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Anatole Muchnik (Traducteur)
EAN : 9782070341795
352 pages
Gallimard (23/08/2007)
3.89/5   249 notes
Résumé :
Quel lien entre la législation de l'avortement et la baisse de la criminalité aux États-Unis ? Quelles sont les vraies motivations des agents immobiliers ? Pourquoi les revendeurs de drogue vivent-ils plus longtemps chez leur mère ?
L'économie, vue sous cet angle, incongru en apparence, mais qui est celui de la plus sérieuse rationalité des agents, des comportements, des causes et effets, traite de sujets peu conventionnels. Elle a reçu un nom : freakonomics... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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"Freakonomics" - néologisme qu'on pourrait traduire par "L'économie saugrenue" - est porté par un bouche-à-oreille laudatif
Et il le mérite amplement
Rares sont les ouvrages de microéconomie appliquée d'une lecture aussi distrayante.
Suivant une recette typiquement anglo-saxonne, le jeune et brillant économiste Steven Levitt s'est adjoint les services du brillant - quoique vieux - journaliste au NYTimes Stephen Dubner pour rendre vivante une matière qui ne l'est pas toujours.
Steven Levitt ne s'intéresse pas aux sujets sérieux qui encombrent les revues économiques : l'inflation, les taux de change, les perspectives de croissance du PIB le font bailler d'ennui. Et nous aussi. Au contraire, cet esprit malicieux pose des questions faussement naïves sur les mille et un faits de notre quotidien : combien gagne un delaer ? pourquoi devient-on architecte plutôt que prostitué ? faut-il faire confiance aux agents immobiliers ?
Il démontre par exemple que la baisse de la criminalité enregistrée aux Etats-Unis depuis les années 90 n'a rien à voir avec le retour de la croissance ou le durcissement des peines. Il révèle, avec une provocation gourmande, qu'elle s'explique en fait .... par la légalisation de l'avortement qui a évité la naissance d'enfants non désirés qui, s'ils étaient nés, auraient eu une probablilité plus forte de devenir criminels que leurs congénères nés dans des milieux plus favorisés !
Il démontre ausi - ce qui est immensément réconfortant pour les mauvais parents que nous sommes - que les efforts déployés pour éduquer nos enfants importent moins que le patrimoine (génétique, culturel ... et financier) que nous leur léguons. Pour ce seul chapitre - sur la base duquel j'ai décidé d'aller plus souvent au cinéma que d'aider mes garçons à faire leur devoir - le livre de Levitt et Duibner mérite d'être loué !

On peut estimer que cette lecture si divertissante redonne un nouvel intérêt à une science souvent décrédibilisée par ses erreurs de prévisions. On peut aussi y trouver la confirmation de ses limites. Car, comme le souligne Levitt, si l'analyse régressive permet dans des forêts de statistiques d'isoler des corrélations, la mise à jour d'une relation de causalité elle dépasse l'analyse économique. L'économiste démontrera qu'il neige plus les jours de grand froid que de grande chaleur ; mais seul le météorologue saura déterminer si cette corrélation a un sens.
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Essai assez hétéroclite au nom un peu trompeur, puisqu'il mêle journalisme, sociologie, politique et ce qu'on appellerait sans doute du « big data » aujourd'hui, plutôt que de l'économie à proprement parler. Les auteurs s'attaquent à des questions à première vue saugrenues (« pourquoi les revendeurs de drogue vivent-ils longtemps chez leur mère ? ») et montrent comment on peut extraire des explications à partir de masse de chiffres à notre disposition.

Certaines expériences sont intéressantes, comme la détection de la triche dans les combats de sumo, ou celle des professeurs qui gonflent les résultats de leurs élèves pour obtenir les primes gouvernementales. Bref, quand le thème est très bien circonscrit, j'apprécie plutôt la démarche.

Néanmoins, les gros thèmes du livre sont bien plus politiques, notamment : la criminalité a été réduite par la légalisation de l'avortement, et l'implication des parents dans l'éducation des enfants n'a aucune importance comparée au bagage génétique de l'enfant. Ces gros sujets contiennent, eux, des erreurs de méthode assez flagrantes.

Je ne vais pas développer une critique de douze pages pour me concentrer sur un petit exemple. Amener ses enfants au musée, selon les auteurs, n'a aucune importance sur le développement intellectuel de l'enfant, puisque cette action n'augmente pas leurs résultats aux tests scolaires ; on pourrait donc les laisser devant la télévision au lieu de gâcher son dimanche après-midi. Ce fait est développé pendant de nombreux chapitres. À la toute fin de l'un d'eux cependant, on mentionne vite fait que ça peut ne plus être vrai à l'université. Et pour cause : quand on regarde bien, les tests utilisés par les auteurs sont ceux réalisés en fin de primaire, qui testent principalement les compétences en calcul et en lecture/écriture. Tout ce qu'ils ont finalement montré est qu'amener un enfant visiter un musée des beaux-arts, de science ou d'histoire, n'a aucun effet sur ses compétences en calcul mental à court terme. C'est sympathique, mais ça ne nous avance pas beaucoup, car ce n'est généralement pas le but recherché. Quel impact ont les musées ? Je ne sais pas, mais je sais que ce livre n'a en tout cas rien prouvé.

Dans l'introduction, Dubner mentionne que Levitt est un économiste qui ne parle jamais d'économie classique. Et c'est un énorme problème : parce que Levitt a été formé en économie, il maîtrise le sujet. Mais Levitt peut être un économiste brillant et Dubner un excellent journaliste, les faire travailler ensemble ne les transforme pas en un parfait binôme de criminologues ou de sociologues. Ces deux domaines sont des sciences à part entière, qui ont instauré des méthodes de travail rigoureuses pour éviter les biais et les faux résultats, que nos deux auteurs ne connaissent absolument pas. Freakonomics, malgré son air sympathique, reste donc un livre d'amateurs, dont les conclusions péremptoires sont à prendre avec énormément de pincettes.
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Dans les années 1990, les radios californiennes des campus universitaires s'emparent de « Loser », le titre du jeune Beck Hansen (qui se fera appelé plus tard Beck) :

« In the time of chimpanzees I was a monkey
Butane in my veins so I'm out to cut the junkie
With the plastic eyeballs, spray paint the vegetables
Dog food stalls with the beefcake pantyhose
Kill the headlights and put it in neutral
Stock car flamin' with a loser and the cruise control
Baby's in Reno with the vitamin D
Got a couple of couches sleep on the love seat

(…)

Soy un perdedor
I'm a loser baby, so why don't you kill me? »

En 2005, l'économiste Steven D. Levitt et le journaliste Stephen J. Dubner publient Freakonomics: A Rogue Economist Explores the Hidden Side of Everything (qui donnera Freakonomics lors de sa publication en français en 2007), vulgarisation des articles de Steven Levitt et d'autres économistes.

Quel est le rapport entre le titre de Beck et Freakonomics ? Premier rapport, avec « Loser », le premier fait preuve d'une belle créativité en mêlant hip-hop et grunge avec des paroles totalement saugrenues et barrées ; les deuxièmes développent un genre particulier *, celui de « l'économie saugrenue ». Deuxième rapport, un des sujets saugrenus traités dans Freakonomics porte sur le lien entre le choix d'un prénom et le destin de celui qui le porte et la décision de Robert Lane d'appeler respectivement deux de ses enfants, Winner et Loser*.

Une des ambitions de Levitt et Dubner est de rompre avec le qualificatif de « lugubre » associé à la science économique. Depuis les travaux de Malthus, il est de coutume de qualifier l'économie politique puis la science économique de « science lugubre » (« dismal science »). En fait, ce qualificatif a été utilisé par l'historien Thomas Carlyle dans Discours de circonstance sur la question noire (Occasional Discourse on the Negro Question, 1849) :

« Truly, my philanthropic friends, Exeter Hall Philanthropy is wonderful; and the Social Science—not a ‘gay science,' but a rueful—which finds the secret of this universe in ‘supply-and-demand,' and reduces the duty of human governors to that of letting men alone, is also wonderful. Not a ‘gay science,' I should say, like some we have heard of; no, a dreary, desolate, and indeed quite abject and distressing one; what we might call, by way of eminence, the dismal science. These two, Exeter Hall Philanthropy and the Dismal Science, led by any sacred cause of Black Emancipation, or the like, to fall in love and make a wedding of it,—will give birth to progenies and prodigies; dark extensive moon-calves, unnameable abortions, wide-coiled monstrosities, such as the world has not seen hitherto! ».

Ainsi à la « Gay science » - celle que l'on retrouve chez Nietzsche mais qui deviendra savoir dans la version française -, Carlyle opposait la « Dismal science » mais pas directement au sujet de l'économie politique puis de la science économique, ni de Malthus***.

Entouré d'une hype très forte à sa sortie - il sera suivi d'une suite et même d'un film -, le livre de Levitt et Dubner est également intéressant car il traite de sociologie avec les outils de l'économiste et constitue au final une source convaincante pour approcher la science économique de façon ludique et iconoclaste.

N'oublions pas néanmoins que Nietzsche considérait qu'une « Une chose qui convainc n'est pas vraie pour autant. Elle est seulement convaincante ».

* Je n'ai pas fait de recherche sur ce « courant » et ne sait pas si l'on ne pourrait pas trouver des pionniers bien avant Levitt et Dubner.
** http://articles.chicagotribune.com/2002-07-31/news/0207310310_1_prep-school-burglary-case-criminal-justice-system
*** De Malthus, dans la dixième partie de Chartism (1839), Carlyle écrivait « The controversies on Malthus and the 'Population Principle,' 'Preventive check' and so forth, with which the public ear has been deafened for a long while, are indeed sufficiently mournful. Dreary, stolid, dismal, without hope for this world or the next, is all that of the preventive check and the denial of the preventive check. »
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Ce livre d'économie se lit comme un roman! Il est drôle, passionnant, il apprend à se poser les bonnes questions et à regarder les choses autrement à la lumière de l'analyse des statistiques notamment.
Il donne envie de faire de l'économie, mais attention à la déception, ce n'est pas toujours aussi amusant et intéressant que dans Freakonomics!
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Livre plutôt décevant relativement à la promesse alléchante de sa 4e de couverture d'aller creuser des sujets économiques croustillants pour en tirer des analyses à contre-courant.

En dehors de quelques sujets originaux (enquête statistique sur la triche dans le milieu des Sumos, professeurs qui améliorent les notes des élèves aux examens, comptabilité d'un lieu de deal de drogue), le reste n'a peu d'intérêt.

Le livre devait paraître original à l'époque, mais, plusieurs années plus tard, l'approche me semble totalement insuffisante et dépassée ("tout ça pour ça" me suis-je dit). En gros, ils utilisent le Big Data pour cruncher/analyser et faire ressortir des corrélations insoupçonnées. Sur 2-3 petits exemples sur un livre de 300 pages, ça fait peu. Certains chapitres n'ont aucun intérêt particulier (secte, éducation parentale, prénoms, etc.).

Sans parler du fait que les auteurs se permettent souvent des commentaires ou jugements personnels, sans argument ou justification fiable, qui détonnent par leur écart à la réalité et à ce qui a été depuis établi comme des avis scientifiques (ex : la TV n'aurait aucun impact sur l'éducation des enfants...ce qui est totalement erroné).

Bref, grosse déception, lecture poussive, je voulais lire la suite mais a priori le Tome 2 est pire, donc ça sera sans moi.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Tous réagissaient en fait aux très fortes implications des travaux de Levitt : malgré la grande part de faux-semblants, d'opacité et de pure escroquerie qu'il comporte, le monde moderne n'est pas impénétrable, il n'est pas incompréhensible, et- pour peu que l'on pose les bonnes questions- il est même plus captivant qu'on ne le croit. Il suffit d'y porter un nouveau regard.
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Dans l'univers des rencontres sur internet, une chevelure blonde vaut à peu près autant pour la femme qu'un diplôme universitaire. Entre une décoloration à 100 dollars et un cursus universitaire avoisinant les 100000 dollars, le calcul est vite fait.
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En sachant lire les données avec pertinence, vous serez en mesure d'expliquer certaines choses qui vous auraient autrefois semblé inexplicables. Rien ne vaut la force brute des chiffres pour décaper des couches entières de confusion et de contradictions.
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Yes we can!

La sagesse populaire se trompe souvent. La criminalité n’a pas augmenté dans les années 90, l’argent ne suffit pas à remporter les élections et – ô surprise – il n’a jamais été prouvé que boire huit verres d’eau par jour soit bénéfique pour la santé. Bien que la sagesse populaire s’appuie souvent sur des fondements inconsistants, il est extrêmement difficile d’y résister. Mais c’est toutefois possible.
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Et si en plus nos idées deviennent brillantes…

Voir les choses sous ce prisme améliorera-t-il votre quotidien d’un point de vue matériel? Probablement pas.[...] Vous montrerez certainement davantage de scepticisme face à la sagesse populaire; vous commencerez à flairer les indices témoignant que les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent; vous débusquerez quelque filon de données que vous éplucherez, en déployant force intellectuelle et intuition, pour en tirer telle ou telle conclusion brillante.
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Video de Steven D. Levitt (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Steven D. Levitt
Conférence de Steven D. Levitt au TEDx ou pourquoi les ceintures de sécurité ne sont pas efficaces pour réduire les accidents de voiture.
>Sciences sociales : généralités>Culture et normes de comportement>Comportements économiques (131)
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