Tout d'abord, je vois ce livre comme un roman historique, même s'il était contemporain à son époque. C'est un témoignage fort intéressant de la vie et des moeurs de la Basse-Ville des années 1930-1940s. Aucun historien ne saura reconstituer ladite époque à un tel niveau.
Ensuite, c'est un roman sur Québec, la ville que j'aime beaucoup, et encore sur les plus vivants de ses quartiers.
Finalement, le roman et vachement drôle. L'auteur a un excellent sens d'humour, son ironie nous fait rire souvent.
L'auteur se moque, tout doucement et sans méchanceté aucune, de son entourage, avec leurs petits problèmes, faiblesses et préjugés. Ses personnages, quoique naïfs et imparfaits, sont tout à fait aimables.
Je constate que certains lecteurs ont trouvé les personnages trop grotesques et trop infantiles pour leur âge. Il est vrai, qu'ils sont loin des supermans et superwomans tout réussis qui peuplent certains romans.
Les Plouffe, eux, sont bourrés de faiblesses humaines – comme tous les gens réels le sont. Et l'auteur exhibe ses faiblesses sans pitié, mais avec une certaine compassion.
Au début, le roman a l'air d'une oeuvre humoristique. Mais plus il progresse, plus il devient sérieux. Ça se voit qu'il était écrit par un jeune homme pendant trois ans : les personnages gagnent en maturité, leurs problèmes aussi.
Pourquoi Joséphine est-elle si naïve? Parce que, mariée tout jeune, elle n'a rien vu à part de sa cuisine (et son église). Pourquoi est-elle si folle de ses enfants en refusant d'admettre qu'ils sont désormais adultes? Parce que de 22 grossesses, seuls 4 bébés ont survécu et atteint l'âge adulte. Pourquoi
Ovide est-il si égoïste et complexé? Il est gêné par son apparence physique. Pourquoi Guillaume est-il si superficiel et immature? Parce qu'il était gâté par sa mère et traité en bébé même à 20 ans. Et quoi dire de l'amour de Napoléon qui fait guérir Jeanne, pourtant condamnée à mourir?
En effet, le roman est plus profond qu'il ne paraît au début. Car les « Plouffe » sont parmi nous, dans chaque pays ou société. On peut reconnaître des éléments de leurs caractères chez les amis, les parents et parfois chez nous-mêmes (quoique c'est plus commode de ne pas l'admettre :) ).