AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782369350118
112 pages
Le Passager Clandestin (06/03/2014)
3.5/5   23 notes
Résumé :

L’Amérique, dans deux ou trois cents ans. Le monde a échappé à l’apocalypse mais s’est enlisé dans une guerre d’usure. L’humanité – en tout cas, celle qui en a les moyens – s’est réfugiée en sous-sol, laissant l’autre partie vivoter à la surface. Gussy et sa femme, Daisy, sont de ceux-là. Ils apprécient leur vie « normale » au sein d’une tour abandonnée. Gussy est un rêveur fou et un inventeur de génie. Régulièrement, Fay, un habitant du dessous travaillant ... >Voir plus
Que lire après Le pense-bêteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Lorsque je lis de « vieux » récits d'anticipation, qui datent de bien avant la révolution numérique, je ne peux m'empêcher de constater que nombre d'auteurs nous ont prévenu, à travers la fiction, des dangers qui nous guettaient. Ce 1er constat en amène un second qui est qu'on ne les a pas entendus, on a poursuivi le même chemin. « le pense-bête » de Fritz Leiber est l'un de ces textes visionnaires qui sont d'une actualité flagrante.

Si certains aspects de cette novella ont vieilli, le contexte politique est très ancré dans la guerre froide et le modèle sociétal dépeint, notamment familial, appartient à un autre temps, le fond du récit est très actuel. Leiber dépeint avec une grande acuité et un humour acide le risque de dépendance vis-à-vis de la technologie. le pense-bête qui donne son titre à la nouvelle est une sorte d'organiseur portatif que le personnage principal a inventé pour qu'il lui rappelle ce qu'il a peur d'oublier, les rendez-vous, les programmes à voir… Impossible de ne pas faire le rapprochement avec les smartphones d'aujourd'hui. Leiber dépeint des Hommes devenir de plus en plus dépendants de la machine, penser de moins en moins par eux-mêmes, après tout quelque chose s'en occupe pour eux, jusqu'à finalement être des esclaves. Leiber se montre assez virulent envers l'Homme, pointant son conformisme, sa faiblesse, sa vacuité et sa paresse intellectuelle. Pour cela, Leiber utilise, comme je l'ai déjà mentionné, un humour assez corrosif et aussi une tonalité plutôt légère. J'ai beaucoup aimé ce mélange entre un fond grave et une forme légère.

J'ai vraiment beaucoup aimé cette novella que j'ai trouvé très pertinente tout en offrant un divertissement agréable. C'était là ma 1ère lecture de Leiber et certainement pas la dernière. C'est le genre de texte qui me reviendra régulièrement à l'esprit tant on assiste aujourd'hui à ce qu'il annonçait hier. Dorénavant, lorsque je verrai dans le métro, à la terrasse des cafés ou même dans la rue, tous ces gens penchés sur l'écran de leur téléphone, je ne pourrai m'empêcher de me souvenir de cette phrase prononcée par un des personnages : « qui voudrait s'attarder dans l'imaginaire et perdre l'occasion de voir ce que fait son mémoriseur ? »
Commenter  J’apprécie          362
Cette longue nouvelle de Fritz Leiber me laisse un goût mitigé.

Du côté positif, une chouette description d'un monde futur – le futur de 1962, date de l'écriture – avec une vie « au-dessus du sol » qui s'est faite rare, toujours inquiétée par les missiles russes nocturnes et une vie souterraine foisonnante façon Cavernes d'Acier d'Asimov.
Également une société qui malgré les circonstances poursuit sa route consumériste tout crin. Il s'agit d'inventer de nouveaux objets novateurs que le public va s'arracher. C'est un peu le métier de Gussy qui continue à vivre « en haut » avec sa famille. L'anticipation de Leiber sur des objets qui évoquent nos smartphones et des longues files d'attente pour acheter le dernier modèle est impressionnante. Et ce n'est pas la seule invention qui s'est révélée exister à notre époque. Bravo le visionnaire !
Enfin un dénouement que je n'ai pas vu venir, et j'aime bien être surpris.

Côté négatif, un ton qui hésite entre le sérieux-tragique et le sarcasme-farce que j'ai trouvé déstabilisant pour le lecteur. le message, si message il y a, est troublé. Je ne savais pas si je devais considérer tout cela au premier ou second degré. Exemple, un dialogue assez long, dont l'objet est de déterminer si ces nouveaux objets ont une forme de conscience, qui est saboté par l'apparition de la femme de Gussy en tenue affriolante qui fait bouillonner les hormones de l'homme.
Et c'est comme ça presque tout du long, se stabilisant vers plus de sérieux dans la dernière partie, et c'est tant mieux.

Allez, je dirais « mitigé + », lol.
Commenter  J’apprécie          350
Dans un futur lointain, les plus riches vivent sous terre, à l'abri tandis qu'une minorité vit à la surface. Gussy et sa famille sont de ceux-là. Gussy est un inventeur qui donne des idées à Fay qui les exploite une fois de retour dans les profondeurs. Un jour, l'inventeur, excédé, parle de son souhait de pouvoir de rappeler ses différentes tâches à faire... Son idée rapportée par Fay sera un succès et même plus que ça.
Une petite collection qui remette au goût du jour quelques nouvelles de la SF d'époque. Ici, Fritz Leiber évoqué un monde dépassé par la technologie. Les hommes sont petit à petit soumis à ces nouvelles machines, les mémorisateurs. On pense évidemment à nos technologies actuelles, téléphones, ordinateurs etc qui nous rendent de plus en plus dépendants. Dans la nouvelle, la soumission est d'abord physique...
Le titre originale est The creature From The Cleveland Depths qui est plus franc sur la nature effrayante de la chose que la française.
Toujours très utile, le contexte historique de l'écriture du texte. La fin est un peu extravagante mais a le mérite d'être positive. J'ai pensé à un roman d'Isaac Asimov sur le même thème, il faut que je retrouve le titre...
Commenter  J’apprécie          320
Je recommande régulièrement la collection dyschronique mais on est ici avec le premier que je ne recommande pas. le pense-bête a de mon point de vue mal vieilli et avec du recul, même pour l'année d'écriture, 1962, certains points devaient déjà faire grincer des dents. Les propos sont particulièrement sexistes, racistes et transphobes. C'est dommage parce que la thématique de la nouvelle et le reste de l'histoire sont vraiment intéressants mais pour cela il faut réussir à s'affranchir de toutes les petites pics gratuites sur les minorités et ça je n'ai pas réussi.
Niveau histoire de base, il est question d'un futur où la quasi intégralité de la population s'est réfugiée dans les sous-sols et où la technologie prend de plus en plus de place. On découvre l'histoire par les yeux d'un irréductible (et infect personnage) qui continue à vivre en surface avec sa petite famille, un peu à l'ancienne. Pour arrondir ses fins de mois, il propose un développement : une aide à l'organisation. L'idée est d'avoir un outil qui libère le cerveau de toutes les taches à se rappeler comme sortir le repas du congélateur par exemple. Vous vous doutez bien que ça va prendre des proportions non anticipées à cause de l'IA mise en place.
L'idée de mettre en avant la perte d'initiative qui découle d'un emploi du temps calibré à la minute par autrui est bonne. Les réflexions sur le moment où une aide passe de bénéfique à néfaste car elle enlève le libre arbitre sous couvert de suppression de charge mentale sont intéressantes mais le fait que le récit soit bourré de petites phrases comme ça en passant mine de rien qui dénigre les femmes, les personnes non blanches, celles avec une religion différente…. c'était trop, je ne voyais plus que ça.
Commenter  J’apprécie          20
Le pense-bête de Fritz Leiber aurait été écrit au XXIe siècle, cette nouvelle aurait été considérée comme technophobe et rétrograde. Mais le texte a été écrit en 1962, bien avant l'apparition des premiers smartphones, et bien avant celles des premiers téléphones personnels ou autres PDA (ou assistant personnel numérique pour les plus jeunes des visiteurs de ce blog qui ne les ont pas connus). Ce décalage n'en rend cette nouvelle d'horreur scientifique que plus savoureuse.
Certes elle est très datée, ne serait-ce que dans la répartition des rôles entre Gusterson et sa femme Daisy, ou encore dans son obsession pour les Soviétiques et la guerre atomique. Mais elle est également très moderne en montrant comment les mémoriseurs (transformés en pense-bêtes dans ce titre en français, en VO il s'agit de The Creature from Cleveland Depths) s'insinuent peu à peu dans la vie de leur porteur à la manière dont les smartphones s'insinuent peu à peu dans notre vie quotidienne. D'accord le Pense-bête force le trait en imaginant des machines injectant directement médicaments et régulateur d'humain à leur possesseur au lieu de se contenter de surveiller et diffuser leurs données de santé afin de faire des préconisations.
Mais ne risquons-nous pas, si nous n'y prêtons pas attention, de devenir asservis par ces objets ?
En grossissant à outrance le trait, Fritz Leiber utilise l'ironie, une arme qu'il maîtrise à la perfection pour rappeler un message tout simple : la technologie doit servir l'humain et non l'asservir peu à peu au prétexte de l'aider. Finalement, l'auteur n'est pas tant technophobe que misanthrope et pessimiste concernant les capacités de ses semblables à prendre soin de leur liberté et de leur autonomie ? Que ce soit vis-à-vis des outils technologiques ou d'autres solutions de « prêt-à-penser » toutes faites, n'aurait-il pas raison ?
Lien : https://www.outrelivres.fr/l..
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Fay, je ne plaisante pas au sujet des insectes qui pensent. S'ils ne pensent pas vraiment, ils ressentent. Ils ont leur paysage intérieur. Une flamme au-dedans d'eux-mêmes. Ils sont conscients. C'est pourquoi, Fay, je pense que tous tes appareils électroniques sont conscients eux aussi.
Commenter  J’apprécie          153
Je vais te dire pourquoi ton mémoriseur est si populaire, Fay, dit-il doucement. Ce n'est pas parce qu'il supplée au manque de mémoire ou parce qu'il stimule l'ego avec des subliminaux. C'est parce qu'il ôte toute initiative, il prend à sa charge l'effort nécessaire pour supporter la vie. Regarde, Fay, tous ces pauvres types engagés dans une course de rat souterraine contre la mort atomique, pour arriver, s'ils échappent aux pièges du jeu de l'Oie, à gagner décorations et argent, et toutes ces règles du jeu, par millions, qu'il faut avoir à l'esprit. Bon, tu prends l'un de ces types : chaque jour, quand il se réveille, il y a toutes ces choses qu'il doit se souvenir de faire, sinon il perd trois tours et risque même d'être expulsé du jeu par quelque ange de malheur. Mais maintenant, il a son mémoriseur, et il confie à son gentil mémoriseur argenté tout ce qu'il a à faire, et le mémoriseur, lui, doit s'en souvenir. Bien sûr, le type devra faire ce qu'il a à faire au bout du compte, mais, en attendant, l'initiative ne lui revient plus, il n'a plus de soucis. Il a transféré la responsabilité.
Commenter  J’apprécie          20
Je vais te dire pourquoi ton mémoriseur est si populaire, Fay, dit-il doucement. Ce n'est pas parce qu'il supplée au manque de mémoire ou parce qu'il stimule l'ego avec des subliminaux. C'est parce qu'il ôte toute initiative, il prend à sa charge l'effort nécessaire pour supporter la vie.
Commenter  J’apprécie          40
Fay, quand un homme oublie de faire quelque chose, c'est parce qu'il ne veut pas le faire ou parce que quelque chose ne va pas dans son inconscient. Il devrait alors considérer cela comme un signal d'alarme et réfléchir à ce qui ne va pas, et non pas s'offrir un aide-mémoire, qu'il soit humain ou mécanique.
Commenter  J’apprécie          11

autres livres classés : science-fictionVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (58) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4856 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..