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Critique de YvesParis


"Freakonomics" - néologisme qu'on pourrait traduire par "L'économie saugrenue" - est porté par un bouche-à-oreille laudatif
Et il le mérite amplement
Rares sont les ouvrages de microéconomie appliquée d'une lecture aussi distrayante.
Suivant une recette typiquement anglo-saxonne, le jeune et brillant économiste Steven Levitt s'est adjoint les services du brillant - quoique vieux - journaliste au NYTimes Stephen Dubner pour rendre vivante une matière qui ne l'est pas toujours.
Steven Levitt ne s'intéresse pas aux sujets sérieux qui encombrent les revues économiques : l'inflation, les taux de change, les perspectives de croissance du PIB le font bailler d'ennui. Et nous aussi. Au contraire, cet esprit malicieux pose des questions faussement naïves sur les mille et un faits de notre quotidien : combien gagne un delaer ? pourquoi devient-on architecte plutôt que prostitué ? faut-il faire confiance aux agents immobiliers ?
Il démontre par exemple que la baisse de la criminalité enregistrée aux Etats-Unis depuis les années 90 n'a rien à voir avec le retour de la croissance ou le durcissement des peines. Il révèle, avec une provocation gourmande, qu'elle s'explique en fait .... par la légalisation de l'avortement qui a évité la naissance d'enfants non désirés qui, s'ils étaient nés, auraient eu une probablilité plus forte de devenir criminels que leurs congénères nés dans des milieux plus favorisés !
Il démontre ausi - ce qui est immensément réconfortant pour les mauvais parents que nous sommes - que les efforts déployés pour éduquer nos enfants importent moins que le patrimoine (génétique, culturel ... et financier) que nous leur léguons. Pour ce seul chapitre - sur la base duquel j'ai décidé d'aller plus souvent au cinéma que d'aider mes garçons à faire leur devoir - le livre de Levitt et Duibner mérite d'être loué !

On peut estimer que cette lecture si divertissante redonne un nouvel intérêt à une science souvent décrédibilisée par ses erreurs de prévisions. On peut aussi y trouver la confirmation de ses limites. Car, comme le souligne Levitt, si l'analyse régressive permet dans des forêts de statistiques d'isoler des corrélations, la mise à jour d'une relation de causalité elle dépasse l'analyse économique. L'économiste démontrera qu'il neige plus les jours de grand froid que de grande chaleur ; mais seul le météorologue saura déterminer si cette corrélation a un sens.
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