Yoko Tsuno l'Intégrale, Tome 7 : Sombres complots

Cette 7e intégrale de la saga "Yoko Tsuno" intitulée "Sombres complots" est decrescendo :

* Tome 9 : "La Fille du Vent" est l'un des meilleur tome de la saga, car Yoko Tsuno est confrontée à son passé et à celui de son pays en s'immisçant dans le combat de titans qu'est l'affrontement entre son père Seiki savant humaniste et sa Némésis Ito Kazuky savant dément qui ne connaît d'autre éthique que la loi de l'argent... Au bout du bout un kamikaze rescapé de la WWII choisit de se sacrifier lui plutôt que l'avenir de son pays ! Magnifique certes, mais ô combien tragique !!!
https://www.babelio.com/livres/Leloup-Yoko-Tsuno-tome-9--La-fille-du-vent/11406/critiques/1370378
* Tome 12 : "La Proie et l'Ombre" s'inspire peu ou prou du célèbre "Les Hauts de Hurlevent", et on se retrouve avec une intrigue classique mais agréable qui aurait fait un excellent épisode du "Saint", d'"Amicalement Vôtre" ou de "Chapeau melon et bottes de cuir" ^^
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* Tome 19 : "L'Or du Rhin" montre les limites de Roger Leloup comme scénariste car son remake du "Crime de l'Orient Express" mélange simultanément quatre intrigues à la Agatha Christie en plus des histoires d'espionnage, de big business et de Science-Fiction... Cela aurait pu être très bien mais au final c'est très confus !
https://www.babelio.com/livres/Leloup-Yoko-Tsuno-tome-19--Lor-du-Rhin/11393/critiques/1569086

Ces intégrales sont d'un imbattable rapport qualité-prix, mais également très intéressantes en elles-mêmes : chacune d'entre elle propose un portofolio et un making-off d'une vingtaine de page, et inclut des illustrations abandonnées lors du passage de la publication en magazine à la publication en album... Les appendices riches en textes et en images font office de très intéressant making-off, mieux l'auteur devient pour ses lecteurs le guide du musée de ses propres souvenirs : quelle belle âme que ce Roger Leloup !

Le septième volume de l'intégrale des aventures de Yoko Tsuno comprend les tomes 9 : La fille du vent, 12 : La proie et l'ombre et 19 : L'or du Rhin, qui mettent en scène des histoires terriennes, ce qui ne les empêche pas d'être bien énigmatiques...

Le volume commence donc par La fille du vent. Dans la veine des histoires très "scientifiques" de Yoko, cette aventure a pourtant une résonance particulièrement affective pour moi. Peut être parce que c'est ma toute première rencontre avec Yoko, parce que c'était mon père qui m'avait offert cette BD à l'époque... L'histoire d'Aoki, un ancien kamikaze qui s'est occupé de l'héroïne étant enfant, ne peut qu'émouvoir et fait écho au douloureux passé militariste du Japon.

Dans La proie et l'ombre, le dépaysement est complet : un vieux château nimbé de mystères, où se trame un complot monstrueux... Ces éléments m'ont fortement rappelé L'orgue du Diable, ce qui ne m'a pas empêché d'apprécier l'histoire et de m'attacher à Cécilia, que je trouve touchante dans son rôle de jeune fille sur le point de sombrer dans la folie sans l'intervention de Yoko. Là aussi, l'histoire de cette adolescente orpheline à la recherche de repères fait vibrer en moi une corde sensible...

Enfin, on retrouve dans L'or du Rhin Ito Kazuki, à qui Yoko Tsuno s'est déjà opposé dans La fille du vent. Le terrain d'affrontement se trouve cette fois à bord d'un train, dans la vallée du Rhin qu'affectionne tout particulièrement Roger Leloup... On pense forcément au Crime de l'Orient Express, ce qui renforce l'ambiance mystérieuse... le cadre est vraiment saisissant.

Plus que le thème du complot, c'est plutôt la recherche du paternel qui rapproche ces histoires à mes yeux, leur donnant une portée particulièrement intime et poignante.

Je trouve Roger Leloup excellent sur ces intrigues très "techno-policière". "La Fille du Vent" est encore un peu vert, les traits ne sont pas encore aussi beau que ce qu'on connaitra plus tard (cette édition qui regroupe les histoires par thèmes, en mélangeant les dates de parution, fait que l'on remarque immédiatement l'évolution du dessin), même si l'histoire est sympathique, et nous permet de découvrir la famille de Yoko. En revanche, détail intéressant en comparant avec le volume simple : les couleurs ont été retravaillés, et il y a notamment une atténuation du jaune dans la couleur de peau de Yoko.

Les deux autres intrigues sont passionnantes, et j'avoue avoir beaucoup d'affection pour "La proie et l'ombre", une diabolique histoire, qui se dénoue heureusement assez bien. Comme le souligne l'auteur dans le dossier, il s'en donne ici à coeur joie pour habiller très joliment Yoko, "comme une princesse". J'avoue que ça m'a fait plaisir à moi aussi - certainement les restes de mon âme de petite fille fan de Yoko Tsuno. Les décors et la profondeur de certaines cases est à couper le souffle, et le dossier nous donne quelques clefs quant à la création, notamment du château, ou du train de L'or du Rhin. Ces indications sont vraiment intéressantes, et c'est ce qui me fait continuer ma lecture de cette édition, bien que je désapprouve le découpage non chronologique.