Comme le titre l'indique, c'est une nappe blanche brodée qui est au coeur de cette histoire.
Autour de cette pièce d'un trousseau de mariage du début du XXe siècle, s'esquisse une saga familiale en quelques instantanés, sur un peu plus de cent ans.
Un roman original, beau, émouvant et instructif, pour nous parler succinctement d'Histoire de France et plus généralement de transmission familiale sur plusieurs générations - objets, histoire de chacun de ses membres, mais aussi prénoms... ♥
♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=VtWW87ufh6I
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La nappe blanche brodée par Jeanne au début du XXe siècle pour la mariage de sa petite fille est le fil conducteur de cette nouvelle pleine de délicatesse et de poésie qui retrace l'histoire familiale de Françoise Legendre à travers cette grande pièce tissu en lin, témoin de moments heureux ou tragiques.
En quelques chapitres très courts, précédés de la date de l'évènement, Françoise Legendre fait surgir de véritables tableaux animés, le temps s'écoule mais la nappe transmise de génération en génération jusqu'à nos jours reste un lien sensuel d'une blancheur lumineuse.
Un livre très court de la taille de ma main que je voudrais glisser dans d'autres mains pour qu'elles tournent elles aussi les pages de ce texte émouvant, sans trace de mièvreries. Juste un condensé de souvenirs et de vie très touchant, servi par une belle écriture.
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Cette nouvelle très courte se lit en moins de 10 minutes et nous raconte la vie de toute une famille, qui va traverser un siècle d'Histoire et ce, par le biais d'une nappe brodée, qui sera transmise de génération en génération.
Le texte est simple, avec parfois quelques scènes un peu imagées.
Malgré la brièveté du récit, on ressent l'émotion des personnages, ballottés par les évènements.
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Excessivement classique, le texte est pourtant empreint d'émotion qui tient à la force de son histoire, dont on attend la suite le souffle presque en suspens.
Lire la critique sur le site : Ricochet
La belle nappe brodée, pour manger dehors? s'étonne Louis. Il se souvient encore que sa mère, qu'on n'appelait pas encore grand-mère Anna, durant toute son enfance interdisait qu'on se serve de la belle nappe blanche brodée , même le dimanche.
Mardi 22 novembre 1910
Une merveille de lin blanc
L'hiver est là. La grisaille tenace, les murs épais de presque un mètre et les petites fenêtres maintiennent la grande cuisine de la ferme dans la pénombre. Un feu brûle dans la cheminée de pierres grises. Penchée sur le tissu, Jeanne brode à la lumière de la lampe à pétrole. Son visage ridé est concentré, ses yeux brillent. L'aiguille monte et descend, passant et repassant à travers la nappe immense et blanche qui recouvre sa jupe noire. Elle a commencé ce travail au début de l'été, dès que la date du mariage de sa petite-fille, Anna, a été fixée.
Au centre de la nappe, les deux grandes lettres A et J sont entrelacées. Les initiales d'Anna et de Jean... Des fleurs, des feuilles, des épis de blé brodés courent tout autour, des jours réguliers filent près du bord du tissu. C'est une merveille de fil de lin blanc.
Jeanne soupire, lève la tête, frotte ses yeux fatigués et sourit à sa petite-fille cadette, Laure : assise au bord de la cheminée, la petite Laure rêve devant le feu. Les éclats d'argent de l'aiguille attirent parfois son regard.
- La belle nappe brodée, pour manger dehors ? s’étonne Louis. Il se souvient encore que sa mère, qu’on n’appelait pas encore grand-mère Anna, durant toute son enfance, interdisait que l’on se serve de la belle nappe blanche brodée, même le dimanche. Il ne l’a vue dépliée que deux ou trois fois. Il regarde grand-mère Anna : ses yeux brillent d’émotion, mais elle semble si heureuse que Louis croit soudain retrouver le visage lointain de sa maman quand il n’était encore qu’un tout petit garçon.
Un léger coup de vent soulève le tissu blanc qui vient frôler sa joue. Jeanne ferme les yeux pour mieux respirer l’odeur fraîche de l’étoffe encore humide et sursaute en entendant chuchoter tout près d’elle. Mais non, ce n’est que le tissu qui bouge sous la brise.
- C'est toi qui l'a faite ?
- Oh non, c'est mon arrière-grand-mère qui 'a brodée, il y a cent quatre ans, elle s'appelait Jeanne, comme toi...