots villageois. Mais quand le préfacier, Patrick Reumaux, dit : « un livre qui aurait dû ressembler à d'autres livres, mais qui ne ressemble qu'à lui. » , il a tout à fait raison, ce livre est un enchantement de délicatesse, de poésie joyeuse, de nature enchanteresse, d'humanité partagée, un délice pour l'imagination, écrit dans un style éclatant qui captive et éblouit à la fois.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
... Mère avait les doigts verts. Elle était capable de faire pousser les fleurs n?importe où, à n?importe quelle saison, et elles avaient l?air de vivre plus longtemps pour lui faire plaisir. Elles les plantait n?importe comment, avec un amour bourru, mais ses mains semblaient si bien comprendre leurs besoins qu?elles se tournaient vers un autre soleil. Elle pouvait arracher une racine desséchée dans un champ où une haie et la planter dans le jardin pour lui donner un coup de fouet - et presque aussitôt la plante fleurissait.
Notre bout de jardin en terrasse était le chef-d??uvre de Mère. Elle y travaillait avec obstination sans aucun plan. Elle ne contrôla ni ne nettoya jamais ce lopin, se contentant de chérir avec impartialité tout ce qui poussait là sans l?effet des rayons du soleil. Elle ne forçait rien, ne greffait, n?alignait rien. Elle accueillait les graines errantes, laissait chacune lever la tête et n?était l?ennemi que de quelques rares mauvaises herbes. Et c?est pourquoi le jardin était une jungle exubérante qui ne laissait pas un pouce de terrain à découvert. Le seringa montait en chandelle, le cytise pendait, les roses blanches étouffaient le pommier, les groseilles en fleur (
qui sentaient l?urine de renard) s?étalaient tout le long du sentier. Un tel chaos de floraisons abasourdissait les abeilles et stupéfiait les oiseaux. Pomme de terre et choux poussaient au hasard au milieu des digitales, des pensées et des ?illets. Souvent une espèce colonisait entièrement le jardin - une année les myosotis, les roses trémières la suivante, puis se formait un tapis de coquelicots des moissons. Quelle que fût la plante on la laissait pousser; et Mère rampait au milieu de la forêt vierge, s?arrêtant pour tapoter la tête d?une fleur sur le déclin, aussi gracieuse, aimable, curieuse et indulgente qu?une reine dans un orphelinat.
L?exubérance du dehors se prolongeait dans la cuisine toujours envahie de bouquets...

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First names

Peace was here; but I could tell no difference. Our Mother returned from far away with excited tales of its madness, of how strangers had stopped and kissed each other in the streets and climbed statues shouting its name. But what was peace anyway? Food tasted the same, pump water was as cold, the house neither fell nor grew larger. Winter came in with a dark, hungry sadness, and the village filled up with unknown men who stood around in their braces and khaki pants, smoking short pipes, scratching their arms, and gazing in silence at the gardens.
(p.25)
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En pleurnichant, nous nous précipitions sur les balais, puis nous sortions en courant pour affronter la tempête. Le caniveau était déjà boucé et le cour pleine d'eau. Le bruit de la pluie noyait nos cris et nos pleurs, il n'y avait rien d'autre à faire qu'à balayer.
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Our village school was poor and crowded, (...) We learnt nothing abstract or tenuous there - just simple patterns of facts and letters, portable tricks of calculation, no more than we needed to measure a shed, write out a bill, read a swine-disease warning (...) "Twice-two-are-four. One-God-is-Love. One-Lord-is-King. One-King-is-George. One-George-is-Fifth..." (...) we didn't hear what we said; yet neither did we ever forget it.
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Enfant, je me vantais de la rare distinction d'avoir été baptisé deux fois. Le second baptême qui eut lieu à l'église, fut une affaire plutôt mouvementée. J'avais trois ans et, me moquant du pasteur, je m'aspergeai d'eau bénite à qui mieux mieux. La première onction fut beaucoup plus solennelle et eut lieu après ma naissance. Frêle petit tas sans vie, j'étais entré dans ce monde en silence, comme saisi par le doute.
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