Une écriture très visuelle nous fait entrer dans l'univers de Nann qui, veuve, habite maintenant chez Momm, sa mère, avec ses trois filles.
Fichu caractère cette Momm. Veut se mêler de tout, voit le mal partout. Elle est vraiment pénible.
L'histoire se passe sur trois jours.
C'est une fine analyse de caractère, dans un beau style. L'écriture est précise, descriptive. La difficulté des relations familiales est bien perçue.
Une agréable fiction qui fait passer un bon moment.
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Une maison, on devine qu'il s'agit d'un ordinaire pavillon de banlieue, où ne vivent que des femmes. Les hommes n'y font que des apparitions, guère mémorables, voire carrément catastrophiques. le mari de Nann a dilapidé tout son fric, s'est tué sur la route, lui laissant deux jumelles et des dettes. Nann a une liaison avec Vincent, mais ne le voit qu'en cachette et ne sait rien de lui. Dan, qui va emmener Lilli sur son scooter dans une fugue minable, n'est qu'un abruti bas du front. le seul homme qui est décrit comme bon et généreux, le mari de Momm, est mort trop tôt.
S'y développent les relations complexes que l'on trouve dans toutes les familles, entre amour et agacement. Car bien évidemment, pour Momm, la grand-mère, les gens que l'on aime ne se comportent jamais comme l'on aimerait qu'ils le fassent. Cela va de ses petites filles qui ne veulent pas de son gratin de courgette, à sa fille, Nann, qui se permet d'offrir un café à l'ouvrier. de petites actions apparemment insignifiantes peuvent prendre un tour insupportable. Mais quand surviennent des événements plus graves, alors on se serre les coudes.
Le roman vaut par la description de la vie intérieure des trois femmes, de trois générations différentes, en contraste avec la triste banalité de leur quotidien et la pauvreté de leurs échanges verbaux. Les courses au supermarché, le repassage, la cuisine, avec toujours au fond d'elles-mêmes, cette propension de l'être humain à espérer autre chose. Sans savoir forcément quoi...
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Elle reconnaissait ce trouble, cette sensation, c'était quelque chose qui lui paraissait aussi vieux qu'elle, une boîte qu'on lui aurait offerte à sa naissance et lui aurait été donnée plus tard vers six ou sept ans, l'âge de raison, sept ans, elle s'en souvenait, ça l'avait beaucoup impressionnée, cette insistance pendant plusieurs mois: Quand tu auras l'âge de raison, pour une petite fille qui a l'âge de raison, tu n'es pas, vraiment pas... un passage qui n'avait pas duré très longtemps vu que très vite il avait été question de l'âge bête et, à l'époque, elle n'avait pas relevé la bizarrerie de cette évolution à contre-courant: où passait la raison si on devenait bête juste après?
Marielle, libraire au rayon Jeunesse, présente Félicratie d'Hélène Lenoir paru aux éditions Sarbacane.