Le grand sinologue
Simon Leys s'est attiré la haine des "maoïstes mondains" français (
Sollers en tête) et de la gauche institutionnelle, qui brisèrent sa carrière en pays francophone et l'obligèrent finalement à faire profiter l'Australie et le monde anglo-saxon de ses lumières. Dans les années où il vécut, un esprit libre et lucide y rencontrait moins d'aversion et de haine que dans le milieu intellectuel français, prêt à toutes les allégeances aux dictateurs marxistes.
Cela nous vaut, dans ce petit recueil d'essais, de remarquables textes, brillants d'intelligence et de bon sens (vertu inconnue des universitaires de gauche), sur la littérature de langue anglaise :
D.H. Lawrence,
Evelyn Waugh,
R. L. Stevenson, R. H. Dana et d'autres sont évoqués et analysés par un
Simon Leys critique et traducteur. Certains essais sont traduits directement de l' anglais. La part de la Chine et de la sinologie est plus restreinte : une introduction à l'édition américaine des Analectes de
Confucius, un compte-rendu de lecture pour la New York Review of Books du magnifique "Art chinois de l'écriture" de
Jean-François Billeter, et la traduction des "Trente-trois délices de Jin Shengtan". Seuls trois textes concernent des auteurs français :
Balzac,
Malraux,
Simenon, et là encore, tout comme avec le Maoïsme et le gauchisme culturel, ou avec toute religion officielle,
Simon Leys fait preuve d'une liberté d'esprit rafraîchissante.
N'en déplaise au lecteur français, ces études de
Simon Leys révèlent qu'il doit sa lucidité et sa liberté d'esprit à son ferme ancrage dans le catholicisme, qui transparaît discrètement, parfois, au détour d'une page (voir l'essai sur
E. Waugh). Certaines fidélités aident à voir clairement que "le roi est nu" (
Les habits neufs du Président Mao) et que les idées du moment sont des idoles sans consistance.