Pour toi, je prendrai sa couronne
à l'étoile de l'Orient,
et j'y sertirai dans l'or jaune
les perles du matin brillant.
d'un rayon du soir écarlate
je ceindrai ton corps souple et fier ;
de l'haleine des aromates,
pour toi je parfumerai l'air ;
de merveilleuses harmonies
en des extases infinies,
ô ma Thamar, te plongeront...
Et je te bâtirai des chambres
aux parois de turquoise et d'ambre ;
je sonderai la mer sans fond
pour toi ; pour toi, Thamar, d'un bond
bien loin derrière les nuées
je m'égarerai, dépouillant
l'univers entier pour ma fée.
Aime-moi !
Que sont les hommes, que sont leur vie et leurs peines ? Elles ont passé, elles passeront ; l'espérance leur reste ; un jugement équitable les attend et à côté du jugement reste encore le pardon ! Ma douleur à moi est constamment là et comme moi elle ne finira jamais et ne trouvera jamais le sommeil de la tombe !
Un ange déchu, un démon plein de chagrin volait au-dessus de notre terre pécheresse. Les souvenirs de jours meilleurs se pressaient en foule devant lui, de ces jours où, pur chérubin, il brillait au séjour de la lumière... depuis logtemps réprouvé, il errait dans les solitudes du monde sans trouver un asile.
Dans l'obscurité de la nuit, il étincelait devant elle, inévitable comme la lame d'un poignard !... Hélas ! L'esprit du mal triompha. Le poison mortel de ses baisers a pénétré en un instant dans son sein et un cri terrible de souffrance a troublé le silence de la nuit !...
Dans ce cri il y avait de tout, de l'amour, de la douleur, un reproche avec une dernière prière, un adieu sans espoir, un adieu en pleine jeunesse !
Et l'ange, jetant sur le séducteur un regard sévère, agita ses ailes avec joie et disparut au milieu des cieux purs. Et le démon vaincu, maudissant ses rêves pleins de folie, comme autrefois resta seul dans l'univers, sans espérance et sans amour !...
Le jour est à son déclin, et sur un superbe coursier, brisé de fatigue, le fiancé se hâte avec impatience vers le festin nuptial.
Depuis longtemps réprouvé, il errait dans les solitudes du monde sans trouver un asile.
Je suis celui qui tue l'espérance dès qu'elle naît dans un coeur. Je suis celui que personne n'aime et que tout être vivant maudit. L'espace et les années ne sont rien pour moi. Je suis le fléau de mes esclaves de la terre :je suis le roi de la science et de la liberté ; je suis l'ennemi des cieux et le mal de la nature...
Couchée dans son cercueil, elle ressemble à une gracieuse péri qui vient de s'endormir. Son visage pâle et sombre est plus pur que le linceul qui l'enveloppe. Ses paupières se sont abaissées pour toujours.
Un ange déchu, un démon plein de chagrin, volait au-dessus de notre terre pécheresse.