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Maupassant : Contes tome 3 sur 16

Louis Forestier (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253006770
157 pages
Le Livre de Poche (01/07/1979)
3.9/5   1827 notes
Résumé :
Des récits pour les soirées de chasse, après les longues marches, l'attente et la fatigue du jour.Histoires de la campagne, cette Normandie natale que l'auteur évoque avec une tendresse narquoise et la hantise du plaisir vif

Paysans rusés, fermiers misérables, chasseurs bons vivants, à travers cette galerie de personnages solidement campés, ces contes du terroir normand disent un réel saisissant d'humanité, en mêlant tous les registres, du comique au ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (132) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 1827 notes
Progéniture vicieuse, pingrerie, cruauté, couardise, adultère, fanfaronnade et autres qualités humaines...
Guy de Maupassant n'est décidément jamais tendre avec le genre humain. Au fil de ces contes, présentés à la manières d'histoires qu'on se raconterait le soir autour d'un repas plantureux et d'une bonne bouteille (ainsi "La bécasse" qui ouvre le recueil est plus une introduction qu'une nouvelle), vous lirez les mille petits vices, cachés ou ostensibles dont l'auteur aimait à allonger la liste et à brosser le portrait.
Balourdise, jeu de dupe, et aventures galantes dans "Ce cochon de Morin"; douleur, cruauté et dommage de guerre collatéral dans "La folle"; avarice maladive et mesquinerie dans "Pierrot"; nostalgie dans "Menuet"; angoisse dans "La peur"; mauvais goût et orgueil mal placé dans "Farce normande"; naïveté et abus de pouvoir dans "Les sabots"; snobisme, mépris, égoïsme et fidélité tellement poignante qu'elle en devient maladive dans "La rempailleuse"; rudesse, avarice et insensibilité dans "En mer"; insolite exploitation de la crédulité dans "Un normand"; règlement de comptes posthumes dans "Le testament"; pauvreté, mesquinerie et immoralité dans "Aux champs"; manipulation et pêché d'orgueil dans "Un coq chanta"; adultère et conséquences dans "Un fils"; mépris et dommage de guerre collatéral dans "Saint-Antoine" et enfin, toute l'ironie et le caustique dont est capable Maupassant pour dénoncer la couardise dans "L'aventure de Walter Schnaffs".

Si je devais vous en conseiller certaines, mes faveurs iraient à "Pierrot", "La rempailleuse", "En mer", "Aux champs" et "Saint-Antoine" mais c'est bien sûr très subjectif.
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J'ai passé de très bons moments de lecture avec ces "Contes de la bécasse" dont la première nouvelle au titre presque éponyme constitue l'introduction.
Je confirme mon sentiment que Guy de Maupassant avait un réel talent pour les histoires courtes, il faut vraiment du génie pour faire passer autant de sentiments ou d'émotions en si peu de mots, c'est impressionnant.
Je crois que j'ai préféré ce recueil au premier que j'ai lu (Les contes du jour et de la nuit), là encore il y en aura pour tous les goûts, tantôt drôle ou triste, saluant tantôt la grandeur d'âme ou dénonçant les travers et ce qu'il y a de plus vil dans la nature humaine.
J'ai souri en lisant la "Farce normande", été ému avec "La rempailleuse" ou "Le testament", stupéfait avec "En mer" ou "Un fils", ces cinq nouvelles étant celles que j'ai préférées, mais je les ais toutes appréciées.
Je vais continuer à explorer l'oeuvre prolifique de Guy de Maupassant, ça se lit si bien !
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Le vieux baron des Ravots, grand amateur de chasse, organise des diners auxquels il convie ses compagnons chasseurs. Seront servies les bécasses issues de la chasse et un rituel désigne l'heureux convive qui pourra déguster les têtes de ces oiseaux. le sort l'ayant désigné, l'heureux élu doit raconter une histoire à l'assemblée présente. C'est là le fil conducteur de ce recueil de nouvelles.

Un recueil d'histoires captivantes, qui ressemblent à celle que les anciens pouvaient se raconter au coin du feu, à la recherche de la sensation forte, de la peur qui épice les histoires, des dernières nouvelles d'autrui, d'un certain commérage, du constat des défauts de nos pairs… Ces nouvelles s'inscrivent dans le mouvement du réalisme qui exige une description des individus regroupés en classes sociales, les mettant en scène et décrivant leur quotidien, incluant dans les dialogues, leur dialecte lorsqu'il s'agit de personnes issues des classes ouvrières. Les contes de la bécasse mettent en évidence les travers de la société, les grivoiseries des hommes, les défauts des uns et des autres, les croyances, la folie.

A titre d'exemple, l'un des premiers récit, Pierrot, met en avant l'avarice et la cruauté des individus,

La peur montre les superstitions et la folie qui s'empare d'une famille, on peut y voir une présence active de l'auteur qui, atteint de syphilis, transmet ses hallucinations aux lecteurs. Cette histoire n'est pas sans rappeler le Horla, cette longue nouvelle décrivant un individu qui sombre dans la démence.

Un Normand, un fils, les sabots semblent bien dénoncer la condition de la femme soumise à la volonté masculine.

Mais Maupassant ne se contente pas de décrire, on le sent omniprésent dans ses écrits. Il suffit de consulter sa biographie pour comprendre. La nouvelle, un fils, peut être considérée comme quasi autobiographique puisqu'elle rappelle les enfants que l'écrivain n'a jamais voulu reconnaître.

La dernière nouvelle, l'aventure de Walter schnaffs, est une dénonciation de la guerre qui dégrade et avilit l'homme.

Mais ces considérations littéraires ne sont pas indispensables à la lecture, on peut découvrir les nouvelles avec la curiosité d'une personne qui écoute des contes, chacune d'elles renfermant un suspens de courte durée, sachant que le dénouement est proche, des nouvelles tantôt angoissantes, tantôt comiques ou encore attristantes voire révoltantes.

J'ai choisi de lire ce recueil De Maupassant parce que mon professeur de français nous avait demandé de la lire et que je n'ai pas dû beaucoup l'ouvrir à l'époque. Je me rattrape donc plusieurs dizaines d'années après. Mieux vaut tard que jamais !

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Avec une ironie mordante, Maupassant nous décrit en 17 nouvelles les travers de la société normande pourtant si chère à son coeur.

Tout y passe avec un humour noir, acide, sous l'oeil acéré de l'écrivain : la cupidité, l'avarice, l'orgueil, la bêtise, la débauche, l'ingratitude, la vantardise.

Et règne en maître la cruauté et l'injustice.
Sous ses dehors sardoniques, Maupassant juge durement ses contemporains et nous dévoile leurs aspects les plus sombres.

J'ai apprécié qu'il mette dans la bouche des paysans le jargon savoureux de ceux-ci. Exemple : " Ca s'rait p't-etre bon,c'te place chez maitr' Omont, vu que le v'là veuf, que sa bru l'aime pas, qu'il est seul et qu'il a d'quoi. J'ferions p't-être ben d'y envoyer Adélaïde" ( Les sabots)

Il n'empêche que cette cruauté , cette lâcheté sont parfois difficile à supporter.

Les nouvelles qui m'ont le plus touchée sont "la folle", une pauvre femme qui a perdu, en un seul mois, son père, son mari et son enfant nouveau-né.
Foudroyée par le chagrin, elle s'alite, muette, et refuse désormais de se lever jusqu'à ce que les Prussiens la jettent sur son matelas, dans la neige des bois où les loups la dévoreront. "Pierrot est une des plus tristes et sinistres de ce recueil. Une femme avare, lasse de dépenser ses sous à nourrir son chien, le précipite dans une marnière où la pauvre bête va mourir de faim puis dévorée par un autre chien plus fort que lui. Et puis "la rempailleuse", l'histoire d'un amour fou de cette femme pour un homme qui ne l'aime pas mais profite d'elle qui lui donne puis lui lègue tout son argent.

Fou, Maupassant ? Pas tant que ça mais lucide et pessimiste assurément !
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UNE CHASSE À L'HUMANITÉ.

Il en est de certains auteurs comme de vos meilleurs et vrais amis : quand bien même vous pourriez passer des heures, parfois plus encore, ensemble, la vie n'a souvent de cesse de vous séparer, de rentre difficultueuses les retrouvailles, alors vous vous contentez, de loin en loin, d'un petit mot rapide mais tendre, de l'examen des souvenirs heureux, du bonheur inégalable de savoir que, malgré l'impérieuse absence, quelque chose de lui demeure ancré au plus profond de votre âme. Assurément en va-t-il ainsi de la fréquentation de ce cher Guy de Maupassant que votre humble chroniqueur dévora en son adolescence, après être tombé en émoi, c'est certainement l'âge ad hoc, à la lecture du Horla. Au cours des années qui suivirent, ce furent tour à tour Bel -Ami, Une vie, romans incontournables, mais aussi, bien sûr a-t-on envie d'ajouter, un nombre considérable de ses recueils de nouvelles tour à tour réalistes, coquins, critiques, drolatiques, mélancoliques, tristes, satyriques, etc, parmi lesquels La maison Tellier, le rosier de Madame Husson, Boule de Suif, Mademoiselle Fifi ainsi que quelques autres plus ou moins connus. En revanche, avouons-le, l'un de ses recueils les plus célèbres - souvent considéré, à assez juste titre, comme l'un de ses plus aboutis, ces fameux Contes de la bécasse, avaient échappé à notre antique appétit pour l'écrivain normand. Voilà un oubli enfin réparé et, osons l'avouer dès à présent, ce fut un pur et enthousiasment régal !

Les Contes de la bécasse (1883) sont le troisième recueil de nouvelles de Guy de Maupassant (1850-1893), succédant à La Maison Tellier (1881) et Mademoiselle Fifi (1882). Alors âgé de trente-trois ans, Maupassant est un auteur célébré, adulé même de ce fameux "Tout-Paris" qui fait et défait aussi vite les modes et les gloires du moment, dont les nouvelles paraissent régulièrement dans de nombreux journaux - Le Figaro, le Journal, le Gaulois, Gil Blas, etc - passage alors obligé pour tout écrivain désirant se faire lire et atteindre à l'éventuelle notoriété. À l'exception de deux contes (« Saint Antoine » et « L'Aventure de Walter Schnaffs », écrits et ajoutés in extremis afin de « grossir » le volume, lequel devait atteindre, bon an, mal an, les 300 pages), les quinze autres ont tous déjà paru, du 19 avril 1882 au 11 avril 1883, dans des quotidiens, le Gaulois - journal mondain d'obédience monarchiste mais relativement ouvert, excepté dans le domaine de la morale - et le Gil Blas - bien plus audacieux que le précédent sur le plan des moeurs... On parlerait aujourd'hui d'érotisme voire de pornographie - et qui, de tous, correspondait certainement le mieux à la sensualité, l'amour des plaisirs, le goût pour la vie De Maupassant. Un contrat est signé avec les éditeurs Rouveyre et Blond en 1883 – la même année où l'éditeur Havard met sous presse le roman Une vie, paru lui aussi déjà en feuilleton dans le Gil Blas. Pour Maupassant, il s'agit tout d'abord d'une opération commerciale. C'est d'ailleurs lui-même qui dresse la liste des personnes auxquelles il faut envoyer les Contes de la bécasse – chaque conte étant dédicacé à une personnalité différente : l'écrivain Joris-Karl Huysmans, le critique Paul Bourget, le futur auteur du Journal d'une femme de chambre Octave Mirbeau, mais aussi nombre de ses amis des représentations de À la feuille de Rose, des fameuses Soirées de Médan organisées chez Emile Zola, ou autres amoureux de canotage que Maupassant, personnage de chair et de muscle s'il en fut, pratiqua avec moulte ferveur... Des noms souvent oubliés aujourd'hui mais qui purent avoir leur importance en leurs temps.

Toutefois, est-ce à cause du titre lui-même, qui, contrairement aux précédents volumes, ne reprend pas directement celui d'une nouvelle ? Est-ce le prière d'insérer qu'il écrit de sa main, précisant notamment : « Ce qui distingue particulièrement ce dernier ouvrage de l'auteur de la Maison Tellier et d'Une vie, c'est la gaieté, l'ironie amusante » ? Toujours est-il que l'accueil de la critique n'est guère enthousiaste (deux articles dans le Gaulois et dans le Siècle, puis un autre, mitigé, de Jules Lemaître dans La Revue bleue, en novembre 1884). le public, lui, ne s'y trompe pas, qui fait un vrai succès au livre : on compte sept réimpressions dès la première année. En 1887, Rouveyre et Blond ayant fait faillite, Havard réédite les Contes de la bécasse. le titre lui déplaisant, il voulut le changer. Maupassant s'y opposa : « C'est une supercherie peu digne qui sent la réclame de mauvais aloi. »

Il faut dire que les nouvelles présentes ici sont unanimement d'une parfaite qualité d'écriture (de ce style sobre, direct et efficace dont Maupassant, ayant bien retenu la leçon de son maître Flaubert, sera le chantre), parfaites de composition, mais aussi d'une profondeur - parfois camouflée derrière un ton agreste, gentiment paillard, sensuel ou ironique - bien plus sombre, sévère, désespérée parfois, qu'il pourrait y paraître à la première lecture. Hubert Juin, préfacier d'une énième publication de ce titre aux éditions Folio en fait même un ouvrage d'importance majeure chez l'auteur amoureux des falaises d'Étretat. Voici d'ailleurs ce qu'il en conclu, après avoir fait le tour, magistralement, des thématiques et traitement divers abordés par Maupassant dans ces contes :

«Ce livre-ci est un carrefour. Après la parution des Contes de la Bécasse, Guy de Maupassant ne sera plus jamais le même. Ceci est un seuil : dès qu'il l'aura passé, les fantômes viendront à sa rencontre. L'homme à la forte carrure entrera dans les songeries où règnent en maîtres les fantasmes. La mort sera au terme, dans ses habits de jeune fille. le rire des Contes de la Bécasse grimace par avance.
Mais nous savons aujourd'hui que leur auteur était démesurément blessé. Et dès ce temps de 1883, alors que la campagne normande souriait au soleil, de sa gouaille, de sa verdure, et de ses femmes.»

Guy de Maupassant décédera dix années plus tard, exactement, de ses excès, de la maladie terrible en ces temps-là qui le dévora de l'intérieur (la syphilis), des drogues qui lui permirent, un temps, de moins souffrir mais qui l'emmenèrent, plus vite encore, au seuil de la folie et de la mort. Bien qu'il n'y ait encore que très peu de cette fin terrible dans ces magnifiques Contes de la Bécasse, on en pressent toutefois l'assurance future à travers ce regard aussi souvent cru que cruel à l'égard de ses contemporains - ce qui n'empêche pas une certaine manière de tendresse pour ses personnages de papier, croqués en quelques traits de plume, à l'instar des impressionnistes, alors en devenir, qui peignirent de quelques coups de pinceau plus vifs suggestifs qu'exacts l'intériorité de leurs modèles, bien plus assurément que ne le purent faire les peintres académiques de ces mêmes années. Qu'il évoque la lâcheté, l'avarice, la bêtise, la peur, la rancune, la guerre (les deux nouvelles, un peu "hors-champ" qui traitent de la guerre de 1870, qui marquera tant l'auteur, sont de pures merveilles), la jalousie, la mort, l'ingratitude : Maupassant voit toujours juste qui manie cette ironie froide d'avec un pessimisme tour à tour jovial, satyrique ou glaçant, presque toujours emprunt de fatalité mais sans jamais en faire une critique sociale dogmatique ni une quelconque dissertation à l'usage de la moindre idéologie. Ses personnages, les milieux sociaux évoqués sont d'ailleurs trop divers et antagonistes, viennent de trop d'horizons dissemblables, pour pouvoir servir le moindre discours clé en main. Un siècle et demi plus loin, le lecteur savoure à l'envie cette voix unique, cette vivacité faite phrase, cet incroyable chasse à l'humanité - celle qui l'entourait tout autant que la sienne propre - qui fait de Guy de Maupassant l'un des plus grands nouvellistes que la littérature a jamais portée au pinacle, l'un des plus justes croqueurs d'âme et de chair qui fût.
Une fois n'est pas coutume : quelques trente années après une première découverte, votre humble chroniqueur en redemande !
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Citations et extraits (125) Voir plus Ajouter une citation
Ma mère, Mme de Courlis, était une pauvre petite femme timide, que son mari avait épousé pour sa fortune. Toute sa vie fut un martyre. D'âme aimante, craintive, délicate, elle fut rudoyée sans répit par celui qui aurait du être mon père, un de ces rustres qu'on appelle des gentilshommes campagnards.
Au bout d'un mois de mariage, il vivait avec une servante. Il eut en outre pour maîtresses les femmes et filles de ses fermiers ; ce qui ne l'empêcha point d'avoir deux enfants de sa femme ; on devrait compter trois, en me comprenant. Ma mère ne disait rien ; elle vivait dans cette maison toujours bruyante comme ces petites souris qui glissent sous les meubles. Effacée, disparue, frémissante, elle regardait les gens de ses yeux inquiets et clairs, toujours mobiles, des yeux d'être effaré que la peur ne quitte pas.
(Dans "Le testament")
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... le père, un vieux petit paysan sec et ridé, s'assit devant la table, pendant que sa femme décrochait la marmite et que sa fille Adélaïde prenait dans le buffet les verres et les assiettes, et il dit : « Ça s'rait p'têtre bon, c'te place chez maîtr' Omont, vu que le v'là veuf, que sa bru l'aime pas, qu'il est seul et qu'il a d'quoi. J'ferions p'têtre ben d'y envoyer Adélaïde. »
[...]
L'homme reprit : « Il a d'quoi, pour sûr. Mais qu'il faudrait être dégourdi et qu'Adélaïde l'est pas un brin. »
La femme alors articula : « J'pourrions voir tout d'même. » Puis, se tournant vers sa fille, une gaillarde à l'air niais, aux cheveux jaunes, aux grosses joues rouges comme la peau des pommes, elle cria : « T'entends, grande bête. T'iras chez maît' Omont t'proposer comme servante, et tu f'ras tout c'qu'il te commandera. »
La fille se mit à rire sottement sans répondre. Puis tous trois commencèrent à manger.
Au bout de dix minutes, le père reprit : « Écoute un mot, la fille, et tâche d'n' point te mettre en défaut sur ce que j'vas te dire... »
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Elles allaient à grands pas, comme des maraudeuses, à travers la plaine. Bientôt elles aperçurent la marnière et l'atteignirent, Mme Lefèvre se pencha pour écouter si aucune bête ne gémissait. - Non - il n'y en avait pas; Pierrot serait seul. Alors Rose qui pleurait, l'embrassa, puis le lança dans le trou; et elles se penchèrent toutes deux, l'oreille tendue.
Elles entendirent d'abord un bruit sourd; puis la plainte aiguë, déchirante, d'une bête blessée, puis une succession de petits cris de douleur, puis des appels désespérés, des supplications de chien qui implorait, la tête levée vers l'ouverture.
Il jappait, oh ! il jappait !
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La nuit vint deux heures plus tôt, tant le ciel était sombre. J’avais pour guide un paysan qui marchait à mon côté, par un tout petit chemin, sous une voûte de sapins dont le vent déchaîné tirait des hurlements. Entre les cimes, je voyais courir les nuages en déroute, des nuages éperdus qui semblaient fuir devant une épouvante. Parfois, sous une immense rafale, toute la forêt s’inclinait dans le même sens avec un gémissement de souffrance ; et le froid m’envahissait, malgré mon pas rapide et mon lourd vêtement. Mon guide, par moments, levait les yeux et murmurait : « Triste temps ! » Les ténèbres étaient profondes. Je ne voyais rien autour de moi et toutes les branches entrechoquées emplissaient la nuit d’une rumeur incessante.
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Et soudain je compris, je devinais tout. Ils [les soldats prussiens] l'avaient abandonnée [une vieille folle] sur ce matelas, dans la forêt froide et déserte ; et, fidèle à son idée fixe, elle s'était laissée mourir sous l'épais et léger duvet des neiges et sans remuer le bras ou la jambe.
Puis les loups l'avaient dévorée.
Et les oiseaux avaient fait leur nid avec la laine de son lit déchiré.
J'ai gardé ce triste ossement. Et je fais vœux pour que nos fils ne voient plus jamais de guerre.
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