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Joël Gayraud (Traducteur)
EAN : 9782911188138
118 pages
Allia (19/05/1998)
3.91/5   47 notes
Résumé :
" Les lecteurs rompus au commerce des hommes reconnaîtront la justesse de mes propos ; tous les autres les trouveront excessifs, jusqu'au jour où l'expérience, s'ils ont jamais l'occasion de faire réellement l'expérience de la société humaine, leur ouvrira les yeux à leur tour. J'affirme que le monde n'est que l'association des coquins contre les gens de bien, des plus vils contre les plus nobles. "
Giacomo Leopardi
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les grands artistes sont de fins analystes et de subtils observateurs. Giacomo Leopardi en fait partie incontestablement. Dans "Pensées" il affirme, dès les premières lignes de ce recueil aphoristique philosophique, sa vision du monde et des hommes : « Je me suis longtemps refusé à tenir pour vrai ce que je vais dire, car compte tenu de la singularité de ma nature et du fait que l'on tend toujours à juger les autres d'après soi-même, je n'ai jamais été porté à haïr les hommes, mais au contraire à les aimer. C'est l'expérience qui, non sans résistance de ma part, a fini par me convaincre ; mais je suis sûr que les lecteurs rompus au commerce des hommes reconnaîtront la justesse de mes propos ; tous les autres les trouveront excessifs jusqu'au jour où l'expérience de la société humaine leur ouvrira les yeux à leur tour. J'affirme que le monde n'est que l'association des coquins contre les gens de bien, des plus vils contre les plus nobles. » Et comme les coquins et les plus vils sont, de loin, les plus nombreux, ils sont les représentants les mieux accomplis de ce que l'on pourrait nommer la nature humaine. Cette critique des masses imbéciles et incompétentes est aussi une critique de ce que les occidentaux se plaisent à ériger en principes universels, ceux de la démocratie. La voix du plus grand nombre ne sera en effet qu'une voix de coquins, et il n'est pas étonnant de trouver, installés confortablement sur leurs trônes « démocratiques », les plus abjects des hommes, car ils sont les miroirs de leur société. On pourrait reprocher à Leopardi une position élitiste et sectaire, mais quand il parle de noblesse, il ne pense pas à une classe particulière, sorte de caste minoritaire élue qui serait douée de capacités supérieures à celles de la majorité, mais à une capacité propre à certains individus, qu'ils soient issus de l'aristocratie, de la bourgeoisie ou du prolétariat. Pour Leopardi l'imbécillité est une règle, même, et surtout, chez les classes dominantes.
Mais Leopardi s'attaque avant tout, en misanthrope, au plus grand vice des hommes, celui de l'affectation et des faux-semblants. Il déplore le peu d'estime que l'on porte à la sincérité et à la franchise et défend ceux qui optent pour l'isolement et la vie en solitaire. Tant de bêtise ne poussant pas, il est vrai, à la compassion.
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C'est un recueil de pensées, parfois sous forme d'aphorismes, parfois sous la forme de mini essais. J'avoue que j'ai eu un peu de mal avec cette lecture, car je ne connaissais pas ou très peu l'auteur, et c'est difficile d'entrer dans son oeuvre avec ce texte. L'écriture est ardue, pleine d'aspérités, mais les idées méritent réflexion, et j'ai envie d'en savoir plus (surtout que l'auteur est incontournable).
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
LXXI
De cette idée des adultes que se fait tout jeune homme, à savoir qu'ils seraient plus adultes qu'ils ne le sont, provient l''habitude de s'effrayer à chaque faux-pas qu'il commet et de croire qu'il a perdu l'estime de tous ceux qui en ont été les témoins ou en ont eu connaissance. Puis le voilà qui se rassérène peu à peu, quand, non sans surprise, il se voit traité exactement comme avant. En fait les hommes ne sont pas si prompts à retirer leur estime, car il y aurait sans cesse à le faire, et ils oublient les erreurs, car ils en voient et en commettent beaucoup trop d'affilée. Ils ne sont pas non plus figés au point d'être incapables d'admirer aujourd'hui celui dont ils se gaussaient hier. Cela saute aux yeux si l'on se rappelle toutes les occasions où nous avons brocardé ou critiqué, en termes parfois très durs, tel de nos amis en son absence, sans pour autant qu'il soit privé de notre estime ou traité de façon différente lorsqu'il se trouve de nouveau devant nous.
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Dans la conversation, nous n'éprouvons de plaisir vif et durable qu'autant
que nous pouvons causer de nous-mêmes, de ce qui nous intéresse ou nous
touche en quelque manière. Tout autre sujet finit rapidement par nous lasser.
Mais ce qui est pour nous si plaisant est un supplice mortel pour notre
auditoire. C'est pourquoi le nom d'homme aimable ne s'acquiert qu'au prix
de mille souffrances, car être aimable, dans la conversation, c'est se sacrifier
à l'amour-propre d'autrui. Tout d'abord, passe-temps des plus fastidieux, il
convient d'écouter beaucoup et de beaucoup se taire, puis de laisser les
autres parler de soi et de leurs affaires autant qu'ils le désirent, ou plutôt de
les encourager dans ce genre de discussion en abordant le premier le sujet
qui les occupe ; tout cela pour qu'enfin ils se séparent de vous enchantés
d'eux-mêmes en vous laissant exaspérés de leur compagnie. En somme la
meilleure société sera toujours celle que l'on quitte dans le plus grand
contentement de soi et qu'on laisse la plus lasse de nous. Il en résulte que
dans la conversation comme dans toute réunion où il s'agit uniquement de
causer, le plaisir des uns fait presque à coup sûr le supplice des autres ; il ne
s'offre alors d'autre perspective que de s'ennuyer ou de déplaire, et l'on a
bien de la chance si l'on peut dans les deux cas y réussir au même degré.
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XXVIII
Le genre humain, comme toute fraction, si réduite soit-elle, de celui-ci, se subdivise en deux catégories: ceux qui s'imposent par la violence et ceux qui doivent la subir. Ni loi, ni contrainte, ni progrès philosophique ou politique ne pouvant empêcher que tout homme fasse partie de l'une ou de l'autre, il reste que celui qui peut choisir, choisit. Il est vrai que tous ne le peuvent pas, ou qu'ils ne le peuvent pas toujours.
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A mesure qu'il avance dans la connaissance pratique de la vie, l'homme rabat chaque jour de cette sévérité avec laquelle les jeunes gens, cherchant sans relâche la perfection et mesurant toutes choses à l'idée qu'ils s'en font, ont tant de peine à pardonner les faiblesses et à estimer les pauvres vertus, éphémères et défaillantes, que l'on rencontre parfois chez les autres.
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La conversation la plus brillante et la plus sensée se compose en majeure partie de propos frivoles ou rebattus qui ne servent qu'à faire passer le temps. Il faut bien, en effet, que chacun se résolve à débiter quantité de choses banales pour pouvoir en dire parfois de rares qui ne le soient pas.
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Videos de Giacomo Leopardi (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Giacomo Leopardi
« […] Jour après jour, Saba - de son vrai nom Umberto Poli (1883-1957) - compose le “livre d'heures“ d'un poète en situation de frontière, il scrute cette âme et ce coeurs singuliers qui, par leur tendresse autant que leur perversité, par la profondeur de leur angoisse, estiment pouvoir parler une langue exemplaire. […] […] Au secret du coeur, dans une nuit pétrie d'angoisse mais consolée par la valeur que le poète attribue à son tourment, cette poésie est une étreinte : à fleur de peau, de voix, une fois encore sentir la présence de l'autre, porteur d'une joie qu'on n'espérait plus. […] Jamais Saba n'avait été aussi proche de son modèle de toujours, Leopardi (1798-1837) ; jamais poèmes n'avaient avoué semblable dette à l'égard de l'Infini. le Triestin rejoint l'auteur des Canti dans une sorte d'intime immensité. […] […] Comme le souligne Elsa Morante (1912-1985), Saba est plutôt l'un des rares poètes qui, au prix d'une tension infinie, ait élevé la complexité du destin moderne à hauteur d'un chant limpide. Mais limpidité n'est pas édulcoration, et permet au lecteur de percevoir deux immensités : le dédale poétique, l'infinie compassion. » (Bernard Simeone, L'étreinte.)
« […] La première édition du Canzoniere, qui regroupe tous ses poèmes, est fort mal accueillie par la critique en 1921. […] Le Canzoniere est un des premiers livres que publie Einaudi après la guerre […] L'important prix Vareggio de poésie, obtenu en 1946, la haute reconnaissance du prix Etna-Taormina ou du prix de l'Accademia dei Lincei, ne peuvent toutefois tirer le poète d'une profonde solitude, à la fois voulue et subie : il songe au suicide, s'adonne à la drogue. En 1953, il commence la rédaction d'Ernesto, son unique roman, qui ne paraîtra, inachevé, qu'en 1975. […] »
0:00 - Titre 0:06 - Trieste 1:29 - le faubourg 5:27 - Lieu cher 5:57 - Une nuit 6:32 - Variations sur la rose 7:15 - Épigraphe 7:30 - Générique
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Référence bibliographique : Umberto Saba, du Canzoniere, choix traduit par Philippe et Bernard Simeone, Paris, Orphée/La Différence, 1992.
Image d'illustration : https://itinerari.comune.trieste.it/en/the-trieste-of-umberto-saba/
Bande sonore originale : Maarten Schellekens - Hesitation Hesitation by Maarten Schellekens is licensed under a Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/maarten-schellekens/soft-piano-and-guitar/hesitation/
#UmbertoSaba #Canzoniere #PoésieItalienne
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