Nous les méduses, on n'existe pas vraiment. Que l'on vive, que l'on meure, que l'on disparaisse, cela ne laisse aucune trace. C'est la règle du jeu.
Payés en liquide, nous sommes des fugitifs, insensibles, visqueux sans visages. Nous gérons la vie des profondeurs. Assez semblables en cela aux agents de nettoiement qui font disparaître dans la nuit ce qui doit être éliminé.
Nous sommes au début de la vie comme l'ont été les premières molécules. Ou bien tout à la fin, lorsque la vie elle-même se rétracte dans les yeux d'un homme qui va mourir, lorsqu'elle se limite aux déchets, aux aspirations détruites. Pas d'identité non plus.
Interview de François Léotard pour "Ca va mal finir" (Eds Grasset) (1/3)