L'ouvrage qui m'a permis d'appréhender, de visualiser les concepts fondamentaux du structuralisme. En appliquant les notions de verticalité et d'horizontalité à la musique, à la peinture et à la littérature, le grand anthropologue m'a permis de comprendre les raisons de mes propres goûts dans ces arts.
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L'auteur fait de beaux liens entre la littérature et les autres arts, en analysant le processus créatif.
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Proust compose la sonate de Vinteuil et sa « petite phrase » à partir d’impressions ressenties en écoutant Schubert, Wagner, Franck, Saint-Saëns, Fauré. Quand il décrit la peinture d’Elstir, on ne sait jamais s’il pense plutôt à Manet, à Monet, ou bien à Patinir. Même incertitude sur l’identité des écrivains rassemblés dans le personnage de Bergotte.
Ce syncrétisme étranger au temps va de pair avec un autre, qui convoque et confond dans le moment présent des événements ou incidents de dates différentes. Par ses propos, ses réflexions, le narrateur paraît avoir dans la même page tantôt huit, tantôt douze, tantôt dix-huit ans. Ainsi lors du séjour avec sa grand-mère à Balbec : « Notre vie étant si peu chronologique. »
La Recherche est faite de morceaux écrits dans des circonstances et des époques différentes. Il s’agit pour l’auteur de les disposer dans un ordre satisfaisant, je veux dire conforme à la conception qu’il se fait de la véracité, au moins dans les débuts ; mais de plus en plus difficile à respecter au fur et à mesure que la composition avance. En certaines occasions il faut travailler avec des « restes », et les disparates deviennent plus visibles. A la fin du Temps retrouvé, Proust compare son travail à celui d’une couturière qui monte une robe avec des pièces déjà découpées en forme ; ou, si la robe est trop usée, la rapièce. De la même façon, il aboute dans son livre et colle des fragments les uns aux autres « pour récréer la réalité, en emmanchant, sur le mouvement d’épaules de l’un, un mouvement de cou fait par un autre », et bâtir une seule sonate, une seule église, une seule jeune fille, avec des impressions reçues de plusieurs.
Les curieux de cuisine exotique l'ont appris en même temps que l'usage des baguettes : il faut plus de savoir-faire pour se servir d'un outil simple que le contraire ; le couteau et la fourchette furent inventés à l'intention de nos aïeux qui mangeaient grossièrement avec leurs doigts. Pour continuer dans la même veine, la musique que nous goûtons - de Mozart et Beethoven à Debussy, Ravel et Stravinski - ne nous mâche-t-elle pas la besogne ? Plus savante et compliquée, elle met hors de notre portée la compréhension technique des œuvres ; donc elle nous en dispense et nous installe dans le rôle passif, mais somme toute confortable, de récepteurs.
Lukas Bärfuss présente "Le carton de mon père – Réflexions sur l'héritage", en librairie dès le 2 février 2024.
À la mort de son père, il y a vingt-cinq ans, Lukas Bärfuss refuse l'héritage, constitué essentiellement de dettes. Il ne garde qu'un carton, rempli d'une triste paperasse. Quand, à la faveur d'un grand rangement, il l'ouvre et passe en revue ce qu'il contient, c'est toute son enfance précaire qui défile.
À la lumière de la Bible, Darwin, Claude Lévi-Strauss ou Martine Segalen, l'écrivain décortique les notions de famille et d'origine, ces obsessions dangereuses de notre civilisation. Il en profite pour évoquer les "biens jacents", ces biens sans propriétaires que sont les océans, les animaux sauvages, et surtout les déchets. Dans cet essai qui est sans doute son livre le plus personnel, Lukas Bärfuss démontre une fois encore son esprit critique acéré.
https://editionszoe.ch/livre/le-carton-de-mon-pere
Réalisation: Fran· Gremaud
Tournage réalisé dans les locaux de la HKB Berne
Avec le soutien de Pro Helvetia
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