Isaac lewendel nous raconte ici sa propre histoire, celle d'un enfant juif pendant la guerre et qui se retrouve seul après l'arrestation de sa mère. Sa mémoire fait revivre ce passé douloureux, dans un département qui m'est cher, j'ai donc été peut être plus sensible aux descrptions des villages et surtout aux noms évoqués et aux agissements de ces personnages sous le régime de Vichy. le travail d'historien fournit par l'auteur est remarquable, son acharnement à l'époque, pour parvenir aux archives est la source même de la qualité de son livre. la déportation des juifs comme il l'écrit, n'est pas seulement l'oeuvre de grandes décisions d'Hitler, mais elle est le fait des Bousquet, Laval et surtout, de l'armée de petites mains qui n'ont pas dit non...On découvre, à travers ce récit, que le sort des juifs n'interessait pas grand monde, pire, qu'il y avait une certaine approbation dans la persécution dont ils étaient les victimes. On découvre aussi des personnages de hautes morales qui n'ont pas hésité à risquer leur vie et celle de leur famille pour le sauver, les Brès, les Veve...Les archives en s'ouvrant peu à peu révèlent le passé tel qu'il a été non tel qu'on a voulu le dépeindre ou le masquer. Un livre poignant et indispensable pour comprendre les rouages de Vichy et de l'extermination des juifs. En conclusion l'auteur nous pose la question, brutale, froide, et nous, dans de pareilles conditions, qu'aurions nous fait, et si tout revenait, que ferions nous?
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Depuis notre mariage, en 1967, Elsa a toujours voulu m'aider à déterrer mes souvenirs. Pendant longtemps, certain de pouvoir retrouver mon passé à mon gré, je l'avais gardé enfermé dans moi-même. Mais au fil des années, j'ai commencé à oublier des choses que j'avais toujours su. Sous mes yeux, de larges fragments de souvenirs sont partis derrière moi à la dérive, mais curieusement, ce qui m'en est resté garde la précision d'une lame de rasoir, sans aucun rapport à son importance. C'est la terreur de l'oubli qui m'a poussé à écrire et Elsa qui m'a aidé à libérer les mots.
Des mois d'écriture obstinée ont provoqué des tourbillons d'émotions. J'ai pleuré et à la fois souri devant mes souvenirs dont je n'arrivais pas à m'arracher. C'était comme le truc des foulards du magicien. Chaque souvenir s'entrelaçait avec le suivant dans un torrent de couleurs à l'infini : la mémoire d'un moment particulier en libérait tout un arc-en-ciel.
Je ne me souviens plus du lendemain, le jour où ma mère n'est pas revenue au verger de cerisiers. Mais j'ai gardé la mémoire des années de dorlotement qui ont précédé cette journée fatale de Juin 1944, et je n'ai jamais oublié les quelques bonnes âmes qui m'ont protégé du pire, comme un îlot de bonté originelle au milieu d'un océan d'adversité sans horizon.
A la dernière seconde, sur le point de s'élancer vers la liberté, Michelin décide de rester avec sa mère et renonce à s'échapper. déporté à Auschwitz le 10 février 1944 en compagnie de 1500 autres juifs, Michelin fut un des 59 survivants. sa mère, par contre, ne survécut pas à l'enfer." je suis content d'avoir pu accompagner ma mère jusqu'au bout, affirme-t-il, sinon, je n'aurais jamais pu être convaincu qu'il n'y avait rien que j'aurais pu faire pour la protéger."
...Je n'ai pas beaucoup d'intérêt pour les grands monstres du nazisme. Je m'inqiète beaucoup plus de ces gens ordinaires qui firent le sale boulot dans l'ombre.