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EAN : 978B00XPQV122
LEROUX Ernest (30/11/-1)
4/5   3 notes
Résumé :
XIV + 266 pages - Des lettreines, bandeaux et culs de lampe en noir et blanc - 1 petite annotation sur le 1er plat.
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Une mine d'or à découvrir ! C'est gratuit, c'est en ligne, Wikisource. 32 contes polonais, bohèmes, russes, petit russien, serbes, slovaques, bulgares.
Louis Léger était professeur à l'Ecole des langues orientales en 1882. Dans l'introduction, il indique qu'il a traduit ces contes pour s'amuser au fil des années. Certains sont des variantes de contes bien connus ( Blanche Neige, le Petit Poucet russe d'Afanasiev par exemple). D'autres me sont parfaitement inconnus. Chaque recueil auquel le conte est emprunté est indiqué avec les références.
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Un recueil de contes légers et cours qui offre une agréable lecture de détente ; une bonbonnière de douceurs qui ne font pas grossir, à consommer en grappillant au gré de l'humeur.

Lien : https://fr.wikisource.org/wi..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Comme elle disait ces mots, on entendit dans la forêt des voix mystérieuses qui répétaient :

— Cheveu blanc ! Cheveu blanc !

Ces voix accompagnèrent Zora jusqu’à la porte du château paternel. Là on lui apprit que le prince de Milan était parti, et qu’avant de s’en aller il s’était fiancé à la servante qui avait été chargée de lui signifier son congé.


IV

Des années et des années s'écoulèrent sans qu'on vît arriver un seul prétendant. On avait entendu parler du mauvais accueil fait aux premiers qui avaient osé se présenter, et personne ne venait. Cependant Zora ne rajeunissait pas ; elle avait compté sur le pouvoir souverain de ses charmes et de sa richesse, elle commençait à réfléchir sur la marche naturelle des choses et à craindre de mourir vieille fille.

Tout à coup le doge mourut, la dogaresse aussi. Ce fut un grand changement dans la vie de Zora. Elle entra en possession des pays, des mers, des villes, des îles, des vaisseaux et des ports qui appartenaient à son père ; elle héritait de richesses immenses et par-dessus le marché des deux couronnes de Chypre et de Rhodes.

Les prétendants recommencèrent à se montrer. Le premier qui apparut fut un grand seigneur de Hongrie. Il écrivit à Zora une lettre fort courtoise pour demander sa main.

Zora courut consulter ses deux oiseaux ; l’un lui chanta son refrain habituel, qu’elle était plus belle que la lune et le soleil. Zora, charmée, doubla sa ration de millet. L’autre, devenu vieux, murmura quelques mots sans suite, ce qui lui valut de la part de la reine de Chypre un bon coup d’éventail sur le bec.

Le lendemain, Zora se leva de grand matin et appela sa servante :

— Peigne-moi, lui dit-elle, et fais-moi les tresses les plus élégantes que tu pourras. J’attends aujourd’hui un prétendant ; je lui plais, paraît-il, et il vient tenter fortune auprès de moi. Coiffe-moi le mieux que tu pourras, et je te récompenserai royalement. Ce n’est pas, tu le sais, que je sois coquette. Mais la convenance exige...

— Qu’est-ce donc ? s’écria Zora en remarquant que la servante s’était brusquement arrêtée.

— Rien, madame, rien !

— Comment rien ? On ne s’étonne pas de rien. Je veux savoir ce que c’est.

— Mais rien, madame, rien. Un cheveu gris.

À ces mots, Zora bondit comme une possédée.

— Tu mens, dit-elle ! Parce que tu es rousse, tu envies mes beaux cheveux noirs et voudrais ternir leur réputation. Mais, misérable, tu n’y réussiras pas.

Elle saisit la servante par la chevelure, et la jeta par la fenêtre.

— Voilà pour mon cheveu gris, s’écria-t-elle avec un rire infernal !

La servante tomba dans un puits profond au pied du château.

Zora couvrit à la hâte, avec une parure de diamants, l’endroit où le cheveu blanc lui était signalé. Elle mit par-dessus la couronne de Chypre et reçut le grand seigneur hongrois.

Il était haut comme un colosse, un peu mûr ; il boitait d’un pied, louchait des deux yeux, avait le nez crochu comme un quartier de lune, la barbe pointue comme une pioche, et une paire de dents pareilles aux défenses d'un sanglier.

— Belle reine, dit-il, ou dogaresse, ou si tu aimes mieux princesse, ainsi que tu peux le voir et le constater, je ne suis pas absolument sans défaut. Mais j’espère que tu voudras bien m’excuser. Il n’y a point d’homme parfait en ce monde, je n’excepte ni toi, ni moi… Je dois t’avouer aussi que j’ai un certain faible pour le vin de Tokay et que…

— Impudent, misérable, s’écria Zora, comment oses-tu seulement te présenter devant moi, fille de doge, reine de Chypre, l’orgueil et la gloire de mon sexe ? Où as-tu jamais vu que l’aigle ait reçu le hibou dans son nid ? Arrière ! arrière ! ou je fais lâcher mes chiens sur toi.

Le Hongrois ne se laissa pas déconcerter. Il frisa majestueusement sa moustache et répliqua :

— Mon Dieu ! sans doute l’aigle ne prend pas un hibou dans son nid ; mais le hibou n’admet pas le dindon dans le sien. D’ailleurs, en entrant dans ton château, j’ai vu quelque chose dégringoler par la fenêtre et tomber dans le puits. Je suis de mœurs un peu brutales, mais j’ai bon cœur au fond ; j’ai envoyé mes serviteurs voir ce qui arrivait. Ils ont retiré du puits une fille un peu rousse, mais jeune et assez jolie. Elle était encore en vie. Je suis venu ici pour chercher femme, et, ma foi, je verrai si la rousse lâchera des chiens après moi.

Il fit une révérence boiteuse à la reine de Chypre et se retira.

La servante, pleine de reconnaissance pour son sauveur, se dit : Mieux vaut avoir un mari boiteux et louche que de rester fille ; s'il aime le Tokay, eh bien je tâcherai de l’aimer aussi !

Elle accepta et ils s’en allèrent tous deux en Hongrie.


V

Peu de temps après, une nouvelle lettre arriva.

Zora, voyant à l'horizon un nouveau fiancé, alla trouver ses deux oiseaux et leur demanda :

— Eh bien ! que pensez-vous de cela ?

Et de joie elle se mit à danser.

Le vieux pinson, en voyant sa maîtresse danser, se mit à chanter son refrain, et Zora, charmée, lui donna triple ration. Mais son compagnon tourna la tête d’un air inquiet, comme si cela ne lui convenait nullement ; ce qui lui valut un bon coup sur le bec ; il s’envola tout étourdi.

Le lendemain, Zora appela une servante et lui ordonna de la peigner le mieux possible. Mais la servante s’arrêta tout à coup, puis elle s’arrêta une seconde fois, puis une troisième.

— Qu’est-ce donc ? s’écria Zora impatientée.

— Rien, madame, une mèche de cheveux gris.

— Misérable ! C’est parce que tu as les cheveux durs et crépus que tu déprécies mes beaux cheveux noirs. Mais malheur à toi, je te punirai de terrible façon.

Et elle appela les valets et leur ordonna d’aller jeter la servante dans le four à chaux, qui précisément chauffait en ce moment.

Zora s’empressa de couvrir la mèche de cheveux avec des diamants, des rubis, et mit par-dessus les couronnes de Chypre et de Rhodes.

Le nouveau prétendant fut introduit.

C’était un chef cosaque qui, Dieu sait à la suite de quelle aventure, arrivait du fond de la Russie ; il était petit, boiteux, bossu ; il ne louchait, il est vrai, que d’un œil. C’est qu’il était borgne. Il avait le nez recourbé comme un quartier de lune, la barbe pointue comme une pioche ; il bégayait, entendait mal et agitait sans cesse ses bras comme un moulin.

Il commença un beau discours, mais Zora l'interrompit aux premiers mots.

— Misérable, lui dit-elle, ôte-toi de mes yeux.

Elle serrait les poings, ses dents claquaient de rage.

— C'est bon, c’est bon, répliqua tranquillement le Cosaque ; croyez-vous qu’on tienne tant à vous, la belle ? J’ai les cheveux noirs, vous la tête grise. Vous ne voulez pas être ma femme ? On saura se passer de vous.

Zora n’en voulut pas plus entendre et le fit mettre à la porte par ses laquais.

En sortant, le Cosaque passa près du four à chaux et vit les valets qui s’apprêtaient à y jeter la servante.

— Non pas, non pas, s’écria-t-il. Attendez un instant. Ce serait vraiment dommage de brûler cette jeune personne.

Et s’adressant à la servante :

— Dis-moi, la fille, qui vaut mieux : brûler dans un four, ou devenir ma femme ?

La servante l’accepta aussitôt pour mari ; il la prit en croupe et partit arec elle. Le château redevint silencieux et Zora resta seule avec ses oiseaux ; elle leur faisait répéter des chansons d’autrefois. Les mois, les années se passèrent sans qu’on frappât aux portes du palais.

Enfin, longtemps, bien longtemps après, une lettre arriva au château. Elle annonçait la visite d’un nouveau prétendant, M. le chevalier de Six-Planches.

— Eh bien, qu’en pensez-vous ? demanda l’héritière des doges à ses deux oiseaux.

Les pinsons, se rappelant les corrections qu’ils avaient reçues, se mirent à chanter à l’envi leurs refrains les plus flatteurs. C’était plaisir de les entendre. Aussi leur maîtresse les régala de son mieux.

Puis elle appela une servante et lui ordonna de la coiffer le plus vite possible : un hôte illustre allait venir. La servante se mit à la peigner, mais lentement et avec peine.

— Qu’as-tu donc ? Tes mains ne marchent pas. Tu sais bien que je suis pressée.

— Madame, répond la servante, on ne cueille pas de feuilles sur les arbres en hiver.

— Que veux-tu dire ?

— Qu'avec des cheveux blancs il est difficile de tresser des tresses noires.

— Que le ciel le confonde ! s’écria Zora. Et toi aussi, tu es contre moi ? Jalouse, parce que tu as une crinière de cavale sauvage, tu ne veux pas me permettre même un cheveu noir ?

Et elle étrangla la pauvre fille avec sa ceinture de soie et la jeta dans la cave la plus profonde du château.

Puis, pour cacher l’outrage des ans, elle mit sur sa tête ses deux couronnes, s’enveloppa d’un voile noir, et s’assit sur le trône royal dans le coin le plus sombre du salon d’honneur.

À l’instant le fiancé annoncé entra avec sa suite.

C’était une terrible figure, crâne chauve, sans nez et sans yeux, sans lèvres et sans dents. On ne pouvait pas dire qu’il n’avait que les os sur la peau, car il n’avait que des os. En guise d’armes, il tenait à la main une immense faux.

C'était le seigneur de la Mort.

— Belle princesse, lui dit le sinistre visiteur, comme tu vois, je n’ai aucun des défauts qui t’ont fait chasser insolemment mes prédécesseurs. Mon visage n’est point affligé d’un nez recourbé comme un quartier de lune, ni d’une barbe pointue comme une pioche, ni de défenses de sangliers. Je ne louche ni ne boite. Je ne suis ni batailleur ni pédant, je ne fais point de vers et je ne bois pas. Je suis de si haut rang que les comtes et les princes, les rois et les empereurs s’inclinent devant moi. Je suis si riche, si puissant que tous les trésors, tous les honneurs de ce monde disparaissent devant moi. J’ai pourtant un petit défaut, c’est d’être un vagabond terrible. Toute l’année, nuit et jour, sans repos, sans relâche, je cours le monde ; on me voit errer du nord au midi, sur terre et sur mer, dans les villes et dans les
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Tandis qu’ils prêtaient l’oreille, crac ! crac ! voici que sort du foyer une figure maigre et pâle, d’ailleurs en somme une assez jolie fille.

— Quel diable cela peut-il être ? s’écrie le père.

— Juste ciel ! s’écrient la mère et tous les enfants.

— Je ne suis pas le diable, s’écrie la frêle créature, je suis votre misère : j’ai appris que vous déménagiez, il faut que vous m’emmeniez avec vous.

Le laboureur n’était pas bête ; il réfléchit un moment ; au lieu de chercher à étrangler sa misère, — elle était si fine et si leste qu’il ne lui aurait certainement rien fait, — il s’inclina profondément devant elle.

— Madame, lui dit-il, puisque vous vous plaisez tant avec nous, accompagnez-nous ; mais, comme vous voyez, nous faisons nous-mêmes notre déménagement, soyez assez bonne pour nous aider un peu.

La dame y consentit et voulut prendre quelques légers ustensiles ; mais le laboureur les donna aux enfants et lui dit qu’il avait oublié dans la cour un billot qu’il lui fallait aussi emporter ; il courut dans la cour, ouvrit le billot d’un coup de hache, et pria poliment la misère de l’aider à enlever cet objet si lourd. Elle ne savait comment s’y prendre ; le laboureur lui montra la fente, elle y mit ses doigts longs et fins. L’autre, tout en feignant de l’aider, enleva brusquement sa cognée ; les doigts longs et fins restèrent pris dans le bois. Elle eut beau crier, gémir, se démener ; rien n’y fit.

Le laboureur rassembla à la hâte tout son mobilier, partit, et se garda bien de jamais revenir en cet endroit. Il fut désormais très heureux et devint bientôt le plus riche paysan du village où il était allé s’établir ; sa fille épousa le fils d’un honnête voisin, un beau et brave garçon ; tous vécurent en joie.

Le seigneur de l’ancien village, l’oppresseur des misérables, eut un tout autre destin. Voulant distribuer les maisons vides à de nouveaux habitants, il vint visiter celle que notre laboureur avait habitée. Qui trouva-t-il ? Une pâle fille qui se débattait en vain les doigts pris dans un billot. Il eut pitié d’elle, enfonça un coin dans le bois et la délivra. À dater de ce jour, la pâle misère ne quitta plus son libérateur ; malgré son âge, il en devint amoureux. Pour elle, il gaspilla si bien toute sa fortune qu’il devint pauvre à son tour.
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La beauté, la puissance attirent toujours des prétendants. Un nouveau ne tarda pas à se présenter. C’était le fils d’un prince de Milan ; il était assez beau garçon et fort agréable. Il avait pendant de longues années voyagé sur terre et sur mer, visité les cours des souverains ; il racontait ses voyages de la façon la plus intéressante. Il était l’orgueil de sa principauté et on l’estimait chez les rois. Il apportait au doge et à la dogaresse des présents en ivoire et en ébène, et à leur fille un perroquet d’une beauté merveilleuse qu’il avait pris peu de temps auparavant dans une forêt de l’Orient.

Mais la fille du doge, dès qu’elle l’aperçut par la fenêtre, ne voulut même pas le regarder. Elle ferma la fenêtre si violemment que les carreaux éclatèrent ; elle lui fit dire de s’en aller immédiatement ; s’il avait pris la peine de se regarder dans un miroir, il devait comprendre qu’il n’était point digne d’épouser une pareille beauté.
LA FILLE DU DOGE(CONTE DALMATE)
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Les laquais accourent, empoignent le bonhomme, l’emmènent à l’écurie, et le régalent de coups, mais tant et si bien qu’il peut à peine se tenir.

Après ce bel exploit, la vieille fait de son mari le portier de la maison ; elle lui fait donner un balai et lui commande de balayer la cour et d’aller manger et boire dans la cuisine. Dure vie pour le pauvre bonhomme : balayer la cour toute la journée ; et, si elle n’est pas propre, gare à l’écurie !

— Quelle sorcière ! pensait le pauvre diable ; elle a le bonheur en partage et elle s’y roule comme une… Voilà maintenant qu’elle ne veut plus de moi pour mari.
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— Allons, je chanterai encore ce soir, et ne reviendrai plus sous ses fenêtres.

Il accorda sa tambouriça, et d’une voix triste il chanta :

Tambouriça mon passe-temps,
Archet ma douce joie,
Assez longtemps tu as nourri ma faim,
Désaltéré ma soif.
Tu as attiré les filles à la fenêtre,
Tu as allumé d’amour leurs visages.
Tambouriça mon passe-temps,
Archet ma douce joie,
Hélas ! j’ai perdu les jours et l’année
À chanter sous les fenêtres de Meïra :
Meïra ne veut même pas me regarder.
À ces paroles, la lumière s’éteignit, la fenêtre s’ouvrit tout à coup. Omer ne se sentait pas de joie, mais Meïra lui dit :

— Je crois que tu es devenu fou, Omer. Je m’étonne de tes fantaisies. Que cherches-tu sous mes fenêtres ? Tout cela est bien inutile, sais-tu ?

UNE DRACHME DE LANGUE (CONTE SERBE)
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