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EAN : 9782841113804
112 pages
Editions Nil (02/04/2009)
4/5   21 notes
Résumé :
Léonora Miano a de l'humour à revendre. Lauréate de nombreux prix littéraires, elle nous entraîne avec cette Soulfood équatoriale dans une Afrique débarrassée des clichés et pleine de saveurs. Le parfum du gingembre pilé avec des crevettes séchées est une invitation au voyage. Direction le Cameroun, qui doit son nom à ces crustacés (camarones, ou écrevisses) pullulant à l'embouchure du fleuve.

Sous la plume de l'auteur, les mets et les mots se charge... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« La civilisation est avant tout dans l'assiette »
Par Virginie Brinker (http://la-plume-francophone.over-blog.com/)

C'est dans le cadre de la collection « Exquis d'écrivains », « bibliothèque gourmande contemporaine [qui] invite les écrivains à dévoiler, autour d'un jeu de mots clés, les secrets de leurs plaisirs gourmands », que Léonora Miano propose Soulfood équatoriale, paru en avril 2009. La romancière camerounaise se prête à l'exercice avec virtuosité, parvenant à nous faire sentir les saveurs des plats évoqués, mais aussi leurs enjeux.

Fringale de rivage
Tout commence dans une cuisine parisienne et l'on comprend dès lors que les épices, comme les mots, n'ont pas de frontière. Alors qu'elle confectionne la sauce qui la « ramènera » chez elle, prise d'une « fringale de rivage », la narratrice s'apprête à nourrir son corps aussi bien que son âme, de souvenirs, ou plutôt d'images, si tangibles qu'elles parviennent à emporter le lecteur vers Douala. La préparation de la mixture a tout de la genèse, car il s'agit, par les ingrédients, de recréer le lieu, son atmosphère, et à travers lui le lieu de l'origine, la genèse du gombo devenant mythe originel :

Je coupe le gombo en fines rondelles, et laisse voguer ma mémoire (…) Les peuples du monde connaissent à présent bien des rives. Toutes ne sont que des imitations de ce rivage-ci. le mien. le lieu où le monde a commencé. Ceci est la vérité. Les Sawas transmettent cela à leur descendance, de génération en génération.

D'ailleurs, le lieu de l'origine, le Cameroun, provient étymologiquement du nom d'un aliment, les Portugais entrés dans l'estuaire de Wouri ayant baptisé au XVème siècle le lieu « Rio dos Camaroes », « fleuve des crevettes », comme le fait remarquer la narratrice à la page 14. Autrement dit, la nourriture est à l'origine de tout, de la création du lieu originel, comme de la vie de la narratrice :

Lorsque les crabes achetés vivants tomberont dans la casserole où tout le reste aura achevé de cuire, je sais que je ferai plus qu'assouvir une simple fringale en m'asseyant à table. Je prendrai tout mon sens .

C'est ainsi en passant à table qu'elle revient à la vie et donne vie au livre dans ce chapitre inaugural. Tout se passe donc comme si la bouche devenait le lieu central du récit, orifice alchimiste absorbant la nourriture pour mieux la transformer en mots.

Du poulet DG pour tous !
La quête du lieu originel se meut en utopie. La nourriture n'est en effet pas anodine sur un continent où tout le monde ne peut manger à sa faim : « Quelques bouchées vous remplissent l'estomac, et, dans les pays où on cherche la vie sans forcément la trouver, la satiété vaut son pesant d'or ». Un chapitre comme « Avocat », souligne, par son ironie tragique, le poids de la faim dans ces circonstances. Or, Soulfood, le terme qui donne son nom à l'ouvrage, est certes un plat dont les origines s'enracinent dans l'esclavage étasunien, mais surtout un lieu pour la narratrice, ce lieu utopique où

[i]l y avait des nantis, faisant là une halte quotidienne, avant d'aller dîner en famille. Il y avait des miséreux, dont ce repas serait le seul de la journée. Tous étaient assis au même endroit, mangeant avec leurs doigts. le même plat pour tous .

Ce plat, ce sont les BH (Beignets haricots), véritable métaphore de l'âme dénuée de tout artifice et de toute matérialité. L'isotopie du sacré caractérise sa description via les termes « temples », « divinement », « âme » aux pages 34-36, car ce que symbolisent les BH c'est un « esprit de famille », l'union d'un peuple, qui, hélas, n'est plus :

Ce plat simple, préparé avec des ingrédients peu coûteux et faciles à se procurer, ne fait pas que rassasier (…) il semble que des ingrédients invisibles, magiques, soient passés à travers la main qui les créa, pour en faire un mets savoureux et fédérateur. Dans les BH, il y a l'endurance joyeuse de nos peuples. La capacité à fabriquer de la vie avec des petits riens. le désir de savoir ce que demain apportera. La foi dans sa vie.
Le Soul food a disparu .

Nostalgie de l'immigrée depuis sa cuisine parisienne ou constat amer, désenchanté, de cette citoyenne du monde ?
Pourtant, deux chapitres semblent fonctionner en diptyque et renverser ce constat. Gari (le 11ème) apparaît comme le pendant d'Avocat (10ème chapitre de l'ouvrage), les deux personnages principaux étant des enfants en quête de nourriture, et empêchés, comme rattrapés, dans leur quête par le monde des adultes. Si l'enfant des rues d'Avocat échouera, victime d'une ironie véritablement tragique, l'enfant-narratrice de Gari, croira que tout est perdu et qu'elle ne pourra assouvir sa gourmandise, car entre elle et le plat se dressent les convenances… Pourtant, c'est bien le gari tant convoité qui l'attendra à la table des enfants où elle est finalement forcée de s'asseoir. Ces deux chapitres incarnent les fructueuses contradictions de l'ouvrage, entre tragique et burlesque, gravité et légèreté. Les personnages choisis peuvent aussi être porteurs d'une symbolique : l'enfant, infans, est celui qui ne parle pas, mais qui, en finissant par accéder à la nourriture, accède au pouvoir des mots et du conte, telle l'enfant-narratrice de Gari.

Cuisine et dépendances
Faire cuisiner l'autre, c'est tout autant le mettre à l'épreuve qu'avoir accès à son moi profond, telles sont les leçons de quelques chapitres tels Solo ou Ndole , par exemple. En effet, à partir du chapitre Solo, le lecteur est entraîné à travers une galerie de portraits et de situations, qui font apparaître le plat cuisiné comme un véritable révélateur des âmes, et de ce qui peut profondément les unir, les relier entre elles. Il en va ainsi de Florence qui cherche à départager ses deux prétendants, Jules et Hervé, à « connaître leurs coeurs », en les faisant cuisiner pour elle. Ainsi, les pistaches mises par Hervé dans son Solo alourdissent la préparation - « C'était la sauce d'un homme qui voulait vous river au sol, limiter vos mouvements » - tandis que celle de Jules, avec ses nginge (aubergines piquantes), apparaît comme un choix risqué mais judicieux :

Chercher à conquérir une femme en lui proposant leur amertume, c'était avoir l'audace de ne pas lui promettre plus qu'on ne pouvait lui offrir. Lui dire qu'on pouvait avoir des moments d'aigreur, que ce serait normal, qu'on saurait se faire pardonner .

Et c'est sans doute la cuisine comme ouverture à l'autre, à un autre monde, à ses saveurs et ses mystères, que Léonora Miano cherche à nous faire sentir, en maniant subtilement le pronom « vous » à la place du « je ». Il ne s'agit pas seulement de replonger dans ses souvenirs, ni simplement de nous faire voyager. Les plats préparés apparaissent au fil du récit comme de véritables objets de partage, puisqu'il s'agit au fond de « comprendre en les goûtant ce que sont les gens qui s'en nourrissent ».

Lien : http://la-plume-francophone...
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La collection "Exquis d'écrivains", chez "Nil Éditions", "invite les écrivains à dévoiler, autour d'un jeu de mots clés, les secrets de leurs plaisirs gourmands." Dans ce recueil composé de treize courts récits de factures diverses, Léonora Miano, Camerounaise exilée à Paris, évoque avec une gourmandise empreinte de nostalgie la gastronomie métissée de son pays natal. L'influence de la culture afro-américaine est très prégnante : ainsi, les "sandwiches saxophones", très prisés, sont-ils fourrés d'une sauce appelée "jazz". "Chaque marchande a sa recette mais, de loin, on peut savoir que l'ail est un élément essentiel de la préparation. le jazz, c'est ça : des haricots rouges en sauce. Avec ou sans viande." Les recettes les plus élaborées comprennent des "crevettes séchées secrètement ajoutées à la préparation de base ou à un savant mélange d'ai, d'oignon et de gingembre". L'acte même de manger un tel sandwich relève du grand art : "Arriver au bout d'un saxophone, sans en perdre une miette et sans que les haricots filent vers le sol, requiert une maîtrise accessible aux seuls pratiquants assidus."
Au fil des récits, l'auteur détaille alternativement les plaisirs et les affres liés à la nourriture, dans un pays ravagé par la famine, en proie à la criminalité, à la vénalité et au repli sur soi. L'un d'entre eux met en scène un garçon tenaillé par la faim et contraint à s'adonner au vol. "Les temps étaient durs pour les enfants des rues. La hausse du prix des matières premières avait asséché le coeur des femmes qui vendaient de la nourriture sur les trottoirs. Elles n'avaient plus un grain de riz à offrir en fin de journée. Même contre services, elles ne vous tendaient plus un vilain morceau de caramel aux arachides grillées." Un petit avocat trop mûr, parce qu'il est l'objet de sa convoitise, devient l'enjeu d'une course-poursuite acharnée, lorsque l'enfant décide de le voler, malgré le redoutable châtiment qu'il encourt. "Il était presque certain de courir assez vite pour ne pas se faire prendre. La peur du châtiment infligé aux voleurs lui donnerait des ailes. Il n'avait aucune envie de finir pendu à un poteau électrique, ni que la foule lui enfonce du piment dans les yeux après l'avoir roué de coups."
A travers ces différents récits, Léonora Miano ne brosse pas une peinture idyllique de son pays. "Le Cameroun n'est pas une destination touristique. Pas un pays carte postale. Pas l'image de l'Afrique qui fait rêver ceux qui rêvent encore d'Afrique. Ceux qui connaissent ce pays y vont pour les affaires. Des activités allant de l'exploitation des bois précieux au tourisme sexuel. À caractère pédophile. Je parle du tourisme sexuel." La capitale, Douala, est dépeinte comme "une métropole canaille. Ceux qui viennent faire des affaires au Cameroun savent que Douala les propose toutes. Les tabous ne sont pas sa tasse de thé. La pudeur, pas son fort."
Cependant, l'attachement de l'auteur à sa terre ne fait aucun doute. On le voit à l'oeuvre dans la description du Soulfood, gargote secrète où se côtoient riches et pauvres. "C'était un temple, parce qu'une fois le chemin trouvé, il était ouvert à tous. Personne ne regardait son prochain de travers. Il y avait des nantis, faisant là une halte quotidienne, avant d'aller dîner en famille. Il y avait des miséreux, dont ce repas serait le seul de la journée. Tous étaient assis au même endroit, mangeant avec leurs doigts. le même plat pour tous."
Un recueil savoureux, mais pousse-au-crime : je ne suis pas sûre de pouvoir le recommander aux gourmands qui, comme moi, ont des kilos à perdre...
Lien : http://scriptural.over-blog...
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« Au départ, ça n'a l'air de rien. » : un petit recueil léger comme un soufflé qui nous parle de recettes et de souvenirs culinaires. Mais Léonora Miano a su épaissir ses anecdotes en leur ajoutant le piment nécessaire à une recette réussie. Si bien que bien loin de n'évoquer que des plats et des habitudes culinaires, elle nous convie à un voyage chamaré au coeur de son univers.



« Ce que sont les peuples, cela ne s'écrit pas dans les livres, et c'est d'ailleurs sans rapport avec leur production en la matière. La civilisation est avant tout dans l'assiette. » (p. 15)



« La sève des plantains tache les vêtements, difficiles à ravoir après. Pendant la préparation, la pluie continue de tomber. On a ouvert la fenêtre de la cuisine.

Une odeur de terre mouillée se mêle à celle des beignets ou à celle des plantains coupés en fine rondelles avant d'être plongés dans l'huile chaude.

Au moment de la dégustation, accoudé sur le rebord de la fenêtre, on se dit que c'est beau, un orage, quand on n'est pas dessous. » (p. 25)



« Dans les BH [beignets-haricots], il y a l'endurance joyeuse de nos peuples. La capacité à fabriquer de la vie avec ces petits riens. le désir de savoir ce que demain apportera. La foi dans la vie. » (p. 36)



- Les récits et les personnages sont variés : un jeune voleur qui fantasme sur un avocat ou un plat de gari aux crevettes, une jeune femme sommée de choisir entre deux prétendants et qui les départagera en les faisant cuisiner un plat typique, explications sur l'origine de certains plats, conseils matrimoniaux cocasses « Nul ne doit goûter de votre ndole sans avoir fait ses preuves au préalable. Dans tous les domaines. » (p. 69)
Lien : http://lecturissime.over-blo..
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Comme une odeur de fumet qui nous titille les narines peut faire saliver au souvenir d'un plat exquis, chaque chapitre de Soulfood Equatoriale évoque un met particulier, un ingrédient caractéristique, des gestes et des ustensiles aussi, des souvenirs de son Cameroun que Léonora Miano ne peut quitter d'une papille... Avocat, gombo, gari, jazz (un pain chargé (sandwich) enrichi d'haricots rouges en sauce...), mwanja, ndole... autant de mot-clés dont la clé gustative nous est livrée par l'auteur, agrémentée de ses souvenirs ou de légendes élégantes.

Comme une pause dans la biographie violente de Léonora Miano, Soulfood équatoriale est un véritable enchantement. Par le style d'abord, la plume acerbe, inventive, cinglante, drôle parfois, que Léonora Miano n'abandonne pas. Et puis par la forme des ces digressions culinaires, prétextes à rêveries, souvenirs heureux ou moins, initiation à la richesse peu connue d'une cuisine équatoriale.

Dans ses pages, on entend tout, on entend les voix de ceux qui réclament des pains de 10, on entend le doux crissement du gari, le son de celui qui mange goulument sa sauce gombo, le mixer qu'utilise en cachette la belle qui prépare le ndole à son prince. J'ai entendu tout ça et plus encore. Les chapitres de Soulfood équatoriale éveillent les cinq sens, et autour de mets évoquent la faim, la joie, le labeur, la culture et l'identité.

J'ai adoré ce petit livre, généreux et sincère.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Voici un livre apparemment sur la cuisine africaine, plutôt du Cameroun, pays d'origine de l'auteur.
le titre déjà ! La soul food est un endroit plus ou moins bancal, où tout le monde peut venir manger un plat unique, vite fait et pas cher
Celui des treize chapitres ensuite évoquant des recettes aux noms étranges : solo, jazz, saxophone,
le vocabulaire enfin qui intrigue et saute aux yeux rien qu'en feuilletant ce petit ouvrage : kingang, nginge, jambalaya, calalu, misole, Ndole, mukandjo
Mais ce texte est plus qu'un simple livre de recettes, c'est avant tout un retour aux sources, sur la terre natale, un voyage vers les saveurs de l'enfance, de la famille, du territoire !
Il s'agit ici d'identité !
A travers la nourriture, la voyageuse, de retour au pays, remonte à la source de ses souvenirs et plus loin encore à la source de l'histoire de ses ancêtres du temps de l'esclavage !
Le tout emballé dans une écriture rapide, enlevée, prompte à un peu
d'humour quand il le faut!
L'ensemble est séduisant et donne envie d'aller goûter sur place cette nourriture singulière, encore peu connue!
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le voici. Là, sous mes mains qui cherchent, dans le placard de la cuisine, le gros galet plat et sa petite pierre ronde. Une pierre dense et solide. Elle sert à écraser, une fois posés sur le galet, les ingrédients de la sauce qui me ramènera chez moi. Je la laisse épouser parfaitement le creux de ma main.
Aussitôt, j’entends le clapotis de l’eau sur les rochers. Le chant des pêcheurs qui rapportent une moisson de soles à braiser pour les fines cuisinières de la côte.
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Le voici. Là, sous mes mains qui cherchent, dans le placard de la cuisine, le gros galet plat et sa petite pierre ronde. Une pierre dense et solide. Elle sert à écraser, une fois posés sur le galet, les ingrédients de la sauce qui me ramènera chez moi. Je la laisse épouser parfaitement le creux de ma main. Aussitôt, j’entends le clapotis de l’eau sur les rochers. Le chant des pêcheurs qui rapportent une moisson de soles à braiser pour les fines cuisinières de la côte.
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Romancière, essayiste, prix Médicis en 2013, Léonora Miano s'interroge dans son nouveau livre sur ce qu'elle nomme « le problème blanc » et la blanchité. de quoi décontenancer tous ceux qui veulent évacuer la question fondamentale du racisme et du colonialisme. Entretien dans « À l'air libre », où il est aussi question de mémoire, de migrations et du couple hétérosexuel.
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