Tout ce que vous auriez aimé savoir sur le Consulat sans jamais oser le demander ? C' est dans le gros pavé de Thierry Lentz.
Un ouvrage qui s'adresse aux passionnés d'histoire et plus particulièrement à ceux qui n'ont jamais compris exactement les tenants et les aboutissants de l'arrivée au pouvoir de Napoléon Bonaparte.
Cette période révolutionnaire est embrouillée pour beaucoup de nous. le Directoire, le Consulat , Pourquoi ? Comment ? Je ne vous ferai pas le synopsis de l'histoire ; on connait le début qui est un genre de "pronunciamiento" presque légal : le 18 brumaire an VIII ( je n'ai pas choisi cet avatar pour mon admiration de Bonaparte mais un peu par hasard pour la sonorité mélancolique du mot : brume, mer...., voilà qui est dit :-) , et on connait la fin : le 18 mai 1804 , un sénatus-consulte proclame l'Empire.
Entre ces deux dates, cinq années de Consulat qui auront marqué la France comme jamais. En vrac : le Code civil, le Concordat, la paix intérieure et extérieure (la Paix d'!Amiens avec les anglais), de nombreuses réformes institutionnelles et administratives.
La lecture est aisée. Certes ce n'est pas du Stéphane Bern. Thierry Lentz est universitaire et il aborde l'histoire par tous ses aspects et pas uniquement par les plus "évènementiels" ; d'où des chapitres sur l'histoire constitutionnelle et monétaire que l'on peut passer très vite si l'on ne prépare pas une licence de droit (et pourtant il ne faudrait pas car la compréhension de la Constitution de l'an VIII est primordiale : le Tribunat, le Conseil d'Etat, le Sénat....tous ces corps qui légalisent le système du Consulat). L'histoire "évènementielle" n'est pas oubliée. La période est riche : conspirations des Royalistes, intrigues de Fouché, de Talleyrand, batailles (le Consulat grâce à la Paix d'Amiens ne connut que 12 mois de paix...) , le népotisme de la famille Bonaparte, l' assassinat du Duc d'Enghien....
Thierry Lentz en bon historien impartial ne s'immisce pas dans l'histoire. Mais on sent bien, à quelques touches d'humour , à quelques formules soigneusement pesées, qu'il a ses avis. Notamment sur l'assassinat du Duc d'Enghien, sur le fiasco de la reconquête des colonies (et son corollaire le rétablissement de l'esclavage) , et surtout sur la rupture de la Paix d'Amiens qui est principalement du fait de l'Angleterre , celle ci se souciant comme d'une guigne de remettre les Bourbons sur leur trône, mais s'émouvant de la trop grand puissance de la France en Europe (de quoi je me mêle ! ). Business as usual....( et l'or anglais allait arroser toutes les monarchies d'Europe pendant encore dix ans pour mettre à bas "Boney" ).
Donc un excellent ouvrage, documenté, précis, et ne faisant pas trop la part belle à la "geste napoléonienne".
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Après les dix premières années de la Révolution, les élites françaises tentaient de retisser la société, l'État tardait à se réorganiser et les anciennes monarchies attendaient le moment propice pour mettre un terme à la contagion des idées nouvelles, mère de l'expansionnisme français. C'est alors qu'une coalition de républicains modérés, d'idéologues, de "monarchistes sans roi" et d'hommes d'affaires s'empara du pouvoir en s'appuyant sur un jeune général ambitieux et populaire. Quatre ans et demi plus tard, Bonaparte restait seul aux commandes, entouré de ses alliés d'hier qui s'étaient pliés à sa puissante volonté.
L'intérêt politique d'exécuter le duc d'Enghien nous paraît incontestable, malgré le cynisme d'une telle opinion . Nous savons que Bonaparte, tel le Prince de Machiavel,n'en était point dépourvu. C'est pourquoi me semble secondaires, lorsqu'elles ne sont pas invraisemblables, les versions" officielles" du drame. Le Premier consul qui perd son sang-froid. Réal qui dort. Murat qui pleure. Savary qui hâte tout sans ordres. Hulin qui s'émeut. Talleyrand qui ruse. Fouché qui se tait. Toutes ces attitudes ont été décrites postérieurement par des hommes mêlés au "crime", alors que la monarchie restaurée leur demandait - ô combien mollement ! - des comptes. Entre temps, certains avaient accepté des gratifications probablement graduées en fonction de leur implication : 100 000 francs pour Réal et Murat, 12 000 francs pour Savary, 10 000 francs pour chacun des membres de la commission militaire. Vingt ans plus tard, ce fut à qui accuserait le mieux l'autre.
Le Consulat commence le 11 novembre 1799 au matin du troisième jour du coup d'Etat du "18 brumaire". Il s'achève formellement le 18 mai 1804, avec la proclamation de l'Empire.
Durant cette brève période, le cours de l'histoire de France et, à bien des égards, de l'Europe a été infléchi comme rarement il le fut.
Compte tenu de la puissance du lobby colonial dans l'entourage de Bonaparte, il n'est nul besoin de disserter ici sur le rôle joué par Joséphine, comme l'on fait de nombreux historiens. Nous ne croyons guère à la légende qui veut que la "consulesse" soit intervenue auprès de son époux pour qu'il reprît en main les colonies et y rétablît l'esclavage. Certes elle présenta de nombreux colons à son époux et se préoccupa du sort de sa mère, restée à la Martinique. Mais elle n'eut pas besoin de persuader Bonaparte d'adopter des solutions, que, de toute façon, sa propre lecture des affaires coloniales lui dictait.
Aucun document - autre que quelques placets pour des individus connus aux Antilles - ne vient corroborer le rôle que l'on prête habituellement à Joséphine. " L'entourage créole" dont on parle à propos de la politique coloniale de Bonaparte ne fut qu'une toile de fond sur laquelle s'inscrivirent les prises de position, autrement décisives, d'hommes influents tels Forfait, Barbé-Marbois, Cambacérès ou Talleyrand.
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