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Critique de ATOS


Du Krach de la tulipe en 1673, à la faillite de Law en 1720, du Krach de 1929 à la crise des Crise des Subprimes en 2008, ...aux krachs passés et en devançant tous les krachs à venir...le monde krach sous les crocs de l'idiotie et de la cupidité.
Les effondrements des systèmes financiers, les paniques, les faillites ne datent pas d'hier... Nous n'avons rien inventé. Nos ancêtres spéculaient, agiotaient, boursicotaient, capitalisaient à outrance bien avant que le Dow Jones ne soit inventé. La pièce de Lesage nous montre que "le monstre de l'argent" avait déjà gangrené l'intelligence de toutes les couches de la société dans la France du 18e siècle. Tout va très vite dans cette pièce..Trop vite. L'argent tourne, passe, grossit, enfle, perdant de son poids, perdant de sa valeur. On trompe, on ment, on détourne. Sans foi, ni loi, c'est le règne des filous, des conspirateurs, des traîtres, de la dette, de l'emprunt, et des sans honneur. Personne n'échappe à la règle. Aucun personnage n'est innocent, ni même crédule. Lesage a la dent dure. Peut on le lui reprocher ? Car après le désastre d'un roi Soleil qui vida avidement les caisses de son pays , quel fut l'état d'esprit et de l'âme de cette France en proie à une déchéance morale consécutive à l'absolutisme dément de son roi ?
Oui tout va très vite, les sommes se suivent et ne cessent de grimper.
On parle beaucoup d'argent, tout le temps. Tout le monde court après les chiffres ..les gros, les grands, les petits, les " d'en-haut" , les "d'en-bas". Chacun rêvant de détrôner celui qui le précède..Chacun rêvant de devenir roi...Démence pyramidale !
Les notaires, les coquettes, les veuves, les épouses, les valets, les chevaliers.
Tout s'achète, alors tous se vendent.
Les chiffres, des chiffres de papiers, des monnaies de chiffon. Rien n'est vrai, rien n'a de valeurs, ni les amitiés, ni les titres, ni les liens du sang. Rien ne résiste à la folie qui saisit le moment. La pièce de Lesage est une petite soeur de l'Illustre Théâtre, en plus cynique, en plus acide, et en cela en moins comique.
Lesage pressentait peut être l'effondrement du systeme Law et annonçait déjà, avec lucidité, la folle cupidité qui allait défigurer pour des siècles le visage de toute une société.
Une pièce intéressante, et qui, malgré son âge, reste étonnamment... d'actualité.

Astrid Shriqui Garain

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