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Marianne Véron (Traducteur)
EAN : 9782253064626
186 pages
Le Livre de Poche (01/09/1993)
3.82/5   326 notes
Résumé :
Pour Harriet et David, couple modèle, qui a fondé une famille heureuse, l'arrivée du cinquième enfant inaugure le temps des épreuves. Fruit d'une grossesse difficile, anormalement grand, vorace et agressif, Ben suscite bientôt le rejet des autres enfants, tandis que les parents plongent dans la spirale de l'impuissance et de la culpabilité. La romancière du Carnet d'or, prix Médicis étranger 1976, mêle ici de façon impressionnante réalisme et fantastique, dans une f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (65) Voir plus Ajouter une critique
3,82

sur 326 notes
♬ Famille nombreuse, famille heureuse ♬...
Dire qu'un livre vous touche paraît parfois être l'expression d'un lieu commun. Ici ce livre m'a touché au ventre, c'est-à-dire qu'il m'a fait mal et une fois que je me suis relevé, je ne sais toujours pas pourquoi il a eu cet effet, ou oui un peu bien sûr, mais pas vraiment et au moment où je vous écris je ne suis pas certain que ce que je vous révèle de mon ressenti soit celui que je pourrai vous avouer demain. Ce livre continue de cheminer en moi.
Ici chaque page du récit joue avec l'ambivalence.
Je suis sorti bousculé de ce récit qui paraît si simple au premier abord.
Au début du roman, c'est une histoire d'amour ordinaire, un bonheur simple dont rêvait David et Harriet. Ils s'aiment et dès les premiers jours qui fondent leur couple, ils rêvent d'une progéniture et pour cela ils achètent une grande maison. Cette famille en devenir s'annonce sous les meilleurs auspices, même si dans leur entourage plusieurs s'accordent à penser que ce serait bien de prendre un peu de temps avant ce projet de vie.
La vie suit son cours comme un long fleuve tranquille, quatre enfants vont ainsi naître à la suite, jusqu'au jour où vient une cinquième grossesse non désirée. Aïe ! Harriet ressent très vite que l'enfant qu'elle porte n'est pas ordinaire, mais un intrus qui lui déchire les entrailles, celui que toute la famille déteste déjà avant même l'instant où il va naître. Celui qu'on attend avec comme un monstre.
L'enfant naît, prématuré, mais ayant déjà un poids au-delà de la norme.
L'enfant, Ben, n'est pas anormal, mais ressemble à une sorte de gnome à la force prodigieuse. On voit qu'au début, chacun tend les bras comme pour conjurer une crainte malsaine, mais l'enfant n'exprime aucune tendresse, semble totalement indifférent à son entourage, froid, dénué d'émotion. Sa venue dans la famille, son attitude associale puis brutale plus tard, vont bousculer le cercle familial. Des actes vont être posés, je ne vous en dit pas plus...
Ce roman est ma première immersion dans l'univers de Doris Lessing. Je découvre un roman puissant, totalement déstabilisant, cruel aussi, cruel par le ressenti des personnages, les non-dits, mais aussi par le poids d'une tension qui monte, qui nous happe, qui nous saisit au bord d'un cauchemar... Qui peut nous mettre en défaut aussi.
Car Ben va grandir. Il pose des actes à sa manière, ne trouvant pas sa place auprès des siens. Comment lui répondre ? Que faire de lui ?
J'ai adoré ce roman concis qui dit plusieurs choses, mais ne serait-ce que la différence et la manière de l'accueillir...
J'ai adoré ce roman parce qu'il nous bouscule dans nos retranchements, met à nu nos incertitudes. J'ai particulièrement adoré le personnage de la mère, ballottée entre compassion et angoisse... Il peut se lire de plusieurs manière, un peu comme un conte ou une fable...
Et puis il y a l'écriture de Doris Lessing, finement ciselée, impitoyable, ayant par moment comme un goût de fantastique, qui passe au scalpel l'envers des relations familiales, mais aussi la société britannique des années soixante-dix.
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Lu dans le cadre du challenge Nobel.

Harriet et David étaient faits pour se rencontrer. Personnalités semblables, un peu ternes, même conception de la vie, conformistes, ils rêvent de fonder la famille idéale, nombreuse, chaleureuse, un vrai foyer de convivialité. Et donc, ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants.
Mais surtout ne vous imaginez pas que le reste de l'histoire est un conte de fées tout en roses et violettes. Cela n'aurait aucun intérêt. Sous des apparences heureuses, c'est au contraire le début d'une descente aux enfers.
Cela commence par la maison, immense, achetée sur un coup de coeur malgré la dépense déraisonnable. Puis Harriet qui tombe enceinte et doit renoncer à travailler. Mais le jeune couple peut compter sur l'aide de la famille. Et après quelques années, le rêve semble en passe de se réaliser, malgré l'épuisement d'Harriet et la crise financière des années 70 : les 4 enfants sont adorables, la maison grouille de monde à chaque période de vacances.
C'est alors que, malgré les précautions, Harriet comprend qu'elle attend un cinquième enfant, et que la grossesse va mal se passer. le foetus fait preuve d'une force et d'une rage inouïes, torturant sa mère de l'intérieur comme s'il voulait se venger de ne pas avoir été désiré. A sa naissance, cet enfant étrange provoque le malaise, puis la peur, de son entourage. Différent, froid, ne manifestant aucune émotion hormis des accès de rage destructrice, sa mère voit en lui un monstre venu des temps anciens.
Difficile d'en dire plus sur cette graine de sociopathe sans dévoiler la trame de l'histoire, mais sachez que ce roman est brillant. Mais brillant comme l'acier, et tout aussi glacial. En moins de 200 pages, il amorce plusieurs pistes de lecture : sort réservé aux enfants « différents » dans la famille, à l'école, dans la société. Dilemme d'une mère qu'on culpabilise d'avoir enfanté ce monstre, tiraillée entre un reste d'instinct maternel et une aversion pour son rejeton, entre cet enfant qui la phagocyte littéralement et le reste de la fratrie délaissée. Désarroi du corps médical, résistance du couple. On s'interroge aussi sur la nature du Mal, inné ou acquis, sur son origine. Pourquoi un tel coup du sort sur cette famille parfaite ? Critique féroce de la middle-class britannique trop orgueilleuse et condescendante ? Métaphore de la crise économique et des années sombres de l'IRA dans lesquelles le pays va bientôt basculer ?
Ce roman court mais très riche ne fait pas vraiment dans le bon sentiment. Réaliste et sans fioritures, il se lit comme un thriller. Angoisse et malaise suintent à toutes les pages. Il est saisissant, effrayant. En peu de mots, il vous marque pour longtemps. Je pense que c'est ce qu'on appelle le talent…
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Difficile de rentrer dans ce roman qui date des années 80. L'écriture est concentrée, sans chapitre, sans véritable pause. Cela ajoute à l'intensité du sujet, un enfant inadapté au sein d'une famille anglaise. Ce roman m'a rappelé Rosemary's Baby de Ira Levin.
Cela pose également la question de l'instinct maternel, de l'amour ou pas porté à son propre enfant, de l'acceptation de la différence, de la responsabilité vis à vis de nos enfants...
C'est tendu, intense, malsain, horrible.
Mais cela vaut le coup de lire ce roman.
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Etonnante Doris Lessing : voilà une oeuvre d'une très grande profondeur psychologique et sociale mais qui se lit comme un thriller, et tangente même les codes du fantastique.
"Le cinquième enfant" se dévore, mais, comme aux entrailles de sa mère lors de la gestation, il fait mal par où il passe.
Le roman s'ouvre pourtant sur la perspective d'une représentation on ne peut plus normée du bonheur : celle de la famille, qu'Harriet et David ont décidé de construire, nombreuse, très nombreuse, à rebours des moeurs qui se développent autour d'eux quand ils unissent leurs destin et mettent en oeuvre leur projet à la fin des années soixante. La grande maison, un enfant arrive, puis deux, puis quatre, la maison, épicentre de la félicité familiale, se remplit à chaque fête de la famille étendue.
Une fêlure, pourtant, dès le départ, que personne ne veut voir : Harriet, épuisée, ne peut se passer d'aide.
Puis arrive la cinquième grossesse. Là, le roman ne fait pas que basculer dans une tension irrésistible: il remet en cause tous les postulats de départ et questionne en profondeur le rapport à la normalité sociale, les fondements de l'amour maternel, et même l'essence de l'humanité.
Un exercice littéraire terrifiant et prodigieux!
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Harriet et David travaillent dans la même société, elle est graphiste et lui architecte. Ils s'aiment, décident de se marier et se promettent d'avoir beaucoup d'enfants.

Pour accueillir leur future grande famille, leur choix s'est arrêté sur une immense bâtisse dans la banlieue de Londres. Rapidement les grossesses se succèdent dans une maison joyeuse toujours pleine, les fêtes de famille réunissant les parents ainsi que frères et soeurs du couple, chacun attiré par l'harmonie qui y règne. La naissance de Ben, le cinquième enfant, arrivé trop vite après la dernière naissance, fait basculer la vie de tous dans un malaise aussi puissant qu'indéfinissable. Déclaré normal par les médecins, Ben ne ressemble pas à un bébé classique et allie une force inouïe à une grande violence, d'ailleurs sa mère ne peut s'empêcher de le comparer à un troll.

Ce roman n'est pas sans rappeler Rosemary's baby, même si Ben n'est pas l'émanation du Diable comme dans la nouvelle d'Ira Levin, il transforme la vie familiale en enfer. Avec une tension allant crescendo, le Cinquième Enfant nous plonge dans un monde d'autant plus effrayant qu'il est banal : celui des enfants inadaptés, mal acceptés dans une société conservatrice et individualiste où l'animalité de Ben, présente en tout homme, ne peut s'exprimer que par la violence. Une très belle fable de Doris Lessing sur le mythe de la famille parfaite.

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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Harriet et David partageaient cet instant avec eux, communiquaient avec eux par l'imagination et la mémoire, du fond de leur propre enfance : ils se voyaient clairement, deux adultes assis là, domptés, domestiqués, pitoyables même dans leur éloignement de la sauvagerie et de la liberté. (Albin Michel, 1990, p.117)
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Ils défendaient obstinément une certaine vision d'eux-mêmes, qui était la banalité et le droit à la banalité, sans pour autant avoir à subir de critiques pour leurs exigences émotionnelles et leur abstinence simplement parce que c'étaient là des qualités passées de mode.
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Ce matin-là, couchée dans le noir avant le réveil des enfants, elle avait senti des coups dans son ventre, réclamant son attention. Incrédule, elle s'était redressée à moitié pour regarder son ventre encore plat, mais mou, et avait senti le tapotement impérieux, comme un petit tambour.
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L'offrande au monde de quatre petits humains ne l'avait guère changée. Elle trônait au bout de la table, le col de son chemisier bleu largement écarté, laissant voir un peu de son sein blanc veiné de bleu, et la tête de Paul qui tétait énergiquement. Elle serrait les lèvres dans une moue caractéristique, et observait tout, : c'était là une jeune femme saine et séduisante, pleine de vie. Mais fatiguée...
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On eût dit que les tensions de sa vie l'avaient dépouillée d'une couche de chair - pas de vraie chair, mais peut-être d'une substance métaphysique et invisible, insoupçonnée jusqu'à sa disparition.
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Videos de Doris Lessing (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Doris Lessing
Chaque mois, un grand nom de la littérature française contemporaine est invité par la Bibliothèque nationale de France, le Centre national du livre et France Culture à parler de sa pratique de l'écriture. Javier Cercas, auteur de Terra Alta qui lui valut en 2019 le 68e prix Planeta, est à l'honneur de cette nouvelle séance du cycle « En lisant, en écrivant ».
QUI EST JAVIER CERCAS ? Né en 1962 à Ibahernando, dans la province de Cáceres, Javier Cercas est un écrivain et traducteur espagnol. Après des études de philologie, il enseigne la littérature à l'université de Gérone, pendant plusieurs années. En 2001, son roman Les Soldats de Salamine – sur fond de Guerre civile espagnole – remporte un succès international et reçoit les éloges, entre autres, de Mario Vargas Llosa, Doris Lessing ou Susan Sontag. Ses livres suivants, qui s'inspirent souvent d'événements historiques et de personnages ayant réellement existé, rencontrent le même accueil critique et sont couronnés de nombreux prix : Prix du livre européen (2016), Prix André Malraux (2018), Prix Planeta (2019), Prix Dialogo (2019). Son oeuvre est traduite en une vingtaine de langues. Il est également chroniqueur pour le quotidien El País.
De Javier Cercas, Actes Sud a publié : Les Soldats de Salamine (2002), À petites foulées (2004), À la vitesse de la lumière (2006), Anatomie d'un instant (2010), Les Lois de la frontière (2014, prix Méditerranée étranger 2014), L'Imposteur (2015), le Mobile (2016), le Point aveugle (2016), et le Monarque des ombres (2018). Son nouveau roman, Terra Alta, paraîtra en mai 2021.
En savoir plus sur les Masterclasses – En lisant, en écrivant : https://www.bnf.fr/fr/master-classes-litteraires
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