"Où est ton trésor, là aussi sera ton coeur."
Matthieu, 6, 21
Le jeune homme sent une joie intense l'envahir. Il éprouve un sentiment de communion avec tous ceux qu'il aime : la fillette, les loups, le soleil qui caresse son corps, les oiseaux qui ont repris leurs plus beaux chants. Il se laisse glisser dans cette plénitude.
Dès que le soleil fut haut dans le ciel, Pierre revint et se glissa contre son amie. Elle fut saisie par l'étonnante lueur qui éclairait son regard et se demanda quels fabuleux joyaux il avait pu contempler.
Vous ne vivez que pour l'argent. Vous vendriez vos filles pour de l'argent. L'argent est le seul dieu que vous adorez. Laissez-moi vivre en paix avec mon secret. Il ne vous rapportera pas un centime.
Il appréciait sa simplicité presque naïve et pensait à la parole du Christ : "Heureux les cœurs purs..."
La nature humaine est ainsi faite (souvent) :
Si la plupart des villageois médisaient dans son dos, tous lui témoignaient de vives marques d’amitié lorsqu’ils le croisaient: en partie parce qu’ils se sentaient soudain plus proches de Pierre, qui avait su faire preuve d’une grande sagacité pour hériter de la veuve Verdeuil, aussi parce qu’il était devenu en l’espace de vingt-quatre heures l’un des hommes les plus riches du village.
Il lui semblait en effet constituer un remarquable exemple d'individu préférant spontanément, et au plus haut point, la dimension de l'être à celle de l'avoir. Le jeune homme vivait dans une sorte de fluidité naturelle et n'avait d'autre ambition que de posséder le strict nécessaire pour vivre. Il savait jouir des petites choses et semblait n'attacher aucune valeur, en soi, à l'argent. Il aimait la solitude et son bonheur ne paraissait dépendre d'aucun bien extérieur.
Où est ton trésor, là aussi est ton cœur.
Il craignait que l'homme n'en vienne progressivement à ne plus savoir savourer les plaisirs humbles et profonds de l'existence pour devenir un perpétuel insatisfait, toujours en quête de nouvelles possessions.
_ Au petit matin, le pauvre vicaire finit par être repris par les révolutionnaires, mais il avait eu le temps de mettre le trésor à l'abri. On lui fit subir toutes sortes de tortures pour savoir où il avait caché le butin, mais le curé mourut sans rien avouer et personne depuis lors n'a jamais retrouvé le trésor de l'archevêché.