La fille de Mendel

Pendant ce temps, notre vie à Korolivka est pénible. Les Ukrainiens, les Silésiens, les Allemands, tout le monde veut faire la loi sur les Juifs. Ils nous ont forcés à porter un brassard blanc avec une Mogen Dovid bleue dessus. Le bandeau fait à peu près dix centimètres de largeur. Les nazis nous le font payer avec notre argent.

Du coup, nous avons commencé à distribuer nos affaires à de bons voisins chrétiens, pour qu'ils nous les conservent. Nous, on les a donnés avec l'espoir que nous allons survivre à la guerre et que eux ils nous les rendront quand elle sera finie. Mais tu sais, ces gens ils étaient gentils avant, pour ce qui est d'après, c'est une autre histoire...

Il en alla ainsi durant une semaine, jusqu'au moment où il me vint la brillante idée de l'interroger au sujet de sa vie, de son histoire. Au départ, elle montra de la réticence à s'exprimer. "Feh, qu'as-tu besoin de savoir tout cela ?" me demanda-t-elle. Mais elle finit par s'enthousiasmer pour cette idée et la mémoire de ses expériences coula alors à flots. Grâce à dieu, la caméra vidéo tournait.

Les Russes franchissent la frontière le 17 septembre 1939. La guerre commence. Les Polonais, ils ne combattent pas trop vers chez nous. Trois ou quatre jours après, un Natchalnik, un homme du parti, et des soldats entrent dans Germakivka. Les communistes reprennent le pouvoir. Ils dirigent tout, la police, les trains, la poste, tout. Ma famille, les juifs, ils les appellent les "capitalistes riches".

[ extrait 3 : ]

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[ extrait 2 : ]

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