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Marianne Véron (Traducteur)
EAN : 9782290015384
189 pages
J'ai lu (30/03/2009)
3.42/5   115 notes
Résumé :
Ben est un être hors du commun : ce jeune homme de dix-huit ans, qui en paraît quarante par sa musculature impressionnante et sa forte pilosité, erre dans Londres, inspirant la pitié chez les uns et la répulsion chez les autres. Est-il un "primitif", un reliquat de l'homme de Néandertal ? Aussi naïf que massif, Ben a pourtant une remarquable faculté d'adaptation.
Entraîné et manipulé, Ben va devenir la proie d'un "véritable monstre", un puissant directeur de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
3,42

sur 115 notes
Le monde de Ben ou, ce serait mieux de reprendre mot à mot le titre anglais: Ben in the world, Ben dans le monde. Ben, un monstre pour certains, un homme différent pour d'autres, parcourant le monde, un monde qu'il ne comprend pas vraiment, mais qu'il ressent profondément et émotionnellement, et qui trouvera sur sa route quelques personnes secourables, toujours des femmes.

Je me suis aperçu que ce roman est la suite du roman « le cinquième enfant », que je n'ai pas lu et qui raconte l'enfance de Ben, dernier enfant terriblement différent des autres, et toutes les réactions que suscite cette différence.

L'incipit de ce roman éclaire le lecteur sur l'histoire qui va lui être racontée.
« Pendant des milliers d'années, nous nous sommes toujours raconté des légendes et des histoires, et il y a toujours eu des analogies et des métaphores, des paraboles et des allégories; elles étaient insaisissables, équivoques; elles suggéraient et égrenaient des allusions, elles s'enfuyaient dans un miroir obscur. Mais après trois siècles de roman réaliste, chez beaucoup de gens, cette partie du cerveau s'est atrophiée. »

Même si on ne partage pas cette assertion, on comprend que le propos de Doris Lessing dans ce roman n'est pas de faire « vrai », mais de faire une fable où la vraisemblance n'est pas la règle.
Et Ben, cette sorte de yéti abandonné par sa famille, homme velu et gigantesque, d'une force incroyable, amateur de viande, croquant à pleines dents les petits animaux qu'il attrape, c'est l'allégorie de l'être différent, qui fait peur à certains, mais dont la crédulité est exploitée par d'autres.
Mais Ben, c'est aussi l'être qui, malgré ces déficiences, comprend instinctivement qui est bon ou méchant, et réussit à s'en sortir surtout grâce à l'aide de femmes compatissantes, qui voient en lui l'homme et non le monstre, et de quelques hommes.
J'ai été touché par son périple de l'Angleterre à la France, puis au Brésil, de sa recherche d'amour, et de ce peuple d'humains qui « seraient comme lui », et de sa fin tragique.

L'auteure arrive parfaitement à nous rendre les sentiments de Ben et son intelligence émotionnelle. Et à nous faire comprendre l'importance qu'il y a d'accepter les êtres différents, handicapés dans la vie.
Le style est vif, alerte, ne s'embarrasse pas de digressions, mais manque un peu, à mon goût, de dimension poétique.

Je m'aperçois que j'ai lu peu de romans de cette grande écrivaine engagée, féministe tout en s'opposant à l'évolution sectaire du mouvement féministe, nobelisée bien tardivement (à 88 ans!). Et surtout peu de ses oeuvres majeures comme le carnet d'or, Les enfants de la violence, ou de ses oeuvres de science-fiction.
La lecture de ce beau livre m'incite à explorer plus avant son oeuvre.



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Ben est un être différent, une âme d'enfant coincée dans un corps qui impose et effraie, un jeune homme de 18 ans dans le corps d'un homme de 35. Ben n'est pas idiot. Doté d'une forte sensibilité il n'est pas adapté à un monde cruel qui ne sait pas intégrer ceux qui ne se fondent pas dans la masse. A moins que ce ne soit le monde qui ne soit pas adapté aux êtres différents. Pourtant Ben ne souhaite qu'une seule chose : ne pas se faire remarquer, être accepté.

Abandonné par sa famille Ben essaie de se faire une place dans une société rude prompte à profiter de celui qui ne sait pas se défendre. Ben pourrait se défendre, pourrait utiliser cette force, cette puissance physique qui en tient certains à distance, mais sa conscience le lui interdit et il fait preuve d'une capacité de maîtrise étonnante. Sa fragilité intérieure, son âme d'enfant, son intelligence différente, sa sensibilité, son contrôle de cette force qui est en lui, tout fait qu'il est à l'opposé de l'animal que certains voient en lui.

Sur sa route il y a ceux nombreux, qui se moquent de lui voyant en cet homme une bête, ceux, parfois les mêmes, qui abusent de son esprit simple pour le voler, le manipuler, ceux et celles qui le craignent et le fuient, et enfin celles (parce que ce ne sont que des femmes) qui sont touchées par ce sourire triste et qui vont tenter de l'aider sans rien en attendre en retour. Une vieille dame, une prostituée, une Brésilienne qui s'est sortie des favelas : des femmes qui connaissent la pauvreté, qui savent ce que c'est que se battre pour survivre.

La plume de Doris Lessing est magnifique. Elle nous fait ressentir chacune des émotions qui animent Ben, en faisant un être extrêmement attachant, doué d'une intelligence émotionnelle. Dans la seconde partie le récit est porté par son entourage. On partage alors aussi les pensées de quelques personnages qui vont marquer son parcours, leurs interrogations sur cet être hors norme.

Un court roman qui nous parle de la différence, de la difficulté d'être pour celui ou celle qui en souffre. Doris Lessing réussit à nous faire partager le mal-être de Ben, à nous faire ressentir au plus profond de nous toute l'étendue de son désarroi. Au travers de l'histoire de Ben elle nous amène à réfléchir à la façon dont notre société se comporte vis-à-vis de la différence, quelle que soit la forme qu'elle prend, et sur le regard que chacun d'entre nous porte sur elle.
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Ce roman est la suite de le Cinquième Enfant que je n'ai pas lu mais qui peut se lire séparément.

Ben, c'est ce cinquième enfant, on comprend qu'il a été rejeté par sa famille et qu'il erre maintenant dans la ville de Londres. Ben est un être différent, vraiment différent, de par sa taille et sa carrure d'abord, c'est un costaud avec des épaules impressionnantes. de plus, il a un système pileux très développé qui intrigue et répugne, mais surtout Ben a l'âge mental et les réactions d'un enfant. Il a un esprit d'enfant dans le corps d'un homme qui a l'air d'avoir 35 ans. Ben perçoit différemment le monde, il le comprend de façon très partielle et tout l'effraie.
Comme il semble seul, perdu, abandonné des siens et des institutions, il tombe souvent aux mains de gens qui n'ont pas toujours des intentions honnêtes ou bienveillantes.

Le point fort de Doris Lessing dans ce roman est de nous faire ressentir le monde tel que Ben le perçoit avec son syndrome qui pourrait ressembler à une forme d'autisme. On comprend l'angoisse de ne pas comprendre ce qui l'entoure et la peur que cela génère, la sensation d'être agressé en permanence par le bruit, la lumière, les gens et les machines. Un monde violent où les autres le rejettent ou espèrent l'exploiter.

C'est bien sûr un roman sur la différence et son accueil dans la société en général, mais je dois dire qu'il m'a laissée sur ma faim. Ce n'est vraiment pas ce que Doris Lessing a écrit de mieux et le côté un peu manichéen du livre fait qu'on a du mal à y adhérer vraiment.
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Ben a bien grandi depuis que nous l'avons laissé à la fin du livre précédent « le cinquième enfant ».
Il a maintenant 18 ans, et a quitté sa famille qu'il hait et qui le lui rend bien, la seule trouvant grâce à ses yeux est sa mère, et le premier qu'il voudrait voir mourir ou plutôt qu'il a l'intention de faire mourir est son frère Paul.
Il erre seul dans Londres et survit grâce à la bonté d'Ellen Biggs une vieille dame qui l'a découvert hagard et mourant de faim.
Puis Ben rencontrera Rita une jeune prostituée dont le protecteur va utiliser Ben à son insu pour lui faire passer de la drogue jusqu'à Nice où il l'abandonnera.
Mais une fois de plus le destin va s'en mêler et c'est Alex un réalisateur de cinéma américain qui voulant le faire tourner dans son prochain film l'emmènera cette fois jusqu'à Rio.
Rio où Ben rencontrera Teresa jeune fille pauvre issue des favelas de la ville qui se prostitue auprès de riches touristes étrangers pour nourrir sa famille.
Teresa qui réussira à extirper Ben des griffes d'un chercheur sans scrupules qui considérait ce pauvre Ben comme rien de plus qu'un animal ignorant délibérément que Ben a des sentiments, qu'il parle et qu'il est en fait non pas le yéti qu'il parait physiquement mais un être doué de sensibilité.
Un être fragile dans un monde sans aucun égard envers ceux qui sont différents.
Une fois de plus Doris Lessing ne manque pas de nous laisser nous interroger sur ce qu'est réellement cette société dite humaine qui se comporte de la pire des manières avec ceux de sa propre espèce qui ne rentrent pas dans le « moule ».
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C'est ma première incursion dans l'oeuvre de Doris Lessing et je dois avouer que je suis un peu déçue.
Ce n'est sans doute pas son meilleur livre et il est sans doute préférable d'avoir lu "Le 5ème enfant" avant. Mais quoi qu'il en soit, le livre devrait se suffire à lui-même et il m'a laissé sur ma faim.
Je ne me suis pas ennuyée mais je n'ai pas été emportée non plus. le personnage de Ben, dont le destin tragique devrait émouvoir, m'a laissé indifférente. Quant aux personnages qui gravitent autour de Ben, ils manquent de subtilité et sont très caricaturaux. Je pense que c'est une volonté de l'auteure d'utiliser des personnages-archétypes, le récit prenant la forme d'une sorte de fable. Mais j'ai trouvé que la caractérisation des protagonistes était tout de même trop simpliste et le récit un peu prévisible.
Bref, je ne suis pas rentrée dans le livre, le style et les personnages ayant mis trop de distance entre moi et l'histoire.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
— Si vous pensiez que nous allions tout simplement vous donner Ben, pourquoi avez-vous envoyé des criminels ? C’étaient des criminels des rues. » Et avant qu’aucun des deux hommes ait rien pu répondre - l’Américain ne semblait pas en voir la nécessité : « Et vous avez mis Ben en cage comme un animal, sans vêtements.
— Je vous l’ai dit, reprit Luiz Machado. Cela n’a rien à voir avec notre institut. Mais c’était visiblement un malentendu. »
Teresa dit : « Je crois que le malentendu, c’est que vous ne vous attendiez pas à ce que nous le retrouvions comme ça. »
Là Luiz acquiesça, reconnaissant qu’elle avait raison, et aussi qu’il était impressionné par la façon dont elle se défendait : elle savait - devait savoir par Inez - l’homme important qu’il était.
Et maintenant Stephen Gaumlach parla, comme s’il n’avait rien entendu de leur discussion. « Vous ne pouvez pas le garder. Vous ne comprenez pas, hein ?
— Je sais que vous le voulez pour vos expériences. J’ai vu de mes propres yeux... » Et elle désigna ses yeux de ses deux index.
Il se pencha vers elle par-dessus la table, poings serrés, le teint violacé de rage. « Ce... spécimen pourrait répondre à des questions, des questions importantes, importantes pour la science... la science mondiale. Il pourrait changer ce que nous savons de l’histoire humaine. »
Alors Teresa se sentit attaquée de front, dans son grand respect pour la connaissance et l'éducation ; ce domaine, telle une fenêtre s’ouvrant sur un ciel inconnu, où elle aurait pu s’incliner et vénérer - et elle fondit en larmes. Elle se dit, furieuse, qu’elle était fatiguée et que c’était pour cela qu’elle pleurait, mais elle savait la vérité. Quant à Luiz, il crut que cette fille ignorante était effrayée parce qu’elle défiait l’autorité, et que cela allait lui causer de graves ennuis. Connaissant le Pr Gaumlach comme il le connaissait – et il ne l’aimait guère – , il voyait Teresa comme une souris qui aurait décidé de se dresser sur ses pattes de derrière et de menacer un chat.
Quant au professeur, il était irrité de voir Teresa pleurer.
Les deux hommes la croyaient vaincue : il y avait bien des choses dont elle aurait pu les accuser et elle ne l’avait pas fait - ils avaient violé les lois d’une manière qui aurait pu avoir de graves conséquences. Mais ce n’étaient pas des calculs d’ordre juridique qui lui firent dire ce qu'elle dit alors. Ce fut le visage haineux et menaçant qui lui faisait face, ces yeux empreints d’une rage froide, tandis que dans sa tête elle voyait Ben nu dans la cage et hurlant à la mort, elle voyait la chatte blanche, avec les excréments qui tombaient sur son pelage depuis la cage du dessus. Elle dit en portugais : « Voce e gente ruim. » S’il ne comprit pas ses paroles, l’Américain entendit fort bien la haine dans sa voix. Puis elle dit en anglais : « Vous êtes de mauvaises gens. Vous êtes une mauvaise personne. »
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La première fois qu'elle l'avait vu nu, elle s'était dit : Oh là là ! Ce n'est pas humain. Ce n'était pas tant qu'il était velu, mais sa façon de se tenir, ses grosses épaules courbées - avec ce torse comme une barrique -, les poings ballants, les pieds écartés... Elle n'avait jamais rien vu de pareil. Et puis il y avait ces grognements, aboiements ou rugissements, quand il jouissait, les gémissements dans son sommeil - pourtant, s'il n'était pas humain, qu'était--il ? "Un animal humain, concluait-elle, et puis elle plaisantait intérieurement : Bah, nous le sommes tous un peu, non ? "
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Alex regardait ce type découragé le suivre et ressentit un doute, une véritable appréhension. Il lui aurait bien donné une solide claque sur l’épaule, « Ça va aller, Ben, tu verras », mais la veille, en lui donnant une tape amicale, comme il aurait fait à un copain, en Amérique, il avait vu ses yeux verts se convulser, frémir de rage, et ses poings... Alex ne savait pas qu’il avait bel et bien failli se faire écraser par ces énormes bras, avec ces dents plantées dans son cou. Mais il savait tout de même que ça avait été un moment dangereux.
A cause de la rage, Ben avait vu rouge, littéralement, et ses poings s’étaient remplis de meurtre - il avait réussi de justesse à maîtriser cet élan dangereux, à se retenir. Il ne fallait jamais donner libre cours à cette rage, il le savait, mais quand Alex l’avait frappé... le chagrin qui s’était intensifié en lui depuis qu’il avait appris la disparition de la vieille dame, et aussi de Johnston et de Rita, avait la rage pour partenaire. Il savait à peine s’il voulait hurler et geindre de souffrance, ou se déchaîner et tuer.
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Teresa passa son bras autour de Ben, dont le torse puissant se soulevait, émettant des grondements. Elle devinait les gémissements qui allaient - elle en était certaine - suivre, et provoquer une réaction chez ce policier - le visage de ce dernier cesserait d'être scandalisé, inquiet, pour devenir cruel.
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Ben resta muet. Tout son être était sur le qui-vive, flairant un danger. Il regrettait d'être venu dans cet endroit, qui pouvait refermer ses murs sur lui. Il écoutait les bruits du dehors, dont la normalité le rassurait. Des pigeons conversaient dans un platane, et il était avec eux, et il les imaginait agrippant les brindilles de leurs pattes roses qu'il pouvait sentir se resserrer sur son propre doigt; ils étaient heureux, le dos au soleil.
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Vidéo de Doris Lessing
Chaque mois, un grand nom de la littérature française contemporaine est invité par la Bibliothèque nationale de France, le Centre national du livre et France Culture à parler de sa pratique de l'écriture. Javier Cercas, auteur de Terra Alta qui lui valut en 2019 le 68e prix Planeta, est à l'honneur de cette nouvelle séance du cycle « En lisant, en écrivant ».
QUI EST JAVIER CERCAS ? Né en 1962 à Ibahernando, dans la province de Cáceres, Javier Cercas est un écrivain et traducteur espagnol. Après des études de philologie, il enseigne la littérature à l'université de Gérone, pendant plusieurs années. En 2001, son roman Les Soldats de Salamine – sur fond de Guerre civile espagnole – remporte un succès international et reçoit les éloges, entre autres, de Mario Vargas Llosa, Doris Lessing ou Susan Sontag. Ses livres suivants, qui s'inspirent souvent d'événements historiques et de personnages ayant réellement existé, rencontrent le même accueil critique et sont couronnés de nombreux prix : Prix du livre européen (2016), Prix André Malraux (2018), Prix Planeta (2019), Prix Dialogo (2019). Son oeuvre est traduite en une vingtaine de langues. Il est également chroniqueur pour le quotidien El País.
De Javier Cercas, Actes Sud a publié : Les Soldats de Salamine (2002), À petites foulées (2004), À la vitesse de la lumière (2006), Anatomie d'un instant (2010), Les Lois de la frontière (2014, prix Méditerranée étranger 2014), L'Imposteur (2015), le Mobile (2016), le Point aveugle (2016), et le Monarque des ombres (2018). Son nouveau roman, Terra Alta, paraîtra en mai 2021.
En savoir plus sur les Masterclasses – En lisant, en écrivant : https://www.bnf.fr/fr/master-classes-litteraires
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